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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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contributions à l'érection de leurs églises. Ils ont pris sa charité pour une conversion imminente. Mais moi, je vois Sa Majesté chaque jour, et je sais que cela prendra du temps. »
    La Loubère parut soudain frustré. « Cependant, seigneur Phaulkon, vous devez avertir le roi de Siam que les faveurs et les traités accordés par le roi de France dépendront pour finir de sa conversion au catholicisme. Après cela, les largesses de la France ne connaîtront pas de limite.
    — Je chercherai certainement le moment opportun pour exprimer vos sentiments, Votre Excellence. Mais en attendant » — Phaulkon changea soudain de sujet — « j'ai pris la liberté de vous envoyer une équipe de lettrés siamois, ainsi qu'un interprète, qui sont au fait du moindre aspect de la vie et de la culture siamoises. » Phaulkon sourit aimablement. « Je n'ignore pas vos talents éminents dans le domaine littéraire. Je suis certain qu'un homme aux préoccupations intellectuelles telles que les vôtres aura beaucoup à discuter avec eux. Ils devraient arriver à Bangkok demain et resteront à votre disposition aussi longtemps que vous le souhaiterez. »
    La Loubère était décontenancé et manifestement ravi. Son visage s'éclaira. « C'est un fait qu'il n'y a rien qui me fasse plus plaisir que mes modestes activités intellectuelles. C'est très aimable à vous. »
    Comme Phaulkon s'y attendait, la question religieuse fut oubliée sur-le-champ. Il se félicita de s'être donné la peine de retracer la carrière de l'ambassadeur dans la bibliothèque bien approvisionnée des jésuites.
    « Au contraire, Votre Excellence, loin d'être aimables, mes motifs sont purement égoïstes. En effet je souhaite utiliser vos illustres talents. Je ne connais aucun autre visiteur que vous-même capable d'écrire une étude plus complète sur ce fascinant pays. »
    La Loubère s'inclina. « Vous me flattez, monsieur. » Phaulkon s'inclina à son tour. « Je dois maintenant prendre congé de vous pour m'occuper des préparatifs du banquet de ce soir. Sa Majesté a prévu de grandes festivités en votre honneur. »
    Le banquet fut un immense succès. Il se tint au palais de Phaulkon, dans la grande salle. Les fenêtres de style siamois, dont les larges vantaux étaient poussés à l'extérieur et maintenus ouverts par des supports en bois sculpté, donnaient sur une cour éclairée où des silhouettes d'animaux sculptés vacillaient à la lueur des torches.
    La Loubère, Cébéret et Desfarges étaient accompagnés de leurs principaux aides, qui tous étaient les hôtes de Phaulkon pour la nuit. Ce dernier leur avait présenté Maria avant les festivités, et il n'y avait pas un seul homme qui ne fût immédiatement tombé sous le charme de cette beauté de porcelaine qui s'était adressée à eux dans un français parfait et s'était gracieusement préoccupée de leur moindre désir. Même La Loubère s'était défait de sa mauvaise humeur habituelle tandis que les yeux du général, comme aimantés, se posaient sans cesse sur elle. Phaulkon n'avait pas manqué de remarquer les attentions du général, mais il s'amusait surtout de la timidité inattendue de Cébéret, qui devenait gauche et renfermé chaque fois que Maria lui adressait la parole. Néanmoins, à eux deux, le général et l'ambassadeur compensaient amplement sa réticence, et La Loubère alla même jusqu'à faire remarquer qu'avec une avocate aussi charmante que l'épouse de son Premier ministre, Sa Majesté siamoise ne pouvait manquer d'embrasser la foi catholique.
    La grande salle scintillait de candélabres d'argent. Concession spéciale envers les visiteurs, on leur avait fourni de petits tabourets. Chaque invité avait à sa disposition deux jeunes servantes qui passaient leur temps à garnir les petites tables rondes d'une succession interminable de plats. Il y en eut vingt-quatre en tout, alternant friandises siamoises, chinoises et européennes tandis que les vins de Chiraz, à l'arôme subtil et au bouquet suffisamment inhabituel pour impressionner même des Français au goût difficile, recueillaient tous les éloges.
    Les quarante mandarins de première classe avaient été invités, bien qu'on leur eût épargné l'inconfort des petits tabourets. Ils remplissaient une extrémité de la grande salle par ordre de marques de dignité, les plus importants étant le plus près de Phaulkon. Le Premier ministre était assis à l'autre bout de la salle avec La Loubère d'un

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