Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
Vom Netzwerk:
bourde et tenta d’en minimiser la sottise en vantant les mérites de Florence.
    – Je veux dire qu’il joue, mais vous serez de mon avis quand Florence vous aura attaché à votre siège avec les cordes de son violon.
    Elle émit un petit ricanement pour appuyer son jeu de mots et Warszawski lui fit un sourire séduit.
    – Elle doit avoir tout un talent pour réussir à envoûter une âme musicale polonaise.
    Les soirées du Plateau avaient presque toutes la même trame. Élisabeth était de plus en plus tendue au fur et à mesure que les jours passaient, mais elle savait bien que sa nervosité n’était qu’un pâle reflet de celle de Florence. Elle pensait à elle jour et nuit, ne concédant que quelques minutes à Denis, habituellement celles qui précédaient l’abandon au sommeil. Elle avait parlé à Florence au téléphone à trois reprises et la voix de son élève était si fluette qu’elle en avait faibli. Florence lui avait affirmé que la pièce imposée de Prévost – parce que c’était bien une pièce de Prévost – lui plaisait et Élisabeth espéra qu’elle saurait la mémoriser. La plupart des concurrents avaient leur partition, posée sur un lutrin, mais n’en tournaient pas souvent les pages. Élisabeth souriait de leur maladif besoin d’être rassurés. Elle n’avait aperçu Denis que deux fois dans le hall et leurs yeux avaient échangéde longues conversations, répétant inlassablement leur complicité, leur tendresse et leur amour. Ces rencontres pimentaient encore cette semaine qui ressemblait à un septième ciel où tous les anges auraient été musiciens et où le Messie, incarné par Denis, aurait été beau, grand, charmant et irrésistiblement séduisant. Elle avait aussi beaucoup d’agrément à parler de la Pologne et de musique avec M. Warszawski, qui lui rappelait tous les soirs sa hâte d’entendre Florence.
    – Vous n’êtes pas la seule à parler de son génie. J’ai entendu dire la même chose par nos concurrents évincés.
    Élisabeth se rengorgeait de toutes ces flatteries, se les répétant soir après soir pour se convaincre que Florence pouvait se retrouver parmi les trois premiers lauréats.
    Jan, Michelle et Nicolas l’attendaient devant la maison, tous les trois amidonnés comme pour une noce. Elle sortit à la hâte, faisant résonner ses talons avec coquetterie sur le ciment menant de l’escalier au trottoir.
    – Nerveuse?
    Devant son regard affolé de biche face à un prédateur, Jan lui fit ce sourire qu’il avait toujours eu pour la rassurer et la réconforter. Elle lui en sut gré et se glissa sur la banquette arrière, où Nicolas l’attendait pour lui baiser la main. Il n’avait jamais cessé de le faire depuis que Stanislas le lui avait appris. Élisabeth ne savait plus respirer ni déglutir, s’humectant sans cesse les lèvres, son corps trop inquiet ayant presque cessé de produire de la salive. Michelle tournait la tête en lui souriant, fascinée par l’amour presque maternel qu’elle dégageait. Ils arrivèrent à proximité du Plateau et Jan fut pris dans un embouteillage bloquant la rueDe Lanaudière depuis la rue Rachel. Les feux arrière des automobiles faisant la queue pour entrer dans le parc LaFontaine donnaient un air de fête aux rues encombrées. Élisabeth se mit à jurer en polonais, ce qui fit rire Jan et sourciller Michelle et Nicolas.
    – Laisse-moi sortir. Il ne faut pas que je sois en retard. On se retrouve dans le hall cinq minutes avant l’heure.
    Elle claqua la portière et reprit sa course rythmée par le son de ses talons comme par un métronome.
    Jan et Michelle se tenaient dans le hall alors que Nicolas était allé s’asseoir près des élèves d’Élisabeth, qu’il connaissait presque tous pour avoir joué du violon avec eux. Jan regarda l’heure, un sourcil levé.
    – Florence doit être dans tous ses états. Je plains Élisabeth.
    – Il ne faut pas s’inquiéter, Jan. Elle est avec elle dans les coulisses et, comme je la connais, elle doit lui chanter une berceuse à voix basse pour la calmer.
    – Elle m’a dit que Florence avait maman pour muse.
    Jan avait fait cette révélation avec un sourire attendri au coin des lèvres. La lumière s’éteignit une dernière fois et Michelle alla prendre place au parterre. Jan décida d’attendre Élisabeth encore quelques minutes. C’est alors qu’il vit Florence sortir par la porte menant à l’arrière-scène, le violon ballottant au bout du

Weitere Kostenlose Bücher