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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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derrière eux que
Clément retenu par une Céline à la recherche d’un appui. Claire, Gérald, Lionel
et Aline marchaient quelques pas en avant de leurs parents sur la route
enneigée.
    – Il est
toujours aussi fou, le bât ard !
dit Eugène, les dents serrées.
    – De qui
parles-tu ? lui demanda Thérèse.
    – De Veilleux,
cette affaire ! répondit le cultivateur avec humeur. Tu te décarcasses
pour lui sauver la peau, et c’est à peine s’il te dit merci.
    – Écoute, Eugène,
il est à l’envers, le pauvre homme ! le raisonna sa femme d’une voix
sévère. Il vient de perdre un de ses garçons ! Mets-toi à sa place. Il me
semble que c’est facile à comprendre, ça !
    Eugène
ne répondit rien, mais il n’en pensa pas moins.
    Lorsque les
derniers visiteurs furent partis un peu après vingt-trois heures, les Veilleux
organisèrent la veillée au corps de manière à ce qu’à aucun moment de la nuit
Adrien ne soit seul dans le salon. Lorsqu’on proposa à Ernest de le ramener dans
sa chambre pour prendre quelques heures de repos, il refusa tout net de bouger
de sa chaise.
    – Je suis
correct. Laissez-moi tranquille, dit-il si abruptement que personne n’osa s’opposer
à sa volonté.

Chapitre 20
Le deuil
    Le
lendemain, la parenté et les habitants de Saint-Jacques envahirent la maison d’Ernest
Veilleux dès la fin de la grand-messe. Les gens défilèrent durant toute la
journée devant le cercueil de l’enfant. Un nuage d’ acre fumée de pipe était suspendu au plafond
de la cuisine d’été et se répandait peu à peu dans le reste de la maison. Dès
leur arrivée chez leurs parents, à la fin de l’avant-midi, Albert et Maurice
avaient cherché à se rendre utiles. Le frère mariste se tenait surtout dans le
salon, près de son père, tandis qu’Albert voyait à ce que les hommes rassemblés
dans la cuisine d’été ne manquent de rien. Il remercia même Clément de toute l’aide
qu’il avait apportée à sa famille depuis l’accident de la veille. Il allait se
charger de soigner les animaux avec ses frères, du moins jusqu’à son départ, le
lendemain après-midi.
    Après le dîner, Maurice
parvint à convaincre son père d’aller dormir une heure ou deux dans sa chambre.
    – Si vous
faites pas ça, p’ pa, avait plaidé le religieux, vous serez
jamais capable de veiller cette nuit avec nous autres. Vous avez déjà de la
misère à garder les yeux ouverts.
    En ronchonnant, Ernest Veilleux accepta l’aide de ses fils pour
réintégrer sa chambre, où on l’allongea sur le lit. La porte de la pièce n’était
pas encore fermée qu’il dormait déjà.
    Le soir, après le
départ des derniers visiteurs, sœur Gilbert ne put s’empêcher de dire à sa mère
et à ses sœurs :
    – La maison
est une vraie soue à cochons. On va nettoyer un peu avant de veiller Adrien.
    Pendant
que les femmes, épuisées, lavaient la vaisselle sale qui traînait un peu partout,
Albert et ses frères balayèrent et lavèrent sommairement les planchers et remirent
de l’ordre dans le salon ainsi que dans les deux cuisines. On installa ensuite
des paillasses par terre dans la cuisine d’été pour Maurice, Albert et Jérôme, et
chacun annonça ses heures de veille. Ernest et Yvette refusèrent tout net d’aller
se coucher en cette dernière nuit. Ils allaient pouvoir compter sur la présence
de quelques-uns de leurs enfants durant les heures qui les séparaient des funérailles.
    Le lundi, à l’aube,
Albert réveilla ses frères pour aller traire les vaches et nourrir les animaux.
Dans la cuisine, leur mère s’activait déjà à préparer le déjeuner avec l’aide
de son aînée et de Céline. Le repas se prit dans une atmosphère d’autant plus
lourde que chacun ressentait les heures volées au sommeil depuis deux jours.
    – Qu’est-ce
qu’on va faire pour votre père ? chuchota Yvette après avoir servi des
crêpes nappées de sirop à son mari, qui avait refusé de venir s’asseoir à table.
    – Je vais lui
parler, dit Albert sur un ton décidé. Avec sa jambe dans le plâtre, il peut pas
venir en traîneau à l’église.
    – T’as raison,
l’approuva son frère Maurice. Je vais rester ici avec lui pour prier.
    Ernest
Veilleux n’accepta pas facilement de rester cloué à la maison pendant qu’on
célébrerait les funérailles de son Adrien. Il fallut que ses deux fils fassent
preuve de patience pour calmer sa révolte et le persuader de demeurer à

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