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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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Herivel se rappelle de l’une de ses innovations capitales. Welchman noua très rapidement de très bonnes relations de travail avec la plus secrète des stations d’écoute, « un vieux fort », situé à Chatham, dans le Kent, sur l’estuaire de la Tamise. C’est via cette institution qu’arrivait à l’époque une grande partie du trafic allemand.
    Une fois les signaux récupérés, les officiers de Chatham envoyaient à Welchman des lots de messages codés interceptés, qui étaient acheminés à moto à Bletchley depuis la côte, par des courriers, en pleine nuit et à des vitesses folles, souvent dans des conditions météorologiques épouvantables.
    Côté allemand, la règle était de limiter la longueur des messages à 250 caractères. Si un message excédait cette limite, il était divisé en plusieurs morceaux. Ce principe avait pour but de compliquer la tâche des cryptanalystes alliés. Plus le message était long, plus ces experts pouvaient repérer une ébauche de contenu cohérent dans le chaos apparent.
    Mais chaque message chiffré par une machine Enigma avait un préambule et certains opérateurs employaient différents discriminants (à savoir des groupes de caractères indiquant le paramétrage du code, la clé de chiffrement et la section d’appartenance) pour les diverses parties. Comme l’a fait remarquer Herivel, il était alors possible de découvrir « n’importe quelle clé ». « De cette manière, écrit-il, il était alors possible d’identifier toutes les clés allemandes en provenance de Chatham, et plus tard de France, et, chaque jour, le trafic pouvait être divisé en différents lots en fonction de la clé correspondante. »
    On donnait à ces clés une couleur spécifique afin de bien les distinguer visuellement. Au départ, il s’agissait du jaune, du vert, du rouge et du bleu, dont les significations étaient respectivement la campagne de Norvège, les codes de l’armée de terre et de l’armée de l’air et les codes d’entraînement de l’armée de l’air. On notait sur de grandes feuilles de papier l’heure et la fréquence de chaque message, ce qui mit immédiatement à mal le stock de crayons de couleur du Park. Mais ces légendes en couleur étaient une idée de génie permettant à tout un chacun d’identifier facilement chaque clé. Welchman rappelle ainsi dans ses mémoires que, lors des entretiens de recrutement à Bletchley Park, on demandait aux candidats « s’ils étaient daltoniens ».
    Dans notre univers technologique regorgeant d’écrans tactiles, un tel système paraît artisanal et fait de bouts de ficelles, mais il fonctionnait à merveille. L’avalanche d’interceptions, dont le nombre allait se multiplier de manière exponentielle à la fin de la drôle de guerre et lorsque le « vrai » conflit s’intensifia, était parfaitement classée. On pouvait en déduire la branche de l’armée allemande dont elles provenaient et à qui elles étaient destinées.
    Il devint très vite nécessaire de créer des subdivisions aux différentes légendes (telles que les messages SS et les messages liés au chemin de fer allemand). Il ne fallut pas longtemps pour que toutes les couleurs de l’arc-en-ciel soient utilisées. On se servit donc ensuite de noms de la vie marine, d’oiseaux, puis d’éléphants, d’insectes…
    Il arrivait très souvent qu’un message ne puisse être craqué entièrement car il manquait des mots ou des bribes de mots. On insérait alors un commentaire, « forte présomption », « présomption moyenne » ou « présomption faible », afin de décrire les différents degrés de fiabilité du déchiffrement. Mais ce fut le travail effectué à Chatham, puis dans d’autres stations d’interception telles que Denmark Hill dans le sud de Londres, qui permit à Welchman de commencer à comprendre les différents indicatifs utilisés par les divers opérateurs, en fonction du type de message.
    C’est aussi pendant la drôle de guerre que Dilly Knox et son équipe s’organisèrent afin de pouvoir prendre en charge la montagne de travail à venir. La différence entre Knox et Welchman était l’apparent goût pour la vénusté de son équipe affiché par Knox, même si Mavis Batey tourne aujourd’hui la chose en plaisanterie quand on évoque l’idée qu’elle aurait été essentiellement recrutée pour son côté glamour :
     
    Dilly était très ferme. Il disait qu’il ne voulait aucune

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