Les chasseurs de mammouths
semblait abasourdie. Il ne
croyait pas avoir dit quelque chose d’aussi surprenant.
— Qu’y a-t-il, Ayla ?
— C’est un signe. Un signe de mon totem, Jondalar. L’Esprit
du Grand Lion des Cavernes me dit que j’ai pris la bonne décision. Il veut que
je devienne Ayla des Mamutoï !
La force du vent s’intensifia sur le chemin du retour de
Jondalar et d’Ayla. Il était tout juste midi, mais la lumière du soleil était
obscurcie par les nuages de poussière de lœss qui s’élevaient en masse de la
terre gelée. Bientôt, ils distinguèrent à peine leur chemin. Des éclairs
crépitaient autour d’eux, dans l’air sec et glacial. Le tonnerre grondait, avec
de rares éclats retentissants. Rapide se cabra de frayeur quand un éclair,
suivi d’un coup de tonnerre, éclata tout près. Whinney hennit d’inquiétude. Le
couple sauta de cheval pour calmer le poulain et poursuivit la route à pied en
tenant les deux bêtes.
Lorsqu’ils arrivèrent au Camp, les vents soufflaient en ouragan.
La poussière obscurcissait le ciel, leur brûlait la peau. Au moment où ils
approchaient de l’habitation semi-souterraine, une silhouette émergea de la
pénombre mouvante : elle s’accrochait à quelque chose qui se débattait et
s’agitait comme une créature vivante.
— Vous voilà enfin. Je commençais à m’inquiéter, clama
Talut, pour dominer le hurlement du vent, le grondement du tonnerre.
— Que fais-tu là ? Pouvons-nous t’aider ? demanda
Jondalar.
— En voyant approcher la tempête, nous avons fait un abri
pour les chevaux d’Ayla. Je ne pensais pas que ce serait une tempête sèche. Le
vent a tout emporté. Je crois que vous feriez bien de faire entrer les
bêtes ; elles pourront rester dans le foyer d’accès.
— Ça arrive souvent ? demanda Jondalar.
Il se saisit d’un bout de la grande peau qui aurait dû servir de
brise-vent.
— Non. Certaines années, nous ne voyons pas une seule
tempête sèche. Elle va s’apaiser dès que nous aurons une bonne chute de neige,
répondit Talut. Après ça, nous n’aurons affaire qu’aux blizzards acheva-t-il
dans un grand rire.
Il baissa la tête pour entrer sous la voûte, retint la lourde
peau de mammouth afin de permettre à Ayla et Jondalar de faire entrer les
chevaux.
Ceux-ci hésitaient devant cet endroit inconnu, plein d’odeurs
qui ne leur étaient pas familières, mais ils aimaient encore moins le vacarme
de la tempête et ils faisaient confiance à Ayla. Dès qu’ils eurent échappé au
vent, leur soulagement fut immédiat, et ils se calmèrent rapidement. Ayla, un
peu surprise, était néanmoins reconnaissante à Talut de sa sollicitude pour
eux. En franchissant la seconde voûte, elle prit conscience du froid qui l’avait
saisie à l’extérieur. Le cuisant assaut de la poussière l’en avait distraite,
mais la température glaciale et la violence du vent l’avaient gelée jusqu’aux
os.
A l’extérieur, le vent faisait toujours rage. Il agitait
bruyamment les protections placées au-dessus des trous à fumée, gonflait les
lourdes tentures. De brusques courants d’air soulevaient la poussière,
avivaient soudainement les flammes du foyer où l’on faisait la cuisine.
Rassemblés par petits groupes aux alentours du premier foyer, les membres du
Camp achevaient le repas du soir, buvaient une infusion, bavardaient. Ils
attendaient que Talut donne le signal du début de la soirée.
Le géant finit par se lever, se dirigea à grandes enjambées vers
le Foyer du Lion. Lorsqu’il revint, il portait un bâton d’ivoire, plus grand
que lui, qui, plus gros à la base, s’effilait en pointe vers le sommet. Il
était orné d’un objet en forme de petite roue à rayons, qui avait été attaché
au bâton à peu près au tiers de la hauteur, vers le haut. Des plumes de grue
blanches étaient fixées, en forme d’éventail, à la moitié supérieure de cette
roue. Entre les rayons de la moitié inférieure, pendaient au bout de lanières
de mystérieux sachets, des objets d’ivoire sculpté, des morceaux de fourrure.
En y regardant de plus près, Ayla vit que le bâton était fait d’une seule
défense de mammouth dont on avait, par quelque méthode inconnue, supprimé la
courbe. Comment, se demanda-t-elle, avait-on pu redresser la courbure d’une
défense de mammouth ?
Tout le monde se tut pour concentrer son attention sur le chef.
Il regarda Tulie. Elle répondit à son regard par un signe de tête. Il
Weitere Kostenlose Bücher