L'épopée des Gaulois
d’autres troupes intimider les alliés des Vénètes, il donna l’ordre d’aller, par voie de mer, à la rencontre de ceux-ci au large de leur pays.
Les Romains longèrent les côtes depuis l’embouchure de la Loire et parvinrent à un endroit où les falaises rocheuses s’ouvraient sur une mer intérieure. Dès qu’ils furent en vue des ennemis, quelque deux cent vingt navires vénètes, tout prêts et équipés de façon parfaite, sortirent du port 169 et vinrent se ranger face aux navires romains. Ni Brutus, qui commandait la flotte, ni les tribuns militaires et les centurions qui avaient chacun un vaisseau, ne savaient trop bien quelle conduite adopter. Ils se rendaient compte en effet que l’éperon était inefficace et que, si l’on élevait des tours, les vaisseaux ennemis les dominaient encore grâce à la hauteur de leurs poupes, en sorte que les projectiles romains, tirés d’en bas, n’atteignaient pas leur but tandis que ceux des Gaulois tombaient au contraire avec force.
Les Romains eurent alors l’idée d’emmancher des faux au bout de très longues perches. À l’aide de ces engins, les Romains accrochaient et coupaient les cordages qui attachaient les vergues au mât. Les vergues tombaient forcément et les Vénètes, qui ne pouvaient compter que sur leurs voiles pour déplacer leurs vaisseaux, se trouvaient réduits à l’impuissance devant les Romains qui manœuvraient à la rame. La bataille devint alors très rude et les Gaulois se décidèrent à s’enfuir pour mettre ce qui restait de leur flotte à l’abri. Déjà, leurs navires prenaient le vent quand, soudain, celui-ci tomba : ce calme plat immobilisa les Vénètes et causa leur perte. Leurs vaisseaux furent abordés et pris les uns après les autres. Peu nombreux furent les rescapés du massacre qui purent regagner la côte à la nage.
À la suite de cette défaite, et ayant appris que certains de leurs alliés avaient été vaincus par les troupes que César avait envoyées contre eux, les Vénètes n’eurent plus d’autre solution que de se rendre. Et le proconsul romain fut impitoyable envers eux. Il fit mettre à mort tous les chefs et fit vendre tous les hommes valides comme esclaves. Après quoi, voulant en finir avec la rébellion, il s’en alla attaquer les peuples de cette confédération armoricaine qui résistaient encore dans le nord, les Morins et les Ménapes. Il remporta quelques succès mais, en définitive, tandis que les Romains saccageaient tout sur leur passage, les Gaulois quittèrent leurs villes et leurs forteresses et se dispersèrent dans les nombreux marécages qui couvraient leurs pays, n’ayant pas perdu tout espoir de reprendre leur lutte pour l’indépendance le jour qui se montrerait le plus favorable.
Les Romains n’en furent pas pour autant plus tranquilles. Ils eurent fort à faire pour repousser hors de la Gaule des troupes venues de Germanie sous la conduite des Suèves. Car certaines tribus gauloises les avaient attirées pour mieux contrer les prétentions romaines et obliger les légions à retourner en Italie. Le proconsul, à force d’intriguer, rangea de son côté certains peuples gaulois et mit tout en œuvre pour apporter la division dans toute la Gaule, se prétendant plus que jamais le protecteur des Gaulois et de leur liberté. Cette tactique fort habile lui permit de rassembler de nombreuses troupes qui vainquirent les Suèves et les forcèrent à repasser le Rhin. Et pour montrer qu’il était le plus fort, César fit construire un pont sur ce fleuve et fit une incursion rapide sur les territoires de la Germanie, surtout pour assurer son prestige, car les Suèves avaient bel et bien regagné leur pays d’origine.
Mais ce qui inquiétait le plus le proconsul romain, c’était l’alliance ancestrale qu’il avait constatée entre les Gaulois et les habitants de l’île de Bretagne. Il avait failli en subir les conséquences au moment de la guerre contre les Vénètes, et c’est pourquoi il décida de monter une expédition dans cette île, non pas pour la conquérir, car il se serait alors trop éloigné de ses bases de départ, mais pour intimider les Bretons et les décourager d’apporter leur aide aux Gaulois. Et, avant de passer à l’action, il fit recruter le plus de cavaliers possible chez les peuples gaulois avec lesquels il avait conclu des traités d’amitié, les Remi et les Éduens en particulier, et envoya en ambassadeur chez les Bretons le
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