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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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ruait à la riposte quand une troisième épée le dissuada de poursuivre.
    – Un combat de champions ! ricana Aymery. Disons, Héliot, que tu seras celui de Bagerant et toi, Castelreng, le mien. Comme il y faut une récompense, eh bien, le vainqueur pourra profiter à vie de cette Mathilde-aux-beaux-seins.
    Tristan sentit les mains de Bagerant peser sur ses épaulières. Il n’osa se dérober à ce simulacre de compassion. Le routier souriait avec une sorte de bénignité que sa voix, d’ailleurs, démentit :
    – Si tu meurs, je me rendrai à Givors. En somme, j’hériterai de toi, mais je t’en fais serment, Oriabel sera libre. Dans le cas peu probable où tu occirais Héliot, tu te verrais pourvu de deux femmes. Sache que si tu veux vivre paisiblement avec ta seule épouse, il te suffira de faire preuve de générosité en nous offrant cette noble dame pour le meilleur des usages !… Mais j’en doute : ta conscience, alors, souffrirait mille maux. Tu pourras aussi nous la vendre…
    – C’est parfois, Naudon, une abomination d’ouïr tes propos !
    Tristan ne découvrait rien d’autre à répliquer. Après un laps de temps d’indifférence, de quiétude ou de tolérance, Bagerant revenait à sa véritable nature. L’essence même de son caractère, sa force démoniaque et ses accointances avec Aymery et les chefs de Brignais le vouaient aux excès et à la dérision du mal, soit qu’il le fît, soit qu’il en laissât l’usage à ses pairs ou à la ribaudaille. Sans doute puisait-il dans l’événement malsain et inattendu de ce soir une sorte de volupté.
    – Vous êtes fervêtus, dit Garcie du Châtel en s’approchant, mais tu as oublié, Castelreng, ton bassinet sous la table… Coûteuse négligence, car je t’interdis d’aller le chercher… Vous avez l’un et l’autre une épée, mais si vous en faites usage, votre affrontement durera jusqu’à la mi-nuit…
    – Crois-tu ? interrompit Héliot en frottant de l’index son oreille ensanglantée.
    Garcie du Châtel se tourna vers Tristan :
    – Je suis certain que comme Héliot, afin d’en terminer vélocement, tu préféreras la hache à ta longue lame.
    Tristan perçut au loin le gémissement d’Oriabel et, derrière lui, les murmures des captives. Héliot avait, semblait-il, tressailli, mais ce pouvait être une illusion due aux flammes et aux ombres mouvantes des chevaux désormais sans cavaliers. Thillebort crut bon d’émettre une approbation allègre :
    _ Tu n’as pas ton pareil, Garsiot, pour aviver les querelles !
    Le chef de bande parut indifférent à ce compliment duquel Espiote et Bertuchin s’associaient d’un rire gras, souligné par de grands coups de tête. C’était un homme de forte complexion, une nature roide, réfléchie, morne et vicieuse.
    – Daalain, va quérir deux haches à l’armerie ! cria soudain Aymery. Examine avec soin les manches, car si l’un d’eux se rompt autrement que par un coup, je t’en tiendrai pour responsable…
    « Une hache, songea Tristan. Tout devient réel. »
    Il avait imaginé ce combat dans un rêve. Il allait devoir y engager sa vie et sans doute celle d’Oriabel.
    Héliot, furibond, marcha vers les femmes. Leur nudité ne l’intéressait pas. Toutes reculèrent en silence, délaissant dame Mathilde en grand état de détresse et l’épouvantement.
    – Sais-tu, malfaisante, que c’est par ta faute ou par ta volonté que cette riote 83 se fera ?
    Il exagérait. Il défit sa ceinture et, de sa boucle, menaça la captive qui, de son avant-bras, se garda d’un cinglon au visage. Une voix retentit :
    – Plutôt que de soulager ta colère et ta perversité sur cette prisonnière, tu ferais mieux de réserver ta rigueur à mon intention ! Tu vas en avoir grand besoin, je t’en préviens !
    Des rires et des quolibets s’élevèrent au-delà de la jalissade. Cette joie de ses amis de longue date aiguillonna Héliot autant, sans doute, que quinze ou vingt piqûres de frelons. Doutant tout à coup sans doute d’un dénouement heureux en sa faveur, il remit fébrilement sa ceinture et tira le couteau qui pendait à sa dextre :
    –  Tu vas voir, carogne !
    – Lâche cette lame, commanda Naudon de Bagerant, approuvé par les chefs et toute l’assistance. Ce n’est qu’une femme nue à laquelle j’ai fait rogner les ongles, car lorsque je l’ai visitée pour estimer sa valeur, elle m’a voulu griffer.
    La mine triste, Héliot invoqua son

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