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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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elle seule toute l’histoire à éclipses d’une famille emmenée par un patriarche à l’estuaire d’une vie.
    Si l’on vous narre cette anecdote, c’est que Laurence Chirac réapparut, à l’occasion d’un excellent documentaire, diffusé en février 2013, sur France 2, Le Clan Chirac : une famille au cœur du pouvoir. L’un des mérites de ce film est d’avoir braqué ses projecteurs sur les trois femmes d’un seul homme : Bernadette, que l’on voit évoquer, d’une voix empreinte de lassitude, ses années passées à Matignon, marquées du sceau d’un ennui sans fond. Claude, ce feu follet, aux emballements et colères incandescents, à proportion, qui chaperonna un père dont elle tailla, sur mesure, le costume médiatique. Et Laurence, enfin, cette femme au teint d’ivoire que l’on voit apparaître dans ce film, comme sortie des brumes d’une cinémathèque oubliée.
    Ce documentaire, qui fit un beau succès d’audience, est signé de Pierre Hurel et d’Anne Fulda. Cette dernière, journaliste au Figaro et chroniqueuse politique à ses heures sur l’antenne d’Europe 1, mais pas seulement, ne cacha pas sa fascination pour cette famille à l’intimité ratissée : une consœur, dont nous allons évoquer l’histoire, tout aussi éloquente, qu’elle vécut aux côtés d’un autre président de la République, Nicolas Sarkozy.

Chapitre 34
Sarkozy à cœur ouvert
    Â«Â Et toi, qu’est-ce que tu fais, quand Sarko sort son matos ? » La question fusa tout de go, sur un ton qui se voulait badin. D’une voix chuintante, chantante même. D’où aurait pu très bien sortir : « Thé ou café ? », « Avec ou sans sucre, ma chériiiiie ? » Un ton aussi dépourvu d’expression qu’un verre d’eau.
    Cette haute couturière du journalisme politique, parfaitement au fait des mœurs de cette République, dont elle tient la chronique avec assiduité, venait de cueillir à froid une jeune et ravissante consœur, dans l’un des bureaux d’un grand hebdomadaire parisien. À en croire le pli sur les lèvres, qui exprimait une jubilation mal contenue, ce petit jeu, un brin pervers, plaisait à son aînée. Bien que n’étant pas née, pourtant, de la dernière pluie, il pendait au-dessus de la tête de sa cadette, comme accroché à une corde de piano, un gros point d’interrogation. Kesako ?
    Difficile de masquer sa stupéfaction, avec ses sourcils qui affichaient un point circonflexe et sa bouche, bée, qui s’ouvrait sur une trappe. « Mais comment peux-tu être aussi sûre de ce que tu avances ? », disait son regard. « Et toi, comment peux-tu douter de ce que je sais de lui ? », lui répliqua celle qui la fusilla d’une expression plombée d’assurance : le reflet du vécu d’une figure du sérail, dont les faits d’armes l’autorisaient à parler de manière aussi crue.
    Mais quel culot ! s’enflamma la plus jeune. Que sous-entendait celle que nous baptiserons « Marie » (afin de protéger son anonymat), par ce « Quand Sarko te… » ? Insultant, non ? Pour qui la prenait-elle ? Et pourquoi ne pas lui dire, plutôt : « Est-ce que Sarko t’a… ? » Ou bien : « Sais-tu que Sarko est capable de… » Que signifiait, enfin, cette allusion graveleuse, prononcée sur le ton de l’évidence, à propos de Nicolas Sarkozy ? De ces allusions salaces lancées avec un tel aplomb qu’elles ne peuvent souffrir d’aucune contestation possible. Cette tsarine, à qui on ne la fait pas et pour qui l’ancien locataire de l’Élysée ne semble n’avoir plus guère de mystères, ponctua son propos d’une expression taquine, qui voulait dire : « Allons ma cocotte, ouvre les yeux… »
    Un Chirac ? Un Mitterrand ? Un Sarkozy ? Combien de conquêtes au compteur ? Bien ! Imbattable sur le sujet, elle savait, à la pièce près, ce qu’il y avait sous le capot de bien de nos dirigeants, anciens ou actuels, dont elle tint les livres de comptes, sur le strict plan de leur vie

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