Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
fort limité, l’on n’y admet guère que les « prominente », les hauts personnages du camp. Comme le médecin-chef est un Tchèque, le professeur Podlaha, les communistes tchèques ont obtenu de lui qu’il accueille leur camarade français, dont une jambe était attaquée par la gangrène. Maintenant, Frédo va mieux ; il sera sauvé par cet acte de solidarité internationale. Nous pouvons parler sans danger, car le voisin le plus proche ne comprend pas le Français. Ricol me rappelle les consignes de Résistance données à Compiègne ; elle : ont inspiré, me dit-il, la réorganisation du Parti communiste français dans le camp ; cette réorganisation est maintenant achevée. Plusieurs autres groupes nationaux sont en train de se constituer. Des contacts sont même pris en vue de créer une direction internationale. Un important kommando vient, d’autre part, d’être créé à Melk, à 80 kilomètres de Mauthausen, en direction de Vienne. Pour éviter que les « verts » en prennent la direction, comme ils l’ont fait jusqu’ici, Ulmann (pseudo Pichon), s’y est fait verser, avec un groupe de camarades sûrs ; ils vont, là-bas, tâcher de saisir quelques leviers de commande et organiser la Résistance.
    – « De même que le Parti a, en mai 1941, constitué le Front national de lutte pour la libération, de même, poursuit Ricol, nous allons appeler aujourd’hui tous les Français du camp à s’unir pour survivre et combattre à nouveau. Le Parti pense que tu es qualifié pour jeter cet appel… »
    – Il a fallu cette conversation pour que j’aperçoive clairement les immenses difficultés que nous aurons à vaincre. « Jeter un appel… » Dans la Résistance française, nous avions les tracts, les affiches, les journaux clandestins, des armes, des cachettes… On pouvait effectivement s’adresser aux masses. Mais ici ?… Les S. S. doivent ignorer, bien entendu, qu’existent des organisations de combat. Donc, aucun tract, aucun écrit… La propagande orale ? Mais peut-on mettre dans le secret tous nos compatriotes, ou même le plus grand nombre d’entre eux ? Ricol me conseille de choisir deux ou trois Français particulièrement sûrs, de leur faire part du projet ; nous constituerons le groupe de direction. Le Parti, qui conserve son organisation propre, tout en l’intégrant au « collectif » français, déléguera à ce groupe un de ses membres, chargé de faire la liaison. « Nous te mettrons, me dit Frédo, très prochainement en contact avec ce camarade, qui n’est pas encore désigné. »
    – Depuis que je suis sorti de quarantaine, j’ai beaucoup observé les Français du camp libre, avec la préoccupation de discerner parmi eux ceux qui pourraient, éventuellement, participer à une action de Résistance. En sortant du block 5, je n’hésite guère : je parlerai à Georges Savourey et au docteur Fichez. Georges Savourey travaille à l’usine Messerchmidt de la carrière, que l’on appelle couramment le Rüstung (bien que le nom soit, en allemand, féminin). Les travailleurs de ce kommando sont groupés au block 15, en deux équipes qui travaillent alternativement douze heures de jour et douze heures de nuit. Savourey a, sur eux, un très visible ascendant. Son regard direct et un peu dur, sa tenue très digne m’ont frappé avant que je sache rien de lui. J’ai vite appris qu’il est ingénieur : il a été l’un des fondateurs du mouvement « Ceux de la Libération » ; il appartient a la catégorie N. N. : la Gestapo a donc réuni contre lui de lourdes charges. Le 14 juillet 1943 – ses camarades me l’on raconté – au moment où l’équipe de jour sortait de la Rüstung et se rassemblait avant de remonter au camp, il a groupé autour de lui les Français, leur a parlé de la fête nationale, de la Résistance, de la victoire certaine des Alliés. Pareille initiative comportait des risques graves et certains, encore qu’elle n’eût pas été improvisée : on avait attiré à l’écart les gens dangereux. Mais Savourey a pleinement atteint son but : il a relevé le moral, affermi le courage de ces Français, noyés dans une masse d’hommes étrangers et souvent hostiles… Après avoir réfléchi encore deux jours, je contacte Savourey, qui ne semble pas très surpris de ma démarche. « J’étais au courant, me dit-il, de l’activité clandestine des communistes français. C’est d’accord avec Rabaté que j’ai

Weitere Kostenlose Bücher