Les 4 vies de Steve Jobs
Gates, son fondateur, avait été si impressionné à l’idée de rencontrer Perot qu’il était immédiatement allé chez le coiffeur. Perot était responsable d’une société pesant 1 milliard de dollars.
Gatesa rencontré Perotau dernier étage de son immeuble de Dallas, planté d’un drapeau américain. Pendant la discussion, le fondateur de Microsoft s’est montré désinvolte et a demandé plus de 40 millions de dollars, ce qui a découragé le milliardaire 71 .
Or, au printemps 1986, Microsoft est entré en Bourse avec panache. Au bout de quelques semaines, sa valeur boursière a dépassé les 661 millions de dollars. Avec ses 11 millions de parts, Bill Gatesest entré dans la liste des 100 Américains les plus fortunés. En mars 1987, l’action Microsoft se situe à un cours quatre fois plus élevé que celui de l’introduction initiale.
« Je considère que c’est une des plus grandes erreurs que j’aie jamais faites en matière de business », déplore alors Perot.
Conscient d’avoir raté une superbe opportunité, le milliardaire texan est à l’affût d’un bel investissement. Or, un soir de ce début d’année 1987, dans un documentaire télévisé, Les Innovateurs , il découvre un tableau flatteur de Steve Jobs. Le lendemain matin, Perotappelle Jobs pour lui dire :
« Si jamais vous avez besoin d’un investisseur, appelez-moi 72 ! »
Le milliardaire texan Ross Perot avec Steve Jobs en 1987. Déçu d’avoir raté l’opportunité de racheter la jeune société Microsoft de Bill Gates en 1979, Perot a investi des millions de dollars dans la nouvelle entreprise de Jobs, NeXT. © Ed Kashi/Corbis
La transaction est rapidement concrétisée. Ross Perotplace 20 millions de dollars dans NeXT et acquiert au passage 16 % de la société. Le milliardaire prend son rôle au sérieux. Peu après son entrée au conseil d’administration, alors que les ingénieurs peinent à optimiser les performances des puces de la carte mère, il se lance dans un speech d’encouragement :
« Les gars, j’ai connu ce que vous éprouvez un bon millier de fois. Je n’ai aucun doute : vous allez résoudre ce problème. Ne passez pas une seule minute à faire quoi que ce soit d’autre 73 . »
Une fois le design des puces achevé, Fujitsu a du mal à les fabriquer dans le temps imparti. Il faudra attendre août pour que la production soit d’une qualité irréprochable. Lorsque Jobsdemande à huit des principaux cadres de lui indiquer à quel moment ils estiment pouvoir achever leurs parties de l’ordinateur, ils hasardent une date : octobre 1987 74 .
Pixar se trouve à Modesto, à deux heures de route du domicile de Jobsà Palo Alto. Il tente donc régulièrement de persuader Alvy Ray Smithet Ed Catmullde déménager Pixar à San Francisco. Les deux ingénieurs résistent pourtant à cette demande et bien leur en prend. Ils vont bénéficier pendant de nombreuses années d’une paix royale : entre 1986 et 1994, Steve Jobs ne viendra que cinq fois chez Pixar 75 !
Et comme ce qui est rare est cher, les visites de Jobsont l’allure de parades présidentielles, avec un mot d’ordre général : l’approcher, lui serrer la main, l’écouter parler… Comme l’a confié Alvy Ray Smith :
« Je l’observais s’adresser à nos employés et dans leurs yeux je pouvais lire de l’amour. Il faisait d’eux ce qu’il voulait. Jobsa un pouvoir de séduction incomparable. J’adorais aussi le voir entrer dans une pièce remplie d’inconnus et s’en emparer. Il a ce talent. Le talent de la communication. Et il en est conscient 76 . »
Chez NeXT, où il passe le plus clair de son temps, l’ambiance n’est pas aussi rose. Très vite, certains des travers de Jobsrefont surface. Comme par le passé, il choisit de diriger ses collaborateurs sans se soucier de leur fierté personnelle. Il peut se montrer cassant et même humiliant.
« De nombreux collègues décrivent Jobscomme un homme brillant et vraiment charmant qui peut fortement motiver ses troupes. Dans le même temps, sa recherche de perfection est si extrême que les employés qui ne satisfont pas à ses demandes se retrouvent confrontés à de féroces attaques verbales, à même d’user les plus motivés 77 . »
D’après plusieurs témoignages, il commençait toujours par désapprouver ce qui lui était présenté, d’une manière systématique et non réfléchie…
« Un ex-employé de NeXT s’est
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