Les Amazones de la République
Combien de fois a-t-il entraîné lâune de ses visiteuses dans les dédales de cette maison, où les yeux interrogent souvent la pénombre⦠Lâune dâentre elles, ancienne journaliste de TF1, se souvient que, tandis quâelle préparait un jour dans le bureau de François Mitterrand un entretien télévisé, qui devait se dérouler le surlendemain, en direct, ce dernier, trouvant le temps interminablement long, décida brusquement dâinterrompre cette réunion de préparation, avant de congédier tous ceux qui lâentouraient.
Or, au moment où chacun sâapprêtait à quitter la pièce, le président retint la jeune femme par le bras, « Mais restez donc ! Vous nâallez pas partir comme celaâ¦Â » Ayant prononcé ces mots, François Mitterrand lâentraîna hors de la pièce pour se diriger vers un petit cabinet jouxtant son bureau et que séparait un minuscule petit boyau plongé dans lâobscurité. Et câest dans ces quelques mètres que la journaliste sentit la main de lâhomme sâégarer furtivement sur le bas de ses reins : la serrant de près, François Mitterrand testa lâespace dâune microseconde les capacités de résistance dâune jeune femme, qui sâéchappa, telle une araignée. Là où un Jacques Chirac ou un Nicolas Sarkozy aurait sans doute insisté, François Mitterrand changea noblement de cap, sâinclina, puis sâeffaça. Tout en changeant de conversation et la raccompagnant, comme si de rien nâétait, vers la sortieâ¦
Avec François Mitterrand, lâÃlysée devint un coffre-fort, où sâentreposèrent de lourds secrets placés sous scellés : vie privée, affaire Mazarine, intimidation de Jean-Edern Hallier, Rainbow Warrior , suicide de François de Grossouvre⦠câest une brocante dâaffaires et de questions éparses que protégeront, des années durant, selon leur degré dâimplication et de proximité, une phalange de collaborateurs mutiques, au dévouement aveugle. Si Laurence Soudet, lâ« intendante » dâAnne Pingeot et de sa fille, fut avec Michel Charasse lâune des confidentes de la première heure â au point dâoccuper à ses côtés et hors organigramme des fonctions éminemment discrètes et fantomatiques â, Daniel Gamba fut également lâun des gardiens du Temple. Membre du Groupe de la sécurité de la présidence de la République, (GSPR), ce « bodyguard » fut un témoin assidu de la mitterrandie : une statue de sel dont François Mitterrand finissait par oublier jusquâà lâexistence, tant ce dernier réussissait à se fondre dans son intimité, sans empiéter sur celle-ci pour autant.
François Mitterrand sur le pied de guerre amoureux ? Un virtuose. Quand dâautres souquaient comme des malheureux, lui glissait sur lâécume féminine, avec assurance et nonchalance. Parce que le sujet était bien trop sérieux pour être abordé de manière improvisée, lâhomme ne badinait pas avec les femmes. Cela démarrait par une localisation de la cible, quâil scannait dâun regard : « Son Åil était un radar. [â¦] Même au cÅur de la foule, nâimporte où, il repérait la citoyenne mafflue, la femme de nature invitante, la fraîcheur revigorante, ou la simple beautéâ¦Â », écrira ainsi plus tard ledit Gamba 2 . Il emmenait ensuite la jeune femme, estoquée, faire quelques pas, visitant une librairie ou sâarrêtant devant un monument. Avant de la conduire au cÅur de son antre : à sa table, à lâÃlysée, où il lâentreprenait alors, en tête à tête, guillotinant de quelques pirouettes ses dernières résistances.
Son penchant pour les femmes était devenu si notoire que certaines personnalités, qui ne parvenaient pas à lâapprocher, tentaient de le harponner par lâentremise dâune femme à la beauté incandescente, certains quâil succomberait sans doute. Grossier, ce subterfuge coûta un jour très cher à lâun dâentre eux, qui se vit sommé de ne jamais récidiverâ¦
Charmeur. Câest ainsi que, parmi la multitude de femmes que François
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