Les amants de Brignais
portant ce nom. Mais vous verrez sur le plan du Dr Mollière et sur le plan actuel de cette partie de Brignais, que certains lieux et chemins portent toujours les mêmes noms. Les siècles en ont peu modifié l’orthographe, ainsi pour la plaine des Aiguiers qui s’écrit maintenant Aigais.
Ces mêmes siècles ont fait disparaître le nom de Mont-Rond (ou Montraud) car il n’est mentionné nulle part, hors cette étude du Dr Humbert Mollière (369) .
Il est vrai que la sanglante plaine des Aiguiers est devenue… une zone industrielle avec un important poste de détente du gaz de Lacq, traversée par ce petit cours d’eau dont le nom pittoresque, le Merdanson, n’a pas changé, lui, depuis sans doute un demi-millénaire. Et la future autoroute A 45 doit passer par là ! On joue au tennis sur les lieux mêmes où l’on joua de l’épée.
Mais revenons à la bataille et à ses chroniqueurs.
Symphorien Champier, premier en date des analystes lyonnais, écrivit, en 1539, un ouvrage : Cy commence ung petit livre de l’antiquité, origine et noblesse de la très antique cité de Lyon. Aucune allusion sur Brignais n’y figure. Il en va de même chez d’autres ouvrages d’historiens lyonnais : Saint-Aubin (1666), Brossette (1711) et de Colonia.
De Rubys, dans son Histoire véritable de la ville de Lyon (1604) mentionne la perte du comte de la Marche ; Jacques Severt, dans sa Chronologia historiée successionis hierarchicae illistrissimorum archiantistium Lugdunensis archiepiscopatus (1628), étude la bataille. Poulin de Lumina et Clerjon s’en rapportent en quelques lignes, à Froissart.
De tous ces chroniqueurs, c’est donc Paradin (370) qui en dit le plus, mais en se référant uniquement à Froissart. André Clapasson lui adjoint Villani (371) et contrairement à l’éditeur de Froissart, Denis Sauvage (372) , il place le choc des armées sur le territoire des Saignes. Le P. Menetrier (373) note que pour éviter une attaque des routiers, ceux de Lyon , effrayés, rompirent le pont de Francheville et que « les compagnies, pour se fortifier ruinèrent les aqueducs de Brignais et en firent 2 000 charretées pour accabler les soldats de Jacques de Bourbon. Les Tard-Venus étaient postés sur une hauteur d’où ils pouvaient facilement se défendre à coups de pierres ». Archiviste de la ville de Lyon, Georges Guigue évoque Brignais 137 sans éclairer son lecteur sur quelque point particulier, de même que l’abbé Mellier (374) Maurice Chanson (375) auquel une demi-page suffit pour ce sujet.
M. Allut ne disconvient pas que le pont de Francheville ait été détruit, mais il note : « C’était une précaution inutile, la petite rivière, l’Iseron, étant toujours à sec et pouvant être traversée à gué en tout temps. Cela n’empêcha pas les Tard-Venus de se diriger vers Brignais en suivant la vallée de Baunan par le chemin de Francheville. » Selon lui, 2 000 charretées de pierres, c’est « exagérer » le texte de Froissart dont les récits, insiste-t-il, sont loin d’être authentiques. Les pierres ? El les ont existé, mais le P. Menetrier a doublé la quantité de celles que les routiers ont transportées sur les hauteurs des Barolles. Or, il y a 5 kilomètres des aqueducs à ce point.
Il suffit de regarder la carte pour voir l’absurdité d’un tel raisonnement. M. Allut, à l’évidence ne s’en tint qu’aux pierres : « Si le P. Menetrier avait réfléchi, outre la difficulté des charrois et celle qu’il y aurait eu à se procurer les moyens suffisants pour accélérer le travail et que, arrivé au pied de ces hauteurs, il n’y avait plus de chemin pour parvenir au sommet, et qu’il eut fallu transporter ces 2 000 charretées à dos l’homme, il ne se serait pas montré si prodigue des pierres des aqueducs. » C’est douter de ce dont peuvent être capables quinze mille « routiers musclés », pour employer une expression populaire, à condition que ces brigands eussent été aussi nombreux.
L’on verra, plus loin, ce qu’il faut penser de ces pierres, qui durent exister en quantité moindre que 1 000 ou 2 000 charretées mais ne contribuèrent certainement pas à l’écrasement que Froissart et d’autres auteurs se sont complu à décrire.
Notamment le Dr Humbert Mollière, dont l’étude sur Brignais est vaste, honnête, soigneuse… mais peut-être erronée. Puisque sa thèse est la plus volumineuse, résumons-la en quelques
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