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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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que sa mère ne la dénoncerait pas, l’adolescente s’empressa de
quitter la cuisine d’été.
    – Je te dis
que celle-là, quand elle veut quelque chose, il y a rien
qui l’arrête, dit Thérèse avec une certaine fierté a Claire, qui n’avait pas
ouvert la bouche une seule fois pendant que sa mère disputait sa cadette.
    –  Pour une fois que la chicane entre p’pa et
le voisin sert a quelque chose, laissa tomber la jeune femme, sans plus
commenter.
    –  Pour ça, t’as
bien raison, fit sa mère.
    Au milieu de l’après-midi,
l’odeur des pommes cuites embaumait la cuisine d’été des Tremblay. Thérèse et
ses filles s’étaient occupées à remplir des pots de compote de pommes quand
Aline vit passer Germain Fournier sur la route.
    – Tiens, Germain
est allé chercher des bidons de lait chez Veilleux ou Desjardins, fit-elle
remarquer à sa mère et a ses sœurs.
    – Pauvre
Germain, il doit pas trouver la vie bien drôle, maintenant qu’il est tout seul,
dit Thérèse Tremblay. Pas un chat à qui parler.
    – Sais-tu, Claire,
que ce gars-là te ferait un bon parti, reprit Aline. Il a presque ton âge et…
    – Exagère pas,
toi. Il a au moins cinq ans de plus que moi, protesta Claire Tremblay. En plus,
il est laid comme un pou . Un
vrai pichou !
    – Voyons, Claire !
la réprimanda sa mère. T’es bien assez vieille pour savoir que la beauté chez
un homme a pas d’importance.
    – Je veux
bien le croire, m’man, mais il y a tout de même des limites. Germain Fournier
est jamais sorti avec une fille de la paroisse parce qu’elles le trouvaient toutes
trop laid. Je suis pas plus folle qu’elles. C’est pas parce que je suis vieille
fille cette année que je suis prête à prendre n’importe qui.
    – C’est
pourtant un bon travaillant. Il est vaillant et il a une terre.
    – Oui. Il a
aussi une maison qui est une vraie soue à cochons. Non merci. J’aime mieux
rester vieille fille. Je suis pas mal prise à ce point-là.
    – Il a
peut-être des qualités que tu connais pas, se moqua sa jeune sœur.
    – Toi, mêle-toi
de tes affaires ! s’emporta l’aînée. J’ai pas besoin de tes conseils.
    Au
même moment, chez les Veilleux, Ernest exhalait sa mauvaise humeur après que sa
femme lui eut fait remarquer pour la troisième fois en deux jours que Léo, Jean-Paul
et Adrien ne pouvaient pas retourner à l’école sans une nouvelle paire de souliers.
    – Arrête de m’achaler
avec ça ! s’exclama le petit homme sec avec impatience.
    – Je vais
arrêter quand tu te seras décidé à amener les garçons chez Filteau, à
Pierreville, pour les chausser.
    –  Il y a pas le feu, sacrement !
    –  L’école
commence dans deux jours. Veux-tu que tes gars y aillent nu-pieds comme les
petits Tougas, l’année passée ? On est pas riches, mais on n’est tout de
même pas pauvres à ce point-là, ajouta sa femme, les poings posés sur les
hanches.
    – Mais m’man,
je suis pas obligé de retourner à l’école, intervint Léo.
    Sa mère jeta un
regard meurtrier à son fils de treize ans pour lui signifier de se taire.
    – Torrieu !
C’est vrai qu’à son âge, il pourrait ben rester à la
maison, s’emporta le père en déposant bruyamment sa tasse
sur la table. Moi, à cet âge-là, j’aidais à la maison et j’allais pas user mon
fond de culotte pour rien sur les
b ancs d’école.
    – Ernest
Veilleux, le prévint Yvette, fais-moi pas enrager avec ça ! Il a juste
treize ans. Il va au moins se rendre en septième année comme les
autres, que ça lui plaise ou pas. Il viendra pas nous encombrer dans la maison pendant tout l’hiver à se tourner les pouces. C’est pas vrai, ça !
On a pas besoin de lui en dehors de l’heure du train. T’as déjà Jérôme pour te
donner un coup de main.
    L’heure du train était venue et déjà Jean-Paul et
Adrien avaient rassemblé les vaches devant la porte de l’étable. Avant de quitter
la maison, Ernest Veilleux ne put s’empêcher de s’écrier :
    – Veux-tu ben
me dire, verrat, ce qu’ils font à leurs souliers, ces enfants-là ! Il me
semble que je les ai ressemelés au mois de juillet.
    – Au mois de
juin, le corrigea Yvette en ramassant les épluchures des pommes de terre qu’elle
venait de peler pour le souper.
    – Il me reste
encore un ou deux morceaux de cuir.
    – Ça
servirait à rien, mon vieux, le raisonna sa femme. Leurs souliers sont finis et
ils leur font plus

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