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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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enfants appareillés et mis en ordonnances d’anges ». Il ajoute même ce détail amusant : « Il y avait une figure de Notre-Dame qui tenait un petit enfant, lequel s’ébattait à part soi avec un petit moulinet fait d’une grosse noix [114] … »
    Ailleurs, il y avait des fontaines de vin et toutes les rues étaient tapissées de draps bleu ciel sur lesquels se détachaient des fleurs de lis d’or.
    La reine et sa suite arrivèrent à l’entrée du grand pont. Là, un spectacle surprenant attendait tout le monde. Un funambule genevois, qui avait disposé une corde allant de l’une des tours de Notre-Dame au faîte de la première maison du pont [115] , descendit de façon vertigineuse, tenant, en guise de balancier, une couronne dans la main droite et un flambeau allumé dans l’autre. Au moment où la reine allait s’engager sur le pont, il lui déposa la couronne de fleurs sur la tête et s’en retourna sur sa corde à une vitesse stupéfiante.
    En voyant la torche remonter comme une étoile filante vers le sommet de la cathédrale, la foule poussa un immense cri d’admiration.
    Enfin, le sacre eut lieu, suivi d’un repas où la presse, nous dit Froissart, fut si forte que plusieurs personnes furent étouffées par la chaleur et que la reine elle-même « fut obligée d’abattre une cloison derrière elle pour se donner de l’air… ».
    Après ces fêtes, Isabeau reprit sa vie un peu compliquée avec le roi, le duc de Touraine et Bois-Bourdon.
    Or les liens entre ces différents personnages se resserrèrent encore le jour où Charles VI, poussé par un démon plein d’ironie, devint l’amant de sa belle-sœur, Valentine Visconti…
    Il eût voulu, bien entendu, tenir sa liaison secrète, mais Isabeau, grâce à sa police personnelle, en fut rapidement instruite. Jugeant inutile de manifester une jalousie inopportune, elle alla trouver Valentine et lui déclara qu’elle lui cédait volontiers le roi, sous condition de pouvoir « profiter » en retour du duc de Touraine. Ce qui fut accepté par la charmante et peu rigoriste Milanaise.
    Le pauvre Charles VI, qui n’eut jamais connaissance de cette coupable association, fit donc, sans le savoir, partie d’un ménage à quatre.
    Las ! le duc de Touraine avait un confident, le marquis de Craon, auquel il contait par le menu tous les exploits amoureux qu’il accomplissait avec la reine. Un jour, pour une raison que l’on ignore, le marquis trahit la confiance de son ami et révéla à Valentine Visconti que le duc était l’amant d’Isabeau bien avant que leur curieux accord ne fût conclu. La jeune femme, irritée, fit, le soir même, des reproches à son mari qui, aussitôt, mit la reine au courant des bavardages de Craon.
    — Qu’il soit chassé du palais ! s’écria-t-elle.
    Averti de sa disgrâce, le marquis, furieux, jura de se venger et partit se réfugier chez son ami le duc de Bretagne. Celui-ci, depuis longtemps, voulait la perte du connétable de Clisson, successeur de du Guesclin.
    — C’est lui, j’en suis sûr, qui a dressé la reine contre vous, dit-il à Pierre de Craon. Vous savez combien il est attiré par les femmes. Peut-être était-il jaloux de vous savoir admis dans cette cour d’amour sur laquelle on m’a rapporté maints détails piquants…
    Le marquis baissa le front, un peu honteux.
    — Je vous fais serment de l’occire avant peu.
    Un mois plus tard, le connétable de Clisson, qui sortait d’un dîner offert par le roi, était attaqué dans une rue du quartier Saint-Pol et laissé pour mort sur le pavé.
    Charles VI l’aimait beaucoup ; il courut à son chevet.
    — Connétable, comment vous sentez-vous ?
    — Très petitement, sire !
    — Qui vous a mis en ce parti ?
    — Pierre de Craon et ses complices, traîtreusement et sans nulle défiance.
    — Connétable, oncques chose ne fut si cher payée comme le sera celle-ci [116] .
    Et l’on ramena Clisson dans sa maison « où il fut long à guérir ».
    Le lendemain, le roi décidait d’organiser une expédition punitive contre le duc de Bretagne, chez qui s’était réfugié, une fois encore, le marquis de Craon.
    Hélas ! au cours de cette expédition, un malheur terrible allait frapper la France.
     
    Le 5 mai 1392, le roi quittait Vincennes à la tête de ses troupes.
    Isabeau lui fit des adieux touchants.
    — J’ai grande navrance de votre départir, messire, dit-elle, car je n’approuve point cette entreprise. Il

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