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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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abandonné.
    Retour aux soupirs et aux gémissements, le long des larges routes fréquentées du monde. Nombreuses pensées dans nos cœurs, mais ton
projet dure toujours ! Et ton projet ridiculisait le nôtre. Tu préparais le
tien pour nous donner à manger au moment opportun et ouvrir ta main
pour nous remplir de plaisir.
    25.
    Pendant ce temps, mes fautes se multipliaient. On arracha de mon
flanc, comme un obstacle au mariage, la femme avec qui j’avais l’habitude de coucher. Mon cœur, auquel elle s’était accrochée, fut déchiré et
blessé, et se mit à saigner. En repartant pour l’Afrique, elle t’a juré de
ne pas connaître d’autre homme. Elle me laissait un enfant que nous
avions eu ensemble.
    Mon fils.
    Dans ma tristesse, j’étais incapable d’imiter cette femme, incapable
d’attendre le délai de deux ans imposé pour celle que j’avais demandée.
Je n’aimais pas le mariage et j’étais esclave de ma libido. Je me suis alors
procuré une autre femme, et pas une épouse, bien sûr. Pour nourrir et
faire durer, en l’entretenant ou en la développant, la maladie de mon
âme, et me réfugier dans une longue habitude en attendant le mariage.
    Ma blessure n’a pas guéri – celle de ma première séparation. Inflammation et douleur ont provoqué la gangrène. Le mal, presque plus
froid, n’en était que plus désespéré.
    26.
    À toi louange. À toi gloire.
     Fontaine d’amours.
    Je devenais plus malheureux et toi plus proche. Ta main droite était
déjà là. Déjà, elle m’arrachait à l’ordure et me lavait. Je ne le savais pas.
J’aurais pu m’enfoncer plus bas encore dans le tourbillon des délices de
la chair si je n’avais pas eu peur de la mort et de ton jugement futur.
Peur qui n’a jamais quitté mon cœur malgré tout ce que j’ai pu penser.
    Je discutais avec mes amis, Alypius et Nébridius, du degré suprême
du bien et du mal. À mon sens, Épicure aurait remporté la palme si je
n’avais cru qu’après la mort subsiste la vie de l’âme, avec la rançon de
nos actes – ce qu’Épicure n’a pas voulu croire. Je me demandais, si nous
étions immortels, et que nous vivions dans une volupté physique permanente sans peur de la perdre, pourquoi alors ne pas être heureux et
que chercher d’autre ? Mais c’était précisément, je ne le savais pas, un
grand malheur de ne pouvoir se représenter, noyé et aveuglé, la lumière
du bien et de la beauté qu’il faut embrasser gratuitement, que l’œil physique ne voit pas mais qu’on perçoit à l’intérieur de nous.
    Malheureux, je ne réalisais pas que, malgré la laideur de tout ça, une
source jaillissait en moi qui me faisait discuter tendrement avec mes
amis. Que je ne pouvais pas être heureux sans amis, même dans les plaisirs de la chair que j’éprouvais alors abondamment. Oui, j’aimais ces
amis d’un amour gratuit, et je sentais bien qu’ils m’aimaient du même
amour.
    Chemins tortueux.
    Malheur à l’audacieux qui a pu espérer en s’éloignant de toi qu’il
aurait quelque chose de mieux. Il s’est tourné et retourné, sur le dos,
sur le côté, sur le ventre. Tout est dur. Tu es le seul repos. C’est toi. Tu
es là. Tu nous délivres de nos misérables erreurs. Tu nous fixes sur ton
chemin et tu nous consoles.
    Courez, dis-tu, moi je vous encouragerai, je vous conduirai, et une
fois arrivés, je vous féliciterai.

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    1.
    
     Luc 7, 12.

    2.
    
Alypius suivra Augustin dans le manichéisme et sa conversion au christianisme. Il
deviendra évêque de Thagaste, la ville de naissance d’Augustin.

    3.
    
     Luc 16, 10.


L IVRE VII

1.
    Mon adolescence, méchante et criminelle, est morte.
    Je suis devenu un jeune homme. Mais plus j’ai vieilli, plus je suis
devenu ignoble et creux. Incapable de me représenter une substance
autrement qu’à l’aide de ce que les yeux ont l’habitude de voir. Pourtant, je ne te représentais pas, Dieu, sous la forme d’un corps humain.
Dès que j’ai commencé à entendre parler un peu de philosophie, j’ai
toujours fui cette idée, et j’ai été heureux de retrouver la même chose
dans la foi de notre mère spirituelle, ton église catholique.
    Mais quelle autre représentation de toi était possible ?
    Moi, un homme, et quel homme ! je m’efforçais de te représenter :
sommet, unique et vrai Dieu. Je croyais jusqu’à la mœlle que tu étais
indestructible, invulnérable et immuable. Sans savoir d’où ni comment,
je

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