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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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du dossier des affaires de la Ville de Paris et de bien d’autres dossiers, liés à Jacques Chirac, l’homme est toujours resté, dans tous les cas, muet. Comme l’ensemble des spadassins de la chiraquie convoqués par la justice. Si bien que ces quelques anecdotes recueillies par l’auteur, de la bouche même de l’intéressé – qui réjouiront, espérons-le, le lecteur, comme s’en amuse aujourd’hui celui qui nous les narra –, ne sont que l’écume des choses.
    Car reste la part de secret : ce magma de souvenirs, autrement plus abrasifs et explosifs, qu’il conserve au tréfonds d’une mémoire en forme de marmite, où bouillonne un frichti à fort teneur de soufre. Bernadette Chirac et l’ensemble du « clan » ont tort de se gausser de cette cervelle aux engrenages bien moins grippés qu’ils l’affirment encore aujourd’hui ! Mijote, tout au fond de son faitout, une compotée de petites combines et d’affaires en tous genres, qui ont émaillé l’histoire de la chiraquie de ces trente dernières années, laquelle ferait la joie de quelques magistrats.
    Ã‰voquant ainsi les relations qu’entretint Jacques Chirac avec le président gabonais, Omar Bongo, Jean-Claude Laumond, dont l’œil se plisse de malice, entrouvrit, pour finir, sa boîte à goupillons, dont il extrait un échantillon, qu’il nous solda.
    Mais nous le bûmes. « Il était gentil, M. Bongo, très, très gentil, ronronna ce gros matou aux griffes soudainement sorties. Il s’occupait de tout le monde et avec une attention toute particulière pour ses amis… », poursuit celui qui évoqua, dans un langage à peine crypté, les largesses d’un chef d’État africain particulièrement prodigue.
    Â«Â J’ai encore un peu de mémoire », ironise-t-il enfin, évoquant une période où les valises avaient de multiples fonctionnalités. Fantasmagories ? Non, si l’on réfère à la chronique – plus que fournie – des nombreuses affaires puisées dans les bas-côtés de la « Françafrique » et ses officines : ce dont la presse si fit largement l’écho au cours des trois dernières décennies. « Je me souviens, poursuivit Laumond, n’avoir vu qu’une seule et unique personne, dans l’entourage de Jacques Chirac, refuser un cadeau de Bongo, lequel tenait dans une simple petite mallette. »
    Â«Â Et qu’y avait-il à votre connaissance à l’intérieur ? », interrogea, benoîtement votre serviteur. — Je vous laisse deviner, acheva dans un sourire celui dont le disque dur semble abriter tout un arsenal de bombinettes.
    Jean-Claude Lomond paiera au prix fort ses années passées aux côtés de Jacques Chirac. Quand ce dernier quitta l’Élysée, en 1998, il en fut immédiatement fini de ses fonctions de chauffeur. Et ce sont les Chirac qui se chargèrent, là encore, de le faire muter au plus loin de Paris, à perpette : en Nouvelle-Calédonie, ce « bagne politique », pour reprendre l’expression de cet ancien chauffeur, où il fut employé, une année durant, dans une société de sécurité basée à Nouméa.
    De retour à Paris, après cet exil contraint, c’est dans un cimetière qu’il clôturera, de la manière la plus triste, son exotique carrière. Ayant donné sa parole à Jacques Chirac, lors de son départ à Nouméa, non seulement qu’il ne ferait jamais de politique, mais ne prononcerait, également, jamais un mot qui puisse lui porter préjudice, Jean-Claude Laumond était en droit d’espérer un tout autre sort.
    Mais l’ancien « chargé de mission » de Jacques Chirac, qui avait postulé pour un poste aux Parcs et Jardins de la capitale, se vit muter dans les sous-sols du Père-Lachaise, où se nichent les bureaux de ce cimetière parisien. C’est-à-dire, sous une mer de chrysanthèmes et un linceul de dalles funéraires : un ensevelissement de première classe pour celui qui tomba alors en dépression…
    Alerté par ce destin pour le moins cruel, Canal + envisagea à l’époque de consacrer un sujet à la descente aux Enfers

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