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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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    Les Tard-Venus arrivent à Brignais sans avoir osé attaquer Francheville, qui commandait la route de Lyon, ville fortifiée par l’Archevêque Renaud II. Ils s’emparent (sans mal) du château appartenant au Chapitre de Saint-Just depuis 1250 : le Pape Innocent VI, réfugié à Lyon par suite des persécutions de Frédéric II de Hohenstaufen en avait fait présent, ainsi que Vourles, aux moines. Ce château possédait une double enceinte. Les hommes de Bourbon, après avoir tenté vainement l’échelade, se replièrent dans la plaine puis attaquèrent le Bois-Goyet où d’innombrables routiers les attendaient, résolus à les écraser sous les pierres. Car la plaine était trop étroite pour qu’il y eût bataille rangée, charges de cavalerie, etc. Il écrit :
    « S’il paraît difficile de croire avec le grand chroniqueur, qu’un emplacement aussi étroit ait pu être occupé par 5 000 combattants (376)  ; il est rationnel d’admettre qu’un tel nombre d’hommes pouvait trouver p lace sur les élévations de terrain qui s’y reliaient et sur l’importance desquelles j’ai cru devoir insister. »
    Pour lui, la grande mêlée eut lieu sur les pentes abruptes du Bois-Goyet alors que les vestiges des fortifications furent retrouvés au Mont-Rond par Denis Sauvage, et seulement sur ces pentes-là !
    Il soutient aussi que les corps du comte de la Marche et de son fils furent convoyés à Lyon en passant par Beaunant, ce qui était bien le plus long chemin pour atteindre la ville. Qui, d’ailleurs, se chargea de les amener dans ces murs ? Nul ne le sait. Ils furent inhumés en l’église des dominicains, place Confort.
    Enfin, le Dr Mollière critique véhémentement son compatriote, M. Steyer qui, dans sa Nouvelle Histoire de Lyon récemment publiée, contestait Froissart et adoptait, pour Brignais, la thèse de Villani, que l’on lira plus loin.
     
    LA MARCHE VERS BRIGNAIS
     
    Deux routes conduisaient alors à Brignais. La première, par la porte Saint-Irénée, suivait les hauteurs de Sainte-Foy, descendait vers le pont-aqueduc de Bauman (désormais Beaunant), traversait la rivière de l ’Iseron et rejoignait la route qui reliait Francheville à Brignais. La seconde, partant de la Quarantaine de Lyon, se dirigeait à mi-hauteur de coteau par Fontanières, au-dessous de Sainte-Foy, et aboutissait au vieux pont d’Oullins ; de là, elle continuait, à droite, par l’église d’Oullins, remontait à Saint-Genis d’où elle ressortait en deçà du village et, longeant le coteau des Barolles, vers le 9 e kilomètre, rejoignait un mamelon couvert de broussailles appelé le Bois-Goyet. De là, on accédait à la plaine de Brignais.
    Quelle route empruntèrent les troupes royales pour affronter les routiers ? Nous l’ignorons. Le proche châtiment des malandrins devait exciter tous ces guerriers, et si une magistrale erreur fut commise par Jacques de Bourbon, ce fut bien d’envoyer l’Archiprêtre en reconnaissance. Comment se fier à un tel malandrin qui avait des amis chez l’adversaire ?
    Le matin du 27 juillet 1558, le chroniqueur et éditeur de Froissart, Denis Sauvage, voulut tenter de reconstituer la bataille. En compagnie de Mathieu Marcel, son hôte, il se rendit sur les lieux, «  allant droit de Saingenis à Brignais » jusqu’à environ trois quarts de lieue ; « sur le costé gauche de nostre chemin trouvasmes un petit mont ou tertre couvert d’un petit bosquet de jeunes chesnes et de redrageons de chesneaux en forme de taillis, là où les plus anciens hommes du pays, selon le rapport des ayeuls aux pères et des pères aux fils, disent qu’étoient campées les compaignies qu’ils nomment les Anglois ». C’était le Bois-Goyet. Les deux hommes y cherchèrent en vain les vestiges du fort mentionné par Froissart. Poursuivant alors leur marche et leurs investigations, ils virent se dresser « incontinent roidement mais non guères hautement et presque ainsi du costé de septentrion jusques à tant qu’il fait un coupeau (377) comme en forme de rondelle, dont il a eu quelquefois le nom de Montrond et maintenant de Montraud (…) ce coupeau monstrant encore pour reste de l’enceinct des tranchées du fort des compaignies jusque à trois pieds de profondeur et jusque à cinq ou six de largeur presque tout à l’entour, avec autant de rampar que le temps a eu peu souffrir parmi monceaux de cailloux au dedans du fort, peut avoir environ cinquante

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