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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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passage. Voici que les Hollandais aussi montrent du doigt la Compagnie anglaise des Indes orientales. »
    Yale ouvrit un autre tiroir et en sortit un deuxième dossier. Il le tendit à Ivatt qui se mit, en silence et d'un air lugubre, à en lire attentivement le contenu.
    Le document était signé par le Conseil de Pulicat et réclamait à la Compagnie anglaise la somme de quarante-cinq mille livres au nom de la Compagnie néerlandaise pour préjudices subis, etc.
    Ivatt blêmit à cette lecture : son esprit mesurait les très lourdes conséquences du désastre. Il devait à tout prix atteindre Ayuthia et parler à Phaulkon. Il faudrait arrêter Coates et le juger rapidement.
    « Ces exigences particulières sont plutôt dérisoires par rapport au reste, dit Yale d'un ton sec en sortant un troisième dossier. Voici la somme totale des dédommagements exigés par les divers gouverneurs de Golconde pour dommages subis sur ces rives : cinq cent mille livres ! » Il articula lentement chaque mot.
    Il y eut un lourd silence.
    « Vous continuez à croire au libre-échange, monsieur Ivatt ?
    — Au libre-échange, oui, Votre Excellence. A la piraterie, non. Le seigneur Phaulkon sera, je vous assure, aussi scandalisé que vous d'apprendre ces événements. Je le connais bien. Ses représailles seront rapides et impitoyables, vous pouvez y compter, monsieur.
    — Cela vaudrait mieux ! Je transmets ces accusations à M. Phaulkon. Acceptez-vous de vous en charger vous-même ou dois-je envoyer mon propre messager ?
    — Je m'en occuperai, Votre Excellence. Vous pouvez compter là-dessus également. Bien que vous me considériez peut-être comme un traître à mon pays, je crois à l'autorité de la loi.
    — Quand puis-je espérer vous voir partir ?
    — Dès que vous me fournirez un bateau. Vu les circonstances, je ne pense pas qu'il serait sage pour moi de retourner chercher le mien à Madapolam.
    — Je suis d'accord avec vous. » Pour la première fois, Yale eut un large sourire. « Un bateau, d'ailleurs, est prêt et vous attend depuis quelque temps. Mais vous devez d'abord dîner avec moi. Qui sait quand nous aurons une autre possibilité de le faire ! Le fort St George pourrait être fermé avant que l'occasion ne se représente. » Yale ne semblait pas conscient de l'incongruité d'un dîner avec un homme qu'il venait juste de qualifier de traître à l'Angleterre. Sa réputation de stratège et de pragma-tiste était bien fondée, songea Ivatt.
    « Le seigneur Phaulkon n'autoriserait jamais la fermeture de la Compagnie, dit-il en souriant. Il garde un faible pour son aima mater.

— Touché, dit le gouverneur en se levant de son bureau. Savez-vous, monsieur Ivatt, que nous faisons toujours table commune ici ? Je préside à un bout, bien entendu, entouré des membres les plus importants, ensuite vient le reste dans l'ordre hiérarchique. » Il sourit. « Exactement comme au bon vieux temps.
    — Je ne me rappelle que l'autre bout de la table. Je ne suis jamais arrivé jusqu'au milieu, Votre Excellence.
    — Vous n'êtes pas resté chez nous assez longtemps, monsieur Ivatt. Mais aujourd'hui vous êtes pardonné. Vous dînerez à mon côté. La perdrix est excellente et il y a un arrivage exceptionnel de vins de Perse.
    — Je n'en attendais pas moins, Votre Excellence. »
    Le gouverneur se dirigea vers la porte. La main
    encore sur la poignée, il se retourna. « Ah ! Mais j'oubliais une chose, monsieur Ivatt. Je crois qu'il n'est que juste de vous informer que j'ai la ferme résolution, au cas où les demandes de dédommagements ne seraient pas entièrement acceptées par M. Phaulkon, de recommander au Conseil supérieur de Surat de déclarer la guerre au Siam sans conditions. » Yale ouvrit la porte en arborant un sourire courtois. « Mes recommandations sont en général plutôt prises au sérieux par les temps qui courent. » Il prit aimablement Ivatt par le bras. « Laissez-moi vous montrer notre nouvelle église avant le dîner. Je ne crois pas que vous l'ayez vue depuis sa construction. Nous l'avons appelée Sainte-Marie. Savez-vous que j'ai été le premier à m'y marier ? Mon nom figure en haut du registre... »
    16
    Le neuvième jour de la lune croissante du dixième mois de l'année du Lézard — matin retenu pour l'audience royale —, quarante mandarins de première classe arrivèrent au port de Bangkok pour escorter l'ambassadeur français et remonter la rivière jusqu'à Ayuthia sur des barques

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