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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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d’Arvor, qui rêvait de l’inscrire à son tableau de chasse, fit ainsi longuement son siège : grattant et jappant à sa porte, le «  serial lover  » du Paf finit par croupir dans les douves d’une forteresse imprenable, derrière le pont-levis duquel « Marine » se claquemura, exterminant ses espoirs.
    François Mitterrand, qui lui trouvait également une classe folle, l’avait très tôt repérée. Au-delà des vallonnements de sa silhouette, qu’il aurait volontiers parcourus, l’ancien locataire de l’Élysée ne se lassait pas de fouiller dans le brasier de son regard irisant, dont il ne pouvait se détacher, à l’heure du journal de 20 heures.
    Or Danièle Burguburu, alors secrétaire générale du conseil de la magistrature – dont nous avons déjà évoqué le nom –, savait que le chef de l’État avait un faible tout particulier pour celle qui sillonnait le monde avec un aplomb et un courage qui le stupéfiaient.
    Cette proche du chef de l’État, qui habitait à l’époque dans un appartement situé juste en face du domicile de François Mitterrand, rue de Bièvre, contacta un jour la journaliste, à qui elle lança, d’un ton qui se voulait comminatoire : « Le président veut te voir. » Avant d’ajouter : « Il aime ce que tu fais et il voudrait que tu lui en dises un peu plus sur les régimes et les pays que tu sillonnes. » Fine mouche, Marine Jacquemin, qui ne flottait pas sur un tapis d’innocence, imagina derrière cette proposition, grossièrement ficelée, une collection d’estampes japonaises, dont François Mitterrand voulait lui faire profiter…
    Si bien qu’elle ne donna pas suite à l’invitation ! « Dites-lui que je l’attends », insista pourtant le locataire de l’Élysée, qui souhaitait à tout prix approcher celle qui avait réussi à faire du chef de l’État un téléspectateur assidu d’une chaîne qu’il abhorrait, TF1 ! Essentiellement en raison de la présence à l’antenne d’un PPDA, dont il détestait à la fois le ton et le style, convaincu qu’ils étaient chez lui l’expression d’un mépris affiché à son égard. Ce qui n’était pas tout à fait faux.
    La réticence de Marine Jacquemin tenait également à ses origines : issue d’une famille gaulliste, farouchement antisocialiste, elle avait été élevée dans le culte du « Général ». La gauche ? La Terre promise d’un peuple de bigots qui n’avait à la bouche que l’égalité, les 35 heures et des cantiques communistes psalmodiés entre la Bastille et la Nation, pestait-on le soir, à la table de papa et maman Jacquemin ! Et c’est aussi pour cette raison que la jeune femme, d’une indépendance farouche et d’une franchise de ton décapante, refusa durant plusieurs semaines de répondre à ce qui s’apparentait, à ses yeux, à une convocation.
    Jusqu’au jour où, n’en pouvant plus de l’impatience de celui qui pointait vers elle des yeux noirs de chien battu, Danièle Burguburu invita à dîner Marine Jacquemin. Quand cette dernière sonna au domicile de celle qui deviendra son amie, quelle ne fut sa surprise de voir François Mitterrand, en personne, ouvrir la porte.
    Â«Â Enfin, vous voilà ! », lui lança-t-il, l’invitant à le suivre dans le salon. Et c’est au coin d’une cheminée, où crépitait un feu de bois, que s’engagea une longue conversation entre la journaliste et le président. « Mitterrand semblait gourmand de tout ce que je lui racontais. Qu’il s’agisse de mes périples à travers le monde ou de mes reportages ramenés des confins de l’Afghanistan ou de l’Ouzbékistan : des contrées dont François Mitterrand feignait de découvrir jusqu’à l’existence. » Tel une tête couronnée d’Espagne à qui Christophe Colomb, revenu d’un lointain périple, aurait dessiné pour la première fois une mappemonde, le premier des Français semblait redécouvrir le globe à travers les récits de voyages d’un reporter au long

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