Les 4 vies de Steve Jobs
facilitant la gestion de ses comptes personnels (comptes bancaires, etc.). Et comme l’avait souhaité Wozniak, l’Apple II est également livré avec une version spéciale du jeu Breakout !
Le point faible de l’Apple II, tout comme les autres micro-ordinateurs de l’époque, réside dans la lenteur de chargement des programmes due au fait qu’ils sont sur cassettes. Or, les lecteurs de cassettes sont lents et peu pratiques à l’usage.
La prochaine étape est claire : Jobsinsiste pour que l’Apple II dispose au plus vite d’un lecteur de disquettes afin de charger rapidement des logiciels. En août 1976, la société Shugart a annoncé le premier lecteur de disquettes disponible à un prix relativement bas – moins de 400 dollars pièce. Selon Mike Markkula, il faut absolument disposer de cette innovation rapidement : le Consumer Electronics Show (CES), ou Salon des consommateurs de produits électroniques, doit se tenir en janvier 1978 à Las Vegas.
Pendant les vacances de Noël 1977 et même le jour de l’An, Wozniaks’attaque sans relâche à relier un Apple II au lecteur de disquettes de Shugart, aidé ici et là par Randy Wigginton. Comme bien souvent, il avance à l’aveuglette, n’ayant aucune connaissance de cette technologie particulière. Fidèle à sa réputation, il aboutit à un design diaboliquement efficace.
L’Apple II avec son lecteur de disquettes est présenté au CES de Las Vegas, ce qui donne l’occasion à Wozniakde découvrir pour la première fois de sa vie cette ville hors norme qui brille de ses feux artificiels à toute heure du jour et de la nuit. L’annonce du lecteur de disquettes de l’Apple II fait sensation et comble d’espoir les amateurs comme les distributeurs.
Les résultats qui tombent au début de l’année 1978 confortent Markkulaet ses collègues : quelque chose est en train de se passer autour de l’Apple II. Apple a terminé l’année avec un bilan bénéficiaire, et tous les indicateurs sont au beau fixe. Jobsadore gérer les relations avec les distributeurs, mais ce qui le passionne avant tout c’est d’influer sur la communication liée à l’appareil et pour laquelle il rédige des envolées lyriques…
L’Apple IIGS, lancé en 1986, est le nouveau modèle de l’Apple II dont la première version datait de 1977. « GS » signifie Graphics and sound , en référence à ses améliorations techniques en matière de graphisme et de son. © Roger Ressmeyer/Corbis
Chapitre 6
Le plus jeune millionnaire américain
L ’Apple II n’est pas encore un phénomène de société, mais il s’entoure déjà d’une aura particulière. Ce petit ordinateur efficace mais sympathique est associé à l’image de liberté qui existe encore aux États-Unis. Woodstock est de l’histoire ancienne, mais la jeunesse passablement assagie affectionne les grands concerts en plein air et des groupes, comme Fleetwood Mac, qui proposent un rock reformaté pour les radios FM.
Ébranlée par l’affaire Watergate qui a étalé au grand jour les mensonges et la paranoïa de Richard Nixon, l’Amérique a porté au pouvoir un président intellectuellement brillant mais dépourvu d’une réelle autorité, Jimmy Carter, qui se veut ouvertement pacifique. Sur les écrans, le phénomène du moment s’appelle Star Wars et la science-fiction autorise des évasions du monde réel en toute innocence. Pour cette génération post-hippie, l’Apple II s’inscrit naturellement dans l’air du temps…
La jeune société Apple a le vent en poupe et pour faire face à l’expansion en pic que connaît la société, les embauches se succèdent. Wozniakpeaufine le lecteur de disquettes de l’Apple II qu’il ne cesse d’améliorer, et les distributeurs attendent fébrilement cet accessoire. Pourtant, les victoires successives ont beau combler Jobs, il paraît souvent dépassé par les événements. Surexcité et à bout de nerfs, il lui arrive d’éclater en sanglots lors de réunions et d’aller se calmer en faisant une promenade sur le parking 24 . L’Apple II comptent deux principaux concurrents, le TRS-80 de Tandy RadioShack et le PET de Commodore, mais ces derniers ne paraissent pas en mesure de lui faire de l’ombre. La question qui suscite l’angoisse chez Steve Jobs, au point de revenir régulièrement dans sa conversation, concerne un Léviathan d’une tout autre envergure, même s’il reste encore indistinct et lointain. Si IBM se
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