Les 4 vies de Steve Jobs

lance dans la micro-informatique, ne pourrait-il pas balayer tous les autres compétiteurs, comme il l’a fait jadis dans le domaine des ordinateurs géants où sa domination est écrasante. Apple pourrait-elle survivre à l’intrusion de Big Blue ?
    Au mois de mai 1978, alors que Steve Jobsvit pour l’essentiel au rythme d’Apple, une réalité plus terre à terre s’impose soudain à lui. Depuis quelques semaines, il sort avec l’une des cadres de l’agence McKenna, Barbara Jasinski, une très jolie femme dont le physique mélange des traits eurasiens et européens. Alors que la relation est au beau fixe, un boulet furieux vient soudain renverser les quilles soigneusement disposées. Son ex-compagne, Chris-Ann Brennan, vient lui annoncer qu’elle est enceinte de lui. La nouvelle le laisse totalement interdit, désarçonné, à bout de souffle. Incapable d’affronter cette réalité qui vient chambouler ses plans de vie personnelle, Jobs opte pour une attitude toute juvénile : il refuse d’admettre qu’il pourrait être le père.
    « Tous ceux qui avaient vécu dans ma maison de Cupertino et avaient vu Steve Jobsavec Ann étaient certains qu’il était bien le père, juge pourtant Wozniak. Je pense juste qu’il n’appréciait pas l’idée qu’elle veuille mettre un enfant au monde. Il ne se sentait pas en contrôle des choses et ne pouvait pas tolérer l’idée que quelqu’un d’autre lui dise ce qui allait se passer. Telle est ma théorie. »
    Le souci est là : contre l’avis de Jobs, Chris-Ann Brennanrefuse de se débarrasser du bébé et insiste coûte que coûte pour le garder. Quelques mois plus tard, elle donne naissance à une fille, Lisa Nicole.
    Hermétique, Jobscampe sur sa position et refuse de verser la moindre pension à son ex-compagne. Résignée, Chris-Ann Brennanse résout à vivre de l’aide sociale. Le comté de Californie prend toutefois l’affaire en main et oblige Steve Jobs à subir un test de paternité. Ce test révèle qu’il y aurait plus de 94 % de chances qu’il soit le père de Lisa Nicole. Néanmoins, Jobs refuse encore et toujours d’admettre que Lisa pourrait être sa fille biologique. Afin d’éviter que la brouille traîne en longueur, Brennan propose qu’il lui verse 20 000 dollars et que l’affaire en reste là 25 . Il lui faudra attendre qu’Apple se prépare à entrer en Bourse en 1980 pour que Steve Jobs consente à verser à Chris-Ann Brennan une pension alimentaire. Ce n’est que bien des années plus tard, en 1986, que Steve Jobs reconnaîtra enfin Lisa comme sa fille – elle aura alors déjà 7 ans.
     
    Un logiciel se révèle primordial pour le succès de l’Apple II : VisiCalc . Il a été développé en 1978 par Dan Bricklin, un étudiant barbu de l’école de commerce de Harvard, alors âgé de 27 ans. VisiCalc est le premier tableur, un programme facilitant des simulations financières, à l’instar du célèbre Excel qui va sortir huit ans plus tard.
    VisiCalc a d’abord été conçu pour résoudre un besoin précis : celui de Dan Bricklinlui-même. Pour une raison obscure, il était persuadé que sa profession – programmeur – était en voie de disparition car les logiciels allaient devenir de plus en plus faciles à écrire. Bricklin a donc décidé de profiter de sa présence à Harvard pour se frotter au monde des affaires et étudier l’administration des entreprises. Or, la Business School se distingue par de nombreux exercices où les étudiants simulent la gestion d’une société.
    Au cours de travaux pratiques, Dan Bricklina réalisé qu’il perdait un temps considérable à effectuer le calcul des données financières. Il a donc écrit des programmes sur l’ordinateur PDP-10 de Harvard pour se simplifier la tâche. Pourtant, cette approche est fastidieuse : chaque fois qu’il aborde un nouveau problème, il faut écrire un nouveau programme. Il n’existe aucun outil de calcul généralisé qui serait utilisable par tout un chacun.
    Bricklins’attelle à la conception d’un logiciel qui faciliterait les calculs financiers. Son professeur de finances lui a conseillé d’en toucher un mot à un ancien diplômé de Harvard, Dan Fylstra, qui vient de créer une édition de logiciels. La chance a voulu que l’ordinateur que possède Fylstra soit un Apple II. C’est sur cet appareil que l’étudiant Bricklin réalise VisiCalc .
    VisiCalc sort à l’automne 1979 et son impact sur les ventes de