L'épopée des Gaulois
espérait investir un autre camp romain tenu par Labiénus chez les Remi, renonça provisoirement à son expédition. Au printemps suivant, Indutiomar reprit son projet après avoir demandé de l’aide aux Germains, qui la refusèrent d’ailleurs. Il rassembla une foule de mécontents chez les autres peuples mais également dans le sien, fit emprisonner son gendre et rival Cingétorix, traditionnel allié des Romains, et fit marcher toutes ses troupes vers le camp de Labiénus. Le combat fut rude et sanglant. Labiénus avait ordonné aux légionnaires de s’en prendre directement à Indutiomar et de ne pas l’épargner. Le chef trévire fut surpris au moment où il passait une rivière à gué et, conformément aux ordres reçus, il fut tué sans pitié. Privés d’un chef qui avait exercé sur eux une réelle autorité et une réelle séduction, les Gaulois renoncèrent à la lutte et se dispersèrent au fond des bois et des marécages.
L’ensemble de la Gaule semblait être passé sous le joug des Romains, et ceux-ci exultaient à l’idée que, grâce à Jules César, ils avaient vengé l’affront subi lors du désastre de l’Allia et de l’occupation de Rome, affront qu’ils avaient durement ressenti lorsqu’il avait fallu payer une rançon au vainqueur, le chef Brennus, lequel avait mis son épée dans la balance en prononçant ces paroles injurieuses : Malheur aux vaincus ! À présent, c’était aux Romains de triompher et de retourner contre leurs anciens vainqueurs cette exclamation qui n’était autre qu’une malédiction appelant la honte et le déshonneur sur ceux qui n’avaient pas eu la force ni le courage de résister à une quelconque oppression. Pour cela, chez tous les peuples gaulois en apparence soumis, la rancœur et le désir de liberté grandissaient au fil des mois.
Ce fut chez les Éburons que tout recommença. Ambiorix n’avait pas désarmé. Il avait dispersé ses troupes dans des endroits inaccessibles et, sans se faire remarquer, passant d’un peuple à l’autre, il avait fomenté une révolte générale des peuples belges. Il avait trouvé appui chez les Carnutes et les Sénons, mais surtout chez les Trévires et avait demandé de l’aide à certaines tribus germaniques établies sur l’autre rive du Rhin et, cette fois, celles-ci avaient promis d’envoyer des contingents.
César, toujours bien informé par ses espions et par des Gaulois qui avaient choisi le camp romain par intérêt immédiat, réagit immédiatement, comme il en avait l’habitude. Il commença par ravager le pays des Carnutes et celui des Sénons afin de leur faire comprendre qu’il ne tolérerait aucune rébellion, puis engagea ses forces vers le nord contre les Trévires et les Éburons. Les Trévires, qui étaient en ordre dispersé, furent obligés de se soumettre et le proconsul les obligea à prendre pour chef Cingétorix, l’allié traditionnel des Romains. Puis il engagea une lutte sans merci contre les troupes germaniques qui s’étaient déployées un peu partout dans l’est de la Gaule.
Cependant, Ambiorix n’avait pas renoncé à son projet d’unifier les différents peuples de la Gaule et de leur faire lutter ensemble contre ceux qu’il considérait comme des envahisseurs sans foi ni loi. Il rassemblait le plus possible de mécontents autour de lui et constituait ainsi une armée qui opérait sur les arrières des Romains et leur infligeait parfois de lourdes pertes. Malheureusement, Ambiorix et son allié, le Trévire Catuvolcos, qui lui était resté fidèle, se firent surprendre un jour qu’ils étaient à la tête d’une troupe très réduite en nombre au milieu d’une forêt. Catuvolcos se donna la mort plutôt que de tomber aux mains des Romains, qui de toute façon l’auraient fait tuer, mais Ambiorix réussit à s’échapper et, une nouvelle fois, il ordonna à ses partisans de se disperser dans les forêts et les marécages et d’y attendre patiemment le moment favorable pour reprendre la lutte contre leur ennemi implacable. Quant à César, il se vengea en faisant supplicier les principaux chefs qui avaient osé se dresser contre lui, en particulier le Sénon Acco, dont la mémoire fut grandement honorée par la suite parmi tous les peuples gaulois. Et tandis que la Gaule s’endormait dans la défaite, le proconsul regagna Rome où l’on célébra ses triomphes 170 .
CHAPITRE VII
Vercingétorix
Il y avait six années pleines que le jeu de massacre
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