Les Amazones de la République
de celui qui avait fait vÅu de fidélité. Molosse à bout de souffle que tout un clan avait banni, lâintéressé refusa de rompre, pour autant, sa promesse. Quinze ans ont passé et celui qui accuse, toujours, Bernadette Chirac dâêtre à lâorigine de sa disgrâce, ne sâinterdit plus de parler un jour : en guide zélé et bavard, il nâécarte plus, en effet, lâidée de faire visiter, sous sa plume, ce que fut la « maison Chirac », côté cuisines. Et cette fois-ci, avec une précision de Bottin téléphonique.
Chapitre 33
La Gazelle dâOr
On lâa dit : ils sont peu nombreux, les journalistes qui surent gagner la confiance de lâancien chef de lâÃtat et de son épouse. Caroline Pigozzi, de Paris Match , fut ainsi lâune des rares à être admise dans le cercle familial des Chirac. Jacques Chirac, lui-même, lâavait mariée en 1985. Et Bernadette était devenue, au fil des années, une amie. Si bien quâadoubée par le couple, cette plume participa, notamment, à lâémancipation journalistique de Claude, lâune des deux filles de lâancien président de la République.
Mais que sâest-il passé au sein de cette famille, à lâhiver 2012, pour quâelle accepte enfin de sortir Laurence des limbes et de lâoubli, et pour la première fois publiquement ? Laurence, cette jeune femme et seconde fille des Chirac, ravagée par la maladie et à lâexistence confinée. Le tableau de cette famille, recomposée, fut peint par Caroline Pigozzi, qui rédigea, à la fin du mois de novembre de cette même année, un article publié dans les colonnes de Paris Match , après avoir passé quelques jours en compagnie des Chirac à La Gazelle dâOr, ce palace et pied-à -terre marocain des Chirac, situé près de Taroudant.
à lâorigine, il nâétait aucunement question dâécrire la moindre ligne sur ce séjour. Bernadette Chirac, qui redoutait sans doute cette semaine, en tête à tête avec un époux malade, avait demandé à la journaliste de la rejoindre. Après quelques jours passés à leur côté, celle-ci avait regagné Paris. Mais à peine avait-elle posé un pied chez elle que lâépouse de Jacques Chirac la rappela et lui demanda de revenir au plus tôt, afin dâachever cette semaine de vacances avec elle.
Et câest lors de ces dernières quarante-huit heures que Bernadette Chirac évoqua la santé de sa deuxième fille, Laurence : cette « blessure secrète » de lâancien président de la République, pour reprendre le terme communément usité par les journalistes, depuis plus de trente ans, lorsque, pudiquement, ce calvaire familial était évoqué. Les dernières photos de Laurence Chirac, publiées dans la presse et prises dans les jardins de lâHôtel de Ville de Paris, remontent, en effet, aux années quatre-vingt : on y voyait alors une jeune fille brune et souriante, qui avait réussi des études de médecine, malgré lâanorexie mentale qui lâavait terrassée, à la suite dâune forme virulente de méningite. Avant que sâensuive une tentative de suicide, au milieu des années quatre-vingt-dix.
« Si Laurence va mieux, comme vous semblez me le dire, pourquoi ne pas la montrer ? », se risqua Caroline Pigozzi. Le 80 e  anniversaire de Jacques nâétait-il pas enfin lâoccasion de sortir de ce quasi-anonymat cette fille cachée ? Et câest ainsi que Bernadette Chirac téléphona à son autre fille, Claude, qui donna son feu vert.
Quelques jours plus tard, Match publiait les photos dâune femme assise au milieu des autres : « Et pourtant on ne voit quâelle. Derrière la frange qui lui tombe sur les yeux, elle se dérobe un peu, accrochée à son paquet de Gitanes filtres. Elle esquisse un sourire que le regard semble démentir, et sur son visage on lit la brutalité de la vie. Il faut regarder la légende pour comprendre que cette quinquagénaire, le dos un peu voûté dans son grand blouson en jean nâest autre que Laurence », commentera Ãlise Karlin ; dans les colonnes de LâExpress : une photo chargée de non-dits, qui résume Ã
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