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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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venue pour faire le ménage. T’es là pour prendre soin de m’man.
Fais juste ça. Je m’arrangerai avec le reste.
    C’est
ainsi que plus de deux semaines plus tard, l’aspect intérieur de la maison n’avait
guère changé. Peu habituée à entretenir une maison, Florence Cohen s’était
contentée de ranger un peu la chambre de sa mère malade et de nettoyer à fond
la vaisselle et la table de cuisine. Tiraillée entre le lavage, le repassage et
les soins à donner à la malade, elle trouvait à peine le temps de dormir
quelques heures chaque nuit.
    En
cette fin de la première semaine de septembre, elle était au bord de l’épuisement
et ses yeux se fermaient tout seuls pendant que le curé Lussier administrait
les saintes huiles à sa mère mourante dans la pièce voisine.
    Soudain,
la porte de la chambre s’ouvrit et livra passage au prêtre qui, tout en marchant,
retira son étole.
    – Elle a l’air
de s’être endormie, murmura Antoine Lussier aux deux enfants de la malade qui s’étaient
levés à son entrée dans la cuisine. Priez pour elle. Dieu viendra la chercher
quand son heure sera venue. Elle est maintenant prête à comparaître devant lui.
    – Merci, monsieur
le curé, fit Florence en l’accompagnant vers la porte.
    – Vous
me ferez prévenir quand le moment sera venu, ajouta Antoine Lussier en coiffant
sa barrette.
    Quand le boghei du
curé eut quitté la cour, Florence sortit un pain de la huche et déposa quelques
tomates, un morceau de fromage et de la laitue sur la table.
    – On
va manger un morceau et après ça, je vais monter me coucher une heure ou deux. Je
tiens plus debout, annonça-t-elle à son frère.
    Ce
dernier, toujours aussi taciturne, ne dit rien. Il se contenta d’aller jeter
une bûche dans le poêle à bois avant de remplir d’eau la théière qu’il déposa
sur le poêle.
    Quelques
minutes plus tard, Germain Fournier alla s’asseoir sans bruit sur la chaise
placée au pied du lit de sa mère. La malade semblait perdue au milieu du grand
lit tant elle était petite. Son visage cireux se détachait à peine de l’oreiller
blanc sur lequel sa tête reposait. Son fils dut se pencher un instant vers elle
pour percevoir sa faible respiration haletante.
    Il
régnait une chaleur suffocante dans la petite pièce sombre. Florence maintenait
la toile tirée à demi devant la fenêtre à peine entrouverte. Après
quelques minutes, le jeune cultivateur finit par succomber à la fatigue. Sa
tête tomba sur sa poitrine et il s’endormit.
    Combien
de temps dormit-il ? Il n’aurait su le dire. Toujours est-il que lorsqu’il
se réveilla en sursaut, il vit que sa mère avait les yeux ouverts. Une étrange
douceur émanait de son visage émacié.
    – Vous
voulez quelque chose, m’man ? demanda le jeune homme en se frottant les
yeux.
    Son
offre ne suscita aucune réaction chez la malade. Elle ne cilla même pas. Il s’approcha
et toucha timidement les mains de la malade : elles étaient froides.
    Germain
Fournier sortit de la chambre et alla réveiller sa sœur à l’étage.
    – Viens
vite, lui cria-t-il en ouvrant la porte de sa chambre. Je pense que m’man vient
de partir.
    Sa
sœur le suivit en bas sans perdre un instant. Le cœur lui faisait mal quand
elle entra dans la chambre où reposait sa mère. À son
tour, elle constata que le corps était froid. Toute désemparée, elle se tourna
vers son frère.
    – Pauvre
m’man, elle a fini de souffrir… Maintenant, qu’est-ce qu’on doit faire ?
    Germain
demeura un long moment silencieux avant de dire :
    – Je
pense que le mieux est d’aller chercher madame Tremblay. Elle, elle doit savoir
ce qu’on doit faire quand il y a une mortalité. Je peux pas me fier à ce qu’on
a fait quand le père est mort. Le monde avait tellement peur de la grippe
espagnole qu’ils l’ont sorti de la maison aussitôt qu’il est mort.
    – OK,
va la chercher, fit sa sœur. Après, je suppose que tu vas être obligé d’aller
chez Desfossés, à Pierreville, pour le cercueil. Pense à arrêter chez Traversy pour téléphoner à Sam. Dis-lui que m’man est morte et que je l’attends.
    Lorsque
Claire Tremblay vit le deuxième voisin arrêter sa voiture dans leur cour, elle
se douta de ce qui l’amenait et elle prévint immédiatement sa mère occupée à
préparer de la pâte à pain.
    – M’man,
c’est Germain Fournier qui arrive. Pour moi, ça va plus mal pour sa mère.
    Thérèse
Tremblay alla se laver

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