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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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rouvrit brièvement les yeux tandis que les cris reprenaient, mais Plern lui massa les tempes avec des mouvements rythmés qui l'aidèrent à se rendormir. Sur le large matelas, son petit corps brun et lisse reposait contre son corps dégingandé. Il était si grand qu'elle riait toujours de voir que ses pieds menus arrivaient au niveau de ses parties célestes. Elle pouvait sans peine chatouiller sa lance d'amour avec ses doigts de pied. Combien de fois n'avaient-ils pas plaisanté à ce sujet — dans son pays à lui, où la saison froide durait apparemment presque toute l'année, elle n'aurait pu lui réchauffer qu'une seule moitié du corps. Elle lui demandait en plaisantant quelle moitié il aurait préféré.
    Une série de hurlements aigus déchira l'air de la nuit : elle s'assit en sursaut. Un frisson de mauvais augure lui traversa le corps. Il y avait eu tant de rumeurs dernièrement et la ville était agitée. Que se passait-il ? Elle eut soudain hâte de rentrer chez ses grands-parents. Elle lança un regard au gouverneur. Il était tout à fait réveillé et écoutait les cris. Elle lut la peur dans ses yeux. Il se leva lentement et noua un panung. Il ouvrit la porte menant à la terrasse. Une volée de marches descendait dans le jardin. De la terrasse, on avait une vue magnifique sur la ville. Il regarda fixement dans la nuit, cloué sur place. Plern se joignit à lui et suivit son regard. A une centaine de pas environ, les flammes de la maison du Shahbandar embrasaient le ciel nocturne dans un terrible concert de craquements à mesure que la structure de bois se désintégrait. Pétrifiés, il virent le toit s'affaisser, et une clameur s'éleva. Un instant plus tard, ils distinguèrent la foule qui applaudissait et vociférait derrière l'édifice en ruine. D'autres accouraient de la ville en un flot ininterrompu.
    Burnaby vit avec horreur la populace armée de couteaux et de bouteilles converger vers sa demeure.
    Dans le jardin en contrebas, une partie de ses domestiques s'étaient regroupés les uns contre les autres comme des animaux effrayés, pris dans la lumière aveuglante d'une torche. Plern enserra le gouverneur de ses bras tremblants et enfouit sa tête dans son ventre. Emergeant de sa stupeur, Burnaby hurla à ses domestiques de s'enfuir puis ordonna à la fille de se sauver également. Mais elle resta figée sur place et regarda, fascinée, la foule déferler. En un instant, la foule déferla dans le jardin. La majorité des domestiques avaient pris leurs jambes à leur cou, mais une poignée d'entre eux, armée d'épées et de harpons, était restée. Ils firent vaillamment front à la porte. Lorsque celle-ci fut enfoncée, ils furent terrassés par une série de coups qui ne cessèrent que lorsque leurs corps eurent été taillés en pièces.
    Le meneur écrasa de son dédain le gouverneur et la fille à demi nue. Elle sanglotait en s'accrochant désespérément à lui. « Sauve-toi, putain ! » hurla le meneur avec colère — un homme mince, à l'allure frêle et aux yeux fiévreux. « Sauve-toi avant de partager le sort de ton maître ! » Elle semblait incapable de bouger, son corps tremblait violemment. La foule se mit à les conspuer jusqu'au moment où elle envahit la terrasse.
    Burnaby repoussa la fille et dévala les marches. « Arrêtez, je vous l'ordonne ! s ecria-t-il en mauvai s siamois. Au nom de votre roi... je vous ordonne... ja suis votre gouverneur... » Sa voix s'éteignit à l'instart où on lui trancha le cou. La fille s'évanouit lorsqu'i .s entreprirent de mutiler le corps du gouverneur jusqu'à le rendre méconnaissable. Ils passèrent en courant devant Plern, plus intéressés par le contenu de la maison que par elle. Ils étaient toujours en trz in de piller le bâtiment lorsqu'elle reprit connaissar ce et s'éclipsa rapidement.
    Pendant les deux heures qui suivirent, des hordes d'indigènes devenus fous et assoiffés de sang enva-hirent en masse les maisons des Européens en divers quartiers de la ville. Tous les Anglais furent systématiquement chassés de leur demeure et massacrés. Comme la populace était incapable de distinguer les Anglais des autres farangs, un certain nombre d'Espagnols et de Portugais périrent également. Mais les Anglais constituaient la majorité. Même ceux qui se jetèrent aux pieds des indigènes ne furent pas épargnés.
    Les bateaux transportant Phaulkon et ses hommes progressaient régulièrement vers Mergui. De hauts arbres et

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