Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
Vom Netzwerk:
battu?
    Son ton était plus admiratif qu’interrogatif. Son père n’aurait jamais fait une pareille chose. Élisabeth ne perdit pas une seule de ses pensées.
    – Te souviens-tu, Jan, du soir où trois ou quatre garçons nous ont attaqués, toi, Jerzy et moi?
    Jan avait baissé le front sur ce souvenir, se frottant les jointures des mains.
    – Mon père? Dans une bataille?
    – Et comment! Il les a tous fait tomber sur les genoux...
    – À plat ventre et sur le dos...
    – Il avait fait l’armée, ton père, et savait se battre. Tu te souviens, Jan?
    Jan ne répondit rien, se contentant de hocher la tête. Florence n’avait pas perdu un seul mot de la conversation, regardant encore les biceps de Stanislas et s’en amusant avec Nicolas en mimant sur ses bras à elle la forme de ceux de son cousin.
    Pendant que Michelle jetait les ordures, rinçait les assiettes et essuyait la glacière vide pour l’empêcher de rouiller, Jan invita son fils et son filleul à jouer à la balle. Stanislas faillit accepter mais se retint, se demandant comment il ferait pour courir sans être mal à l’aise. Jan lança donc une vieille balle de caoutchouc bleu, blanc, rouge à Nicolas, qui s’agitait en maillot, pieds nus, pour la rattraper, se chamaillant sérieusement avec un chien errant qui avait envie d’un peu de compagnie. Michelle s’assoupit finalement. Florence, elle, s’étira et enfila une sortie de bain avant de partir seule avec une boîte de conserve vide, à la recherche de têtards. Stanislas resta derrière, se cherchant encore une contenance. Il ne savait s’il devait s’intéresser au jeu de son oncle, converser avec sa tante ou se faire plaisir et regarder Florence qui, véritable prédatrice, scrutait l’eau avant d’y plonger rapidement sa boîte de conserve. Il aurait souhaité qu’Élisabeth lui parlâtde sa protégée un peu, mais sa tante, le dos appuyé contre le tronc d’un arbre, avait les yeux mi-clos. Il vit Florence revenir vers eux en courant. Elle poussa un cri, laissa échapper sa boîte et tomba assise dans l’eau, éclaboussant des personnes qui se faisaient bronzer.
    – Florence s’est blessée!
    Il courut vers elle, sans même voir que Michelle s’était réveillée en sursaut et qu’Élisabeth avait hoché la tête. Jan le rejoignit à la hâte tandis que Nicolas, le chien aux trousses, ne cessait de leur crier de l’attendre. Il arriva près de Florence qui, en larmes, se tenait un pied ensanglanté.
    – J’ai marché sur du verre.
    Stanislas s’agenouilla dans l’eau et y trempa le pied blessé.
    – Nicolas! Va demander à ta mère si on a des sparadraps.
    – Je sais qu’on n’en a pas.
    Stanislas souleva Florence dans ses bras et Jan se frotta le front pour cacher son malaise. Depuis des semaines, il voyait s’enflammer son neveu et il espérait que cette idylle à sens unique prendrait fin avant que celui-ci ne rentre au Manitoba. Il tenta de se souvenir de ses treize ans. Non, il n’avait pas encore remarqué l’existence des filles à cet âge, trop occupé à manger.
    – Tu veux que je t’aide?
    – Non, ça va. Elle ne pèse rien.
    Florence, qui ne cessait de pâlir, abandonna sa tête sur l’épaule de Stanislas, qui avait maintenant la cuisse droite maculée de sang. Il arriva enfin à leur emplacement, et demanda à Élisabeth d’étendre une couverture et à Michelle s’il y avait encore des glaçons. En deuxminutes, il avait pris la direction des opérations, sous l’œil agacé de Nicolas et inquiet d’Élisabeth.
    – Il faut la conduire à l’hôpital. Le verre est toujours dans la plaie.
    Après une brève discussion, ils décidèrent que le mieux était de l’emmener à Montréal.
    – Je pense que je pourrais peut-être téléphoner au docteur Boisvert. Il m’a laissé son numéro. À cause des récitals de Noël, bien entendu...
    Jan acquiesça alors que Florence fit signe à Élisabeth de s’approcher pour lui chuchoter à l’oreille une petite phrase qui laissa Élisabeth perplexe.
    – Qu’est-ce que je ne ferais pas pour l’amour!

9
    Jan éveilla Stanislas, qui s’ébroua comme un jeune chiot, regardant l’heure et interrogeant son oncle du regard.
    – J’ai besoin de toi. C’est le jour et l’heure de la tournée.
    – À cinq heures?
    Jan arracha les couvertures et lui dit qu’il l’attendait dans quatre minutes, «lavé, les dents brossées, les cheveux peignés». Stanislas se leva d’un bond et Jan devina à

Weitere Kostenlose Bücher