Les Amazones de la République
pour vous, monsieur le président. Mais elle nâose pas vous demander de participer à des émissions qui pourraient trancher avec celles dont vous avez lâhabitude. »
Amusé, François Mitterrand, qui ne fut pas dupe, accepta lâinvitation du journaliste de TF1, non sans avoir raconté la scène à celle dont Guillaume Durand sâétait prévalu, avec un certain aplomb.
Mois après mois, Marine Jacquemin sâinsinua ainsi dans les coulisses de la machine présidentielle. Et au cÅur même de la cellule diplomatique de lâÃlysée, que pilotait le président. à la fois journaliste et sherpa, aiguillon et confidente, amie et déesse, la jeune femme trouva discrètement sa place dans lâentourage dâun homme que sa présence illuminait. Et dont il avait gravé, en connaisseur, les mensurations sur son échelle de Richter personnelle.
Admise dans le saint des saints, Marine Jacquemin vécut, de fait, des moments privilégiés. Ainsi, lors dâune réunion du G7 au Japon, celle que TF1 avait une nouvelle fois dépêchée sur place fut immédiatement prise en charge par le président français. Elle fut du coup la seule femme invitée à pénétrer dans lâenceinte, ultra-protégée, où Bill Clinton, John Major, Gerhard Schröder et une brochette de grands de ce monde sâapprêtaient à poser pour la photo officielle de ce sommet.
Or Bill Clinton, qui avait repéré la jeune femme, lui lança, lâair canaille, des Åillades appuyées. Lâayant remarqué, François Mitterrand, sâapprocha de Marine Jacquemin et lui glissa à lâoreille, « Alors, il te plaît ? â Oh, que oui ! », répliqua la journaliste, avant que François Mitterrand lui propose de le rejoindre le lendemain matin, afin de partager le petit déjeuner programmé avec le locataire de la Maison Blanche ! La « White House » nâest pas dépourvue de chambres, boudoirs et couloirs discrets, put lire la journaliste dans le regard abrasif du président américain, qui dut sâinterroger, ce jour-là , sur la présence de cette jolie femme au côté de son homologue français⦠Toujours est-il quâà défaut dâun aparté avec Marine Jacquemin, Bill Clinton lui concéda une interview exclusive, quâelle rapporta dans ses bagages à Paris.
La complicité entre cette journaliste et un président de la République en exercice prit des tournures multiples et parfois insolites.
Câest ainsi que le locataire de lâÃlysée accepta, un autre jour, la présence à Latche dâune équipe de tournage, sur la demande de Marine. Il sâagissait de réaliser un portrait de vingt-six minutes de François Mitterrand. Or ce dernier, qui avait promis de réserver au journaliste dâEurope 1, Jean-Pierre Elkabbach, ses confessions politiques, avait assorti son feu vert dâune condition non négociable : il ne parlerait pas à TF1.
Il nâempêche, ces quelques images, rares, furent parmi les dernières dâun président malade. Pourquoi François Mitterrand avait-il accepté une telle intrusion, alors que, raviné par les souffrances, il voyait la vie se retirer sous lui, comme lâéchelle qui vous porte et que lâon escamote ? Avec la présence rassurante de Marine Jacquemin à ses côtés, en oublia-t-il les caméras impudiques qui fouillaient son visage pâle, très pâle, qui auscultait sa démarche hésitante, très hésitante ? Bref, Mitterrand ne voyait-il pas se réfléchir dans les focales de verre qui le filmaient le reflet dégradé dâune silhouette sâévaporant ? Mystère.
Parmi mille autres scènes et anecdotes puisées dans son cabas, celle-ci, encore.
Lors de lâun de ses voyages aux Ãtats-Unis, le chef de lâÃtat sâétait rendu à Colorado Springs, convié à lâinauguration de la « Library » de George Bush : un mausolée à la gloire de lâancien président américain. Et, comme de tradition désormais, Marine Jacquemin avait reçu un bristol de lâÃlysée, signé de la main de son locataire.
Affolée, lâavant-veille même de ce déplacement, la journaliste de TF1 se rendit
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