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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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veille de revoir ma sœur, lui déclara l’adolescente.
    – Pas avant
deux semaines au moins, répondit le jeune homme. J’ai reçu deux de ses lettres
avant-hier.
    – Non, plus
vite que ça. Mon père lui a fait écrire qu’il voulait qu’elle soit revenue en
fin de semaine. Je pense que la cousine a pas le choix. Il va falloir que son
mari la ramène aujourd’hui ou demain.
    – C’est une
bonne nouvelle, fit Clément en se retenant pour ne pas laisser éclater sa joie.
    Vers
quinze heures, les premières gouttes de pluie se mirent à tomber et les
premiers éclairs zébrèrent le ciel subitement devenu tout noir.
    – Je pense qu’on
va avoir droit à tout un orage, fit Georges Hamel en se levant.
    Tout
le monde l’imita et on se précipita pour aider à ranger la nourriture et à
rentrer les chaises et les bancs. Germain couvrit les épaules de sa femme avec
son veston. Les nouveaux mariés s’empressèrent alors de remercier leurs voisins
et Gabrielle embrassa Agathe Cournoyer avant de monter dans le boghei qui
allait la conduire à sa nouvelle maison, quelques arpents plus loin.
    Germain Fournier se hâta de rentrer chez lui. Il déposa Gabrielle avec
sa valise devant la porte et il poursuivit son chemin jusqu’à l’écurie devant
laquelle il détela son cheval avant de le faire entrer dans le petit bâtiment. Il
revint à la maison au pas de course, sous une véritable pluie diluvienne qui
gagnait encore en force.
    Lorsqu’il entra
dans la maison, il trouva Gabrielle debout au centre de la cuisine, examinant
son nouveau domaine. Il s’empressa d’allumer une lampe à huile tant la clarté
extérieure avait baissé. La jeune femme fit quelques pas vers le salon et regarda
longuement la pièce.
    – Puis, qu’est-ce
que t’en penses ? demanda Germain en affichant une certaine fierté.
    – T’as fait
un bien beau ménage, le félicita-t-elle.
    – Là, au pied
de l’escalier, c’est notre chambre, expliqua-t-il en ouvrant largement la porte.
    La
nouvelle épousée n’avança que la tête pour regarder à l’intérieur de la pièce. Il
y avait là un lit, deux tables de chevet et une imposante commode en bois foncé
sur laquelle étaient posés un pichet et un bol en faïence rose et blanc.
    – Il est déjà
presque quatre heures, fit Germain. Je pense qu’on est mieux de se changer. Il
faut que j’aille faire le train et toi, je suppose que tu veux préparer le souper.
    L’invitation
était claire. Déjà, Germain déboutonnait sa chemise mouillée par la pluie. Mais
l’atmosphère était devenue soudain inconfortable. L’un et l’autre ne semblaient
pas particulièrement à l’aise en songeant à ce qui les attendait.
    – Change-toi,
dit sa femme. Moi, ça peut attendre. Je vais continuer à faire le tour de la
maison.
    Sur ce, Gabrielle ferma la porte de la chambre
sur son nouveau mari un peu dépité. Quelques minutes plus tard, elle ne vit pas
Germain quitter la maison sous la pluie parce qu’elle était occupée à
inventorier le contenu des chambres à l’étage. Lorsqu’elle entendit la porte
claquer au rez-de-chaussée, elle descendit et se dirigea immédiatement vers la
petite bourse qu’elle n’avait pratiquement pas quittée de la journée. Elle en
tira son porte-monnaie dans lequel elle avait enfoui le cadeau de noces de sœur
Sainte-Anne, la supérieure de l’orphelinat, et celui du curé Lussier, soit ses
deux derniers mois de gages. C’était la première fois de sa vie qu’elle
possédait autant d’argent et l’idée d’en faire part à Germain ne lui avait même
pas effleuré l’esprit. Avant le retour de ce dernier de l’étable, elle
dissimula cet argent dans un pot vide, au fond du garde-manger. Ensuite, elle
alla se changer et étendit sur le lit la robe de nuit qu’elle avait cousue et
brodée pour sa nuit de noces.
    L’orage gronda
durant encore une bonne heure, mêlant les éclairs aux coups de tonnerre. La
pluie redoubla de violence. Gabrielle alluma le poêle et prépara un souper tout
simple, son premier repas chez elle. Quand elle entendit Germain traverser la
cour en courant, elle se planta devant la porte-moustiquaire, tenant un pantalon
de son mari à la main.
    – Enlève tes bottes sur le balcon, tu vas salir le plancher,
lui conseilla-t-elle. Tiens, change aussi de pantalon, sinon ça va sentir l’étable
dans toute la maison.
    – Dehors ?
s’étonna Germain en jetant un regard vers la route.
    – Qui est-ce
qui va

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