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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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grands pas en diamètre et environ sept vingt en contour ; et devers son occident s’avale si platement qu’il s’évanouit incontinent en une assez grande plaine qui environne tout Brignais. Et de ce côté où devait être l’entrée du fort n’y a nulle marque de tranchée par l’espace d’environ douze grands pas ; mais tost après, elle recommence vers le midi, duquel costé se trouve une bien petite combe ; comme le fond d’une vague, se rejetant sur un autre plus bas coupeau nommé le petit Montrond ou Montraud qui s’aplanit incontinent vers Vourles et vers Erigny. Et en telles plaines continues s’estoit cachée la plupart des compaignies derrière ces deux coupeaux. Si nous fut dit et a souventes fois esté depuis par gens dignes de foy, qu’il n’y a pas longtemps que l’on a trouvé plusieurs bastons et autres harnois de guerre dedans les terres d’environ ».
    On ne saurait être plus précis. Il y avait bien des fortifications au sommet du Mont-Rond. Les routiers y avaient établi un camp autour d’une bicoque. Ils avaient leurs aises et leur butin en bas, au château des moines de Saint-Just, qui se mirait en partie dans les eaux du Garon.
     
    CE QUE FUT LA BATAILLE
     
    Il existe plusieurs versions de cet affrontement particulièrement féroce et qui tomba peut-être volontairement dans l’oubli. Passe encore que les hommes d’armes de l’armée royale eussent été battus à Crécy et à Poitiers-Maupertuis : ils avaient devant eux des guerriers à leur semblance. Mais qu’une engeance de brigands, certes nombreuse, les eût écrasés (ce verbe, d’ailleurs, n’existait pas encore), voilà ce qu’il fallait effacer des mémoires.
    Si l’on se fie aux chiffres des chroniqueurs, una nimes sur ce point, l’ost royal se composait de 12 000 hommes ; les Tard-Venus (toutes hordes rassemblées) 16 000. Ces brigands étaient des plus aguerris. La plupart avaient servi dans les armées françaises et anglaises ; leur guerre de rapines, une espèce de guerre-éclair, les avait abondamment pourvus en astuces et manœuvres intelligentes. Ils savaient se cacher, se déployer, abhorraient les charges « en haie », connaissaient les tactiques d’encerclement que les chevaliers de l’armée royale se refusaient à mettre en pratique. Ils supputaient de loin les mouvements de l’adversaire. Monstruosité mise à part, ils étaient d’excellents combattants. Guesclin, qui leur ressemblait, leur doit sa renommée.
    Réunie à Lyon, l’armée royale se composait de 6 000 cavaliers et de 4 000 sergents d’armes ou servientes. C’étaient des troupes des communes, artisans et paysans réunis lorsqu’il y avait ost banni , c’est-à-dire convocation du ban au nom du roi. Ils servaient à pied, armés à la légère pour seconder les hommes d’armes. Ils portaient la coustille, la masse, la pique, la goyarde ; ils étaient vêtus de fer : corselet, jambières, bassinet, chapel de Montauban ou portaient le jaseran de cuir, la cuirie, l’écu ou le pavois.
    Il faut ajouter, pour finir, 2 000 arbalétriers (dont le rôle, une nouvelle fois, fut inutile) plus les valets, les goujats, les forgerons, etc.
    Les 10 000 gens d’armes mentionnés ci-dessus formaient l’élite de cette armée : c’étaient des gens du Languedoc, Dauphiné, Auvergne, Forez, Lyonnais, Bourgogne, comté de Savoie. À défaut de l’oriflamme, ils suivaient la bannière fleurdelisée.
    Les chefs ? C’étaient Jacques de Bourbon, Pierre, son fils aîné et ses neveux : Louis, comte de Forez et Jean, son frère, encore enfant ; Renaud de Forez, sei gneur de Malleval, leur oncle ; Robert de Beaujeu, seigneur de Joux-sur-Tarare (qui devait, plus tard, accompagner Louis II de Bourbon en Afrique et y mourut avec son fils, Guichard) ; Louis de Châlons, seigneur de Roussillon ; le sire de Tournon, le sire de Montélimar, de la Maison des Adhémar ; le sire de Groslée ; Louis et Hugues de Châlon-Arlay ; ; Jacques de Vienne, sire de Longwy ; voire des ennemis, du royaume de France tels que Jean de Neufchatel-sur-le-Lac et son inséparable compagnon, Henry de Longwy, sire de Rahon. Curieux courage, qui révèle à coup sûr un appétit du gain, puisque ces seigneurs Francs-Comtois se lançaient dans une expédition relativement lointaine au moment même où leurs seigneuries étaient menacées par les bandes de Thibaut de Chauffour et Jacques Huet.
    Il ne faut surtout pas oublier la présence

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