Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions
rien de
moi ne se sépare de toi.
Parfois tu me fais découvrir un sentiment extraordinaire et profond.
Jusqu’à je ne sais quelle douceur qui, si elle devient parfaite en moi, sera
je ne sais quoi que ne sera pas cette vie. Mais je retrouve vite nos
épreuves écrasantes. L’ordinaire m’absorbe et me retient. Je pleurs
abondamment. Tout me retient. Le poids de l’habitude est un fardeau.
Je peux être ici mais je ne le veux pas.
Je veux être là-bas mais je ne le peux pas.
Malheureux d’un côté comme d’un autre.
66.
J’ai donc étudié les symptômes de mes fautes, dans les trois dimensions du plaisir. J’ai appelé ta main droite à mon secours. Cœur blessé,
j’ai vu ta splendeur. Choc. Qui peut y arriver ? j’ai dit.
Oh je suis rejeté de tes yeux 17
Tu es la vérité qui surplombe tout. Ma cupidité faisait que tout en ne
voulant pas te perdre, je voulais en même temps avoir toi et le mensonge. Personne n’accepterait de mentir au point de ne plus savoir ce
qu’est le vrai.
Et je t’ai perdu. Tu ne veux pas être présent avec le mensonge.
67.
Qui trouver pour me réconcilier avec toi ? appeler les anges à l’aide ?
quelle prière ? quels mystères ?
Beaucoup de ceux qui s’efforçaient de revenir vers toi n’en étaient
pas capable par eux-mêmes. J’entends dire qu’ils ont essayé cette voie :
le désir de visions bizarres. Possession. Illusions. Savants bouffis
d’orgueil, ils se rengorgeaient en te cherchant. Aucune humilité. Ils se
sont ralliés leurs semblables, complices et compagnons de leur démesure : les puissances de l’air. Trompés par leurs pouvoirs magiques, ils
cherchaient le médiateur qui les justifierait. Il n’était pas là. C’était
l’Adversaire camouflé en messager de lumière. Et ce qui a séduit
l’orgueil de leur chair, c’est qu’il n’était pas lui-même un corps de chair.
Eux étaient mortels et fautifs. Toi, Seigneur, avec qui ils cherchaient
orgueilleusement à se réconcilier, tu es immortel et sans faute. Un
médiateur entre Dieu et les hommes devait avoir quelque chose de semblable à Dieu et quelque chose de semblable aux hommes. S’il ne ressemblait qu’aux hommes, il était loin de Dieu. S’il ne ressemblait qu’à
Dieu, il était trop loin des hommes. Et ce n’était donc pas un médiateur.
Ce faux médiateur, dont tu te sers secrètement pour tromper l’orgueil
comme il le mérite, partage une chose avec les hommes : c’est le péché.
Et il veut donner l’impression de partager une chose avec Dieu. Mais
comme il ne porte pas la mortalité de la chair, il s’exhibe comme
immortel. Mais parce que le prix du péché, c’est la mort, il partage avec
les hommes leur commune condamnation à mort.
68.
L’authentique médiateur, que seul le secret de ton amour montre à
l’humanité, et envoyé pour nous apprendre l’humilité sur son exemple
– médiateur entre Dieu et l’humanité –, l’homme christ Jésus est apparu
entre les pécheurs mortels et l’innocent immortel – mortel avec les
hommes, innocent avec Dieu. Uni à Dieu par l’innocence, et parce que
le prix de l’innocence c’est la vie et la paix, il peut effacer de notre
condition de pécheur la mort qu’il a voulu partager avec nous (et ainsi
nous innocenter). Il a été montré aux saints hommes de l’Antiquité
pour que leur foi en sa passion future les sauve, comme notre foi en sa
passion réalisée nous sauve. En tant qu’homme, il est notre médiateur.
Comme parole, il ne l’est pas, puisqu’il est égal à Dieu, Dieu auprès de
Dieu, un seul Dieu avec Dieu.
69.
Père bienveillant, tu nous as aimés.
Tu n’as pas épargné ton fils unique mais tu l’as livré pour nous, les
incrédules. Tu nous as tant aimés.
Pour nous, il n’a pas pourchassé l’égalité avec toi et s’est soumis jusqu’à mourir en croix 18 . Lui seul libre entre les morts. Il avait le pouvoir de déposer sa vie. Et le pouvoir de la reprendre. Pour nous, il s’est
fait devant toi à la fois victorieux et victime. Victorieux parce que victime. Il s’est fait pour toi à la fois prêtre et sacrifice. Prêtre parce que
sacrifice. Et a fait de nous, tes serviteurs, des fils. En naissant de toi, il
est devenu notre serviteur. Avec lui, j’ai le droit d’espérer vraiment que
tu guériras toutes mes maladies. Par celui qui est assis à ta droite, qui
intercède pour nous auprès de toi. Sinon quel désespoir. Mes maladies
sont si
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