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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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moi, j’adore le bleu.
    Pendant que Claire
repliait les courtepointes avec l’aide de sa sœur Aline, Hubert Gendron s’entendit
sur le prix avec Thérèse Tremblay et il la paya. Le jeune homme, son
acquisition sous le bras, quitta ensuite la maison après avoir remercié les
deux femmes.
    Debout devant l’une
des fenêtres de la cuisine d’été, Claire, songeuse, le regarda s’éloigner sur
la route.
    – Vous avez
vu, m’man, chuchota Aline à l’autre bout de la pièce. On dirait bien que l’ingénieur
est tombé dans l’œil de Claire.
    – Dis donc
pas de bêtises, toi, la réprimanda sa mère. Comme si tu connaissais quelque
chose à ça.
    – C’est pas
parce que j’ai juste quinze ans que je suis niaiseuse, m’man, fit l’adolescente,
un peu humiliée.
    Sa
mère préféra ne pas relever la remarque et sortit sur le balcon pour surveiller
le retour du village de Lionel et de Jeannine.
    Deux jours plus
tard, Claire et sa mère achevaient de verser dans des pots la confiture de
framboises qu’elles venaient de cuisiner sur le poêle à bois quand le bruit d’un
attelage les surprit.
    – C’est pas
le boucher qui passe déjà ! s’exclama Thérèse en s’essuyant les mains avec
son tablier, prête à se rendre à la porte.
    – On est
vendredi, m’man. Ça pourrait bien être lui, dit Claire sans se donner la peine
d’aller vérifier.
    Du
mois d’avril jusqu’à la mi-octobre, Ludger Comtois, le boucher de Pierreville, passait
tous les vendredis dans les rangs de Saint-Jacques-de-la-Rive pour proposer sa
viande qu’il conservait sur des blocs de glace dans sa voiture couverte.
    – M’man, c’est
le peddler, annonça Aline en laissant claquer derrière elle la porte de la
cuisine d’été.
    L’adolescente, occupée à désherber le jardin, avait vu la voiture s’engager
dans la cour et elle s’empressait de venir prévenir sa mère.
    –  C’est une
chance que ton père soit pas ici, reconnut sa mère. Si c’était le cas, il l’aurait
déjà viré de bord et on aurait rien pu voir de ce qu’il a à nous montrer. Venez,
les filles. On va aller voir s’il a au moins du fil et des aiguilles. En plus, j’ai
besoin de boutons.
    –  P’ pa dit toujours qu’il vend bien plus cher
qu’Hélèna, au village, dit Aline en sortant la première.
    – Ton père
dit ça pour qu’on achète rien, dit Thérèse. Chez Hélèna, le matériel est pas
bien beau et les patrons sont passés de mode depuis des années.
    Un
petit homme mince, coiffé d’une casquette brune et portant une chemise blanche
aux manches retenues à la hauteur des biceps par des élastiques, s’empressa de
descendre de voiture à la vue des trois femmes qui venaient à sa rencontre et
il ouvrit largement la porte arrière de sa voiture couverte tirée par deux gros
chevaux bais .
    – Bonjours, mesdames.
Si vous avez besoin de quelque chose, j’ai tout ce qu’il vous faut à l’intérieur.
Montez et regardez, ça coûte rien.
    Pendant plusieurs
minutes, Thérèse et ses deux filles explorèrent le contenu de la voiture. Finalement,
si la mère se contenta d’un peu de ruban et de quelques bobines de fil blanc, Claire
acheta quelques verges de tissu bleu royal, un peu de dentelle et un patron.
    Alors que le commerçant itinérant reprenait la route après avoir été
payé, Aline ne put s’empêcher de dire, sur un ton où perçait l’envie :
    –  Il y en a
qui sont chanceuses de pouvoir se payer du beau matériel.
    – On
peut pas tout avoir, lui répondit sa sœur, piquée au vif. Toi, tu vas au
couvent ; moi, je travaille à la maison. C’est normal que je me fasse un
peu d’argent en faisant des courtepointes et des catalognes avec m’man.
    – On sait
bien, fit l’adolescente en se rebiffant.
    – Quand
est-ce que tu vas te faire une robe ? demanda Thérèse à sa fille aînée
pour désamorcer la dispute qui s’annonçait.
    – Le patron
est pas mal simple, m’man. Je devrais être capable de la tailler aujourd’hui. Je
la coudrai quand j’aurai le temps.
    Il
faut croire que la jeune femme trouva facilement le temps parce qu’elle portait
sa robe neuve à la grand-messe du dimanche suivant. À la fin de
la cérémonie, elle vit du coin de l’œil Hubert Gendron chercher à s’approcher d’elle
dès sa sortie de l’église. Elle ralentit volontairement le pas pour lui permettre
de la rejoindre.
    À la vue de la manœuvre,
Thérèse Tremblay retint son mari par une

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