Les chasseurs de mammouths
Je dois apprendre à ma mère la mort de mon frère,
et il faudra aussi que je l’annonce à Zelandoni, notre mamut, afin que la
Recherche de son esprit puisse être entreprise pour le guider vers le monde des
esprits. J’accorde une grande valeur à nos liens de parenté, votre amitié me
réchauffe le cœur, je n’éprouve pas le désir de partir. Je souhaite rester avec
vous, mes amis et mes parents, aussi longtemps qu’il me sera possible.
Jondalar rendit à Tulie le Bâton Qui Parle.
— Nous regrettons que tu ne puisses faire partie de notre
foyer, Jondalar, mais nous comprenons tes obligations. Tu as notre respect.
Puisque nous sommes parents, par ton frère qui était second compagnon de
Tholie, tu pourras rester ici aussi longtemps que tu le souhaiteras, dit Tulie.
Elle donna le Bâton à Talut. Il en frappa trois fois le sol.
— Ayla, dit-il, nous désirons, Nezzie et moi, t’adopter
comme fille du Foyer du Lion. Nous avons parlé en ta faveur. Comment
parles-tu ?
Ayla prit le Bâton, frappa trois fois sur le sol.
— Je suis Ayla. Je n’ai pas de peuple. Je suis très honorée
et très heureuse que vous me demandiez de devenir l’une d’entre vous. Je serais
fière d’être Ayla des Mamutoï.
Elle avait longuement répété son texte. Talut reprit le Bâton,
frappa quatre coups.
— S’il n’y a pas d’objections, je vais annoncer la fin de
cette réunion extraordinaire.
— Je demande le Bâton Qui Parle, dit une voix au sein de l’assistance.
La surprise se peignit sur tous les visages quand on vit Frébec s’avancer.
Il prit le Bâton des mains du Chef, frappa trois fois.
— Je ne suis pas d’accord, déclara-t-il. Je ne veux pas d’Ayla.
14
La stupeur réduisit au silence les gens du Camp du Lion. Suivit
un brouhaha de surprise scandalisée. Le chef avait soutenu Ayla, avec le plein
accord de la Femme Qui Ordonne. Tout le monde connaissait l’opinion de Frébec
sur Ayla, mais personne, semblait-il, ne la partageait. Par ailleurs, Frébec et
le Foyer de la Grue ne paraissaient guère en position de s’opposer au projet.
Ils avaient eux-mêmes été acceptés assez récemment par le Camp du Lion, après
avoir été repoussés par plusieurs autres Camps, et c’était uniquement parce que
Talut et Nezzie avaient pris leur défense. Le Foyer de la Grue avait joui
naguère d’un grand prestige, et certains Camps auraient été disposés à les
accueillir, mais, chaque fois, il s’était trouvé des adversaires, et il ne
devait pas y en avoir un seul. Tout le monde devait être d’accord. Après tout l’appui
que lui avait apporté le chef, Frébec faisait preuve d’ingratitude en se
dressant contre lui, et personne ne s’attendait à cela, Talut moins que
quiconque.
L’agitation s’apaisa très vite quand Talut prit le Bâton Qui
Parle, le brandit, le secoua, en invoquant son pouvoir.
— Frébec a le Bâton. Laissez-le parler, dit-il. Il rendit à
Frébec la défense d’ivoire.
Frébec frappa trois fois le sol et reprit :
— Je ne veux pas d’Ayla parce que, à mon avis, elle ne nous
a pas offert assez pour que nous en fassions une Mamutoï.
Il y eut un mouvement de protestation contre cette déclaration,
surtout après les paroles louangeuses de Talut, mais la rumeur ne suffit pas à
interrompre l’orateur.
— Demandons-nous au premier étranger venu qui nous fait
visite de devenir mamutoï ?
Même sous l’autorité du Bâton Qui Parle, il était malaisé d’empêcher
le Camp de s’exprimer.
— Où prends-tu qu’elle n’a rien à offrir ? Que dis-tu
de ses talents à la chasse ? cria Deegie, en proie à une juste colère.
Sa mère, la Femme Qui Ordonne, n’avait pas accepté d’emblée
Ayla. C’était seulement après mûre réflexion qu’elle avait décidé de se ranger
à l’avis de Talut. Comment ce Frébec pouvait-il se permettre de s’élever contre
cette décision ?
— Elle chasse, bon, et alors ? répliqua Frébec. Ce n’est
pas une raison suffisante. Faisons-nous du premier venu qui sait chasser l’un d’entre
nous ? D’ailleurs, elle ne chassera plus bien longtemps, pas après avoir
eu des enfants.
— Avoir des enfants est ce qu’il y a de plus
important ! explosa Deegie. Elle en tirera plus de prestige encore.
— Ne croîs-tu pas que j’en sois conscient ? Nous ne
savons même pas si elle est capable d’avoir des enfants, et, si elle n’en a
pas, elle n’aura plus grande valeur. Mais nous ne
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