Les Amazones de la République
protocole lui fait savoir quâen tant que membre de la délégation officielle, à la différence des autres journalistes embarqués, elle était de fait invitée à la table du chef de lâÃtat. Une fois sur place, lors du traditionnel vin dâhonneur organisé à la préfecture de Saint-Denis de la Réunion, François Mitterrand se dirigea vers un petit groupe de journalistes, entourant Florence et sâexclama : « Ah, elle nous a manqué. Câest comme quand vous traversez une forêt et que, soudainement, vous vous arrêtez en vous disant quâil manque un chêne ! »
Le soir même, les apartés du président furent moins bucoliques. Attablé en compagnie de Michel Charasse et de quelques autres caciques, le locataire de lâÃlysée évoquait lâÅil polisson les photos déshabillées dâune animatrice de télévision, Danièle Gilbert, qui venait de poser à moitié nue pour le magazine Lui . Or, Mitterrand, qui confessait avoir parcouru ce journal avec attention dans son bureau, avait le regard de celui à qui ces sous-vêtements semblaient évoquer quelques souvenirs⦠Lâintéressée sâest toujours défendue dâune quelconque liaison avec lâancien chef de lâÃtat.
Possédant un penchant aggravé pour les potins à forte connotation érotique, François Mitterrand adorait cribler certaines de ses invitées de confessions grivoises, certain quâelles les feraient rougir. Câest ce quâil se produisit un jour, lors dâun déjeuner à lâÃlysée, en 1993, en présence de Pierre Bergé, Georges-Marc Benamou et Françoise Sagan. « Vous souvenez-vous, Françoise, de ce voyage à Bogota ? Vous aviez eu un léger malaise et nous avions été obligés de vous faire hospitaliser. »
Les petits yeux de lâécrivaine, en points dâinterrogation, vrillèrent lâespace : « Heu, ouiâ¦Â », bredouilla-t-elle. « Câest-à -dire que jâétais allé vous rendre visite à lâhôpital, poursuivit Mitterrand, vous étiez endormie. Et le drap qui vous recouvrait avait légèrement glissé, laissant entrevoir lâun de vos seins. Il était splendide. Ce fut une vision magnifiqueâ¦Â » Nâen restant pas là , François Mitterrand disserta quelques longues secondes sur la poitrine de celle qui passa par toutes les couleurs de la palette. Telle une adolescente dont on vient de détruire lâinnocence.
Prenez-en de la gaine ! Bas, jarretelles, guêpières⦠le même Mitterrand pouvait également alimenter la conversation, effeuillant en compagnie de quelques-uns de ses éternels complices en la matière le souvenir de conquêtes dont la lingerie nâavait dâégales que les performances sexuelles. Une journaliste, dont nous ne citerons pas le nom, confie ainsi, médusée, avoir senti un jour la main de ce dernier sâaventurer le long de sa jambe, effleurant son porte-jarretelles : « Pardonnez-moi ce geste, lui murmura-t-il à lâoreille, mais rares sont les femmes de bon goûtâ¦Â »
Bien des voyages de François Mitterrand à lâétranger ont laissé des souvenirs impérissables à dâautres journalistes conviées à le suivre. Ainsi de Caroline Pigozzi, lâune des signatures de Paris Match et anthropologue patentée du Vatican, parmi les mieux informée de la profession. Lâintéressée a encore en mémoire le premier voyage officiel que fit lâancien président de la République en Inde, le 29 novembre 1982. Caroline Pigozzi, dont lâhebdomadaire nâétait pas à proprement parler lâorgane de presse préféré du locataire de lâÃlysée, avait un atout dans sa manche : son père nâétait autre que le fondateur de la firme automobile Simca. Lequel céda, au milieu des années soixante, à André Rousselet la G7, une compagnie de taxis qui fit la fortune de celui qui devint ensuite, non seulement le directeur de cabinet de François Mitterrand, à lâÃlysée, mais aussi son exécuteur testamentaire : « Je ne devrais pas vous aimer, dit ainsi un jour François Mitterrand à lâhéritière et journaliste, mais vous
Weitere Kostenlose Bücher