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Les champs de bataille

Les champs de bataille

Titel: Les champs de bataille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dan Franck
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son fiancé l’avait gagnée. Quoi qu’il en soit, René Hardy quitte la maison de ses amis dans la matinée. Il n’y reviendra pas avant plusieurs jours.
    « Où allez-vous ? »
    Hardy grimace, presque hautain, et répond :
    « Demandez donc à Edmée Deletraz ! »
    Elle est un agent double. Au service de la Résistance d’un côté (réseau Gilbert), de la Gestapo de l’autre. Retournée par les Allemands, missionnée par ses chefs pour tenir ce rôle dangereux d’équilibriste. Le 21 juin au matin, une voiture allemande vient la chercher chez elle pour la conduire à l’hôtel Terminus, près de la gare de Perrache. Elle est introduite dans un bureau où l’attend Robert Moog, agent K30 de la Gestapo. Celui-ci lui déclare qu’elle va être présentée à un Français « qui a compris ». L’instant d’après, il la fait entrer dans une pièce où cinq hommes sont assis autour d’une table. Parmi eux : Klaus Barbie. Et un jeune homme blond, grand, beau garçon, qu’elle n’a encore jamais rencontré.
    « Vous », dit le juge en jetant sur Hardy un œil froid.
    L’autre hausse les épaules et réplique :
    « Foutaises !
    — Vous lui avez été présenté sous votre nom de guerre : Didot.
    — C’était un autre. »
    Moog explique à Edmée Deletraz qu’une réunion importante doit se tenir quelque part dans Lyon ou ses environs. Le représentant du général de Gaulle y participera. Sa mission : suivre Didot, convoqué parmi d’autres, repérer le lieu de la rencontre puis retrouver les Allemands pour leur donner l’adresse.
    « Il était onze heures. Moog a fixé rendez-vous à l’informatrice au QG de la Gestapo, rue Berthelot. De là, on la conduirait à la ficelle de la Croix-Paquet d’où vous partiriez.
    — Foutaises ! » répète Hardy.
    Le juge poursuit sans s’émouvoir.
    « Edmée Deletraz quitte l’hôtel Terminus et accomplit son travail d’agent double : elle prévient ses contacts dans la Résistance. Elle parcourt la ville en tous sens, laissant des messages partout. Elle va même à la Croix-Rouge pour y rencontrer un colonel sympathisant. Et elle lui dit ce qu’elle a dit à tous : une réunion va se tenir, piégée par un traître.
    — Moi ?
    — Didot. Donc vous. »
    Hardy se met à rire. C’est un rire bas, tout en retenue, qui s’éternise et se clôt sur un soupir lassé.
    « Vous ne devriez pas accorder trop d’importance à des témoignages venus de l’ennemi. Cette femme travaillait pour les Allemands. Elle n’est pas crédible. La Cour n’en fera qu’une bouchée.
    — Et vous ? Qu’avez-vous à répondre à ses dépositions ?
    — Je vous l’ai dit : foutaises !
    — L’argument est faible.
    — Vous avez retrouvé les prétendus résistants qu’elle affirme avoir contactés ?
    — Tous. Ils se souviennent d’elle en raison de son corsage rouge.
    — Elle était dépêchée par Barbie.
    — A quelles fins ?
    — Me nuire.
    — Pourquoi cela ?
    — Comme je vous l’ai dit, même si vous avez refusé de l’entendre, j’ai berné Klaus Barbie. Il l’a compris. Il a envoyé cette fille me balancer auprès de mes camarades pour qu’ils m’exécutent.
    — Il pouvait le faire lui-même, objecte lejuge. Il n’avait pas besoin de cette mise en scène.
    — Elle avait un avantage : elle me faisait passer pour traître.
    — Je poursuis », enchaîne le juge.
    A midi, Edmée Deletraz arrive à l’Ecole de santé militaire, rue Berthelot. Les hommes de la Gestapo la conduisent jusqu’à la Croix-Paquet.
    « Où, bien entendu, je me trouve ! explose Hardy.
    — Bien entendu.
    — Avec Thomas ?
    — Evidemment ! Puisque vous aviez rendez-vous avec lui.
    — Vous inventez !
    — Il y a également un troisième homme !
    — Lequel ? demande Hardy, les traits crispés.
    — Celui que vous avez tenté de soustraire au début de cet interrogatoire. Et pour cause. Cet homme connaissait l’endroit où devait se tenir la réunion, et il savait que vous n’aviez rien à y faire ! Il vous l’a dit ! Il vous a demandé pourquoi vous étiez là. Vous souvenez-vous de votre réponse ? »
    Très pâle, Hardy ne répond pas. Le juge fouille dans ses dossiers, retrouve l’élément qu’il cherche et ajoute :
    « Vous lui avez assuré que vous ne resteriez pas, que vous diriez seulement un mot à Max. Vrai ou faux ? »
    Hardy ne répond pas.
    « Vrai ou faux ? insiste le juge.
    — Je

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