Les chasseurs de mammouths
rester, je crois.
Jondalar hocha la tête.
— C’est bon, tu les connais mieux que moi.
Ayla, après tout, faisait figure d’expert, le seul quand il s’agissait
de chevaux.
— Alors, si j’allumais le feu, pendant que tu décharges
Whinney ? Il alla sans hésiter aux endroits où Ayla avait toujours rangé
le bois et tout ce qu’il fallait pour faire du feu. Au cours de l’été passé là
avec elle, la caverne lui était devenue totalement familière, mais il ne s’en
rendait même pas compte. Il se demandait comment il pourrait se faire un ami de
Rapide. Il ne comprenait pas encore bien comment Ayla communiquait avec
Whinney, au point de la faire aller là où elle le voulait, lorsqu’elles
partaient en expédition, ou de la faire rester dans les parages alors qu’elle
avait toute liberté de fuir. Peut-être n’apprendrait-il jamais ce langage, mais
il aimerait essayer. Jusque-là, néanmoins, il ne serait sans doute pas mauvais
de tenir Rapide à la longe, au moins lorsqu’ils voyageaient dans une région où
se trouvaient des chevaux sauvages.
Ils se livrèrent à un examen minutieux de la caverne et de ce qu’elle
contenait, qui leur livra toute l’histoire. Un glouton ou une hyène Ayla n’aurait
su dire lequel des deux : l’un et l’autre s’étaient introduits dans la
grotte, et leurs traces se mêlaient – avait forcé l’une des caches de
viande séchée et l’avait entièrement pillée. Un panier de grain recueilli pour
Whinney et Rapide avait été laissé plus ou moins à découvert ; des dents
solides l’avaient ouvert en plusieurs endroits. Toute une variété de petits
rongeurs, à en juger par les traces – campagnols, pikas, écureuils,
gerboises, hamsters géants – avaient fait leur profit de cette
aubaine : à peine s’il restait quelque grains. Sous un tas de foin tout
proche, Ayla et Jondalar découvrirent un nid bourré du produit de ce pillage.
Toutefois, pour la plupart, les corbeilles de grains, de racines et de fruits
secs, mises en sûreté dans des trous creusés dans le sol de la caverne ou
protégées par des tas de pierres, avaient souffert peu de dommages.
Ayla fut heureuse de la décision qu’ils avaient prise de placer
les peaux et les fourrures accumulées au cours des années dans un panier plus
résistant et de le cacher dans un cairn. Le gros tas de pierres avait résisté
aux assauts des maraudeurs à quatre pattes. En revanche, les restes de peau
dont Ayla avait fait leurs vêtements, et qu’elle n’avait pas rangés avant leur
départ, étaient en lambeaux. Un autre cairn, qui contenait entre autres un
récipient en cuir brut plein de graisse soigneusement fondue enfermée, à la
manière de saucisses, dans des segments d’intestins de renne, avait fait l’objet
d’assauts répétés. Un coin du cuir avait été déchiré par des dents et des
griffes, une saucisse était entamée, mais le cairn avait tenu bon.
Les animaux ne s’étaient pas contentés de fourrer le museau dans
les réserves de vivres, ils avaient aussi rôdé un peu partout. Ils avaient
renversé des piles de bols et de coupes façonnés à la main, patiemment polis,
traîné de tous côtés des nattes, des paniers tressés en motifs compliqués,
déposé leurs excréments en plusieurs endroits et, d’une façon générale, dévasté
tout ce qu’ils avaient pu trouver. Pourtant, les dommages étaient moins graves qu’il
n’y paraissait à première vue, et, dans l’ensemble, les intrus avaient dédaigné
l’imposante pharmacopée d’Ayla, composée d’herbes médicinales séchées et de
remèdes à base de plantes.
Quand vint le soir, la jeune femme se sentit beaucoup mieux.
Jondalar et elle avaient nettoyé la caverne et tout remis en ordre, ils avaient
pu constater que les pertes n’étaient pas trop importantes, ils avaient préparé
et consommé un repas, ils avaient même fait un tour dans la vallée pour voir
les éventuels changements. Le feu flambait, les fourrures de couchage étaient
disposées, sur une couche de foin frais, dans la tranchée peu profonde qui
avait toujours servi de lit à Ayla. Whinney et Rapide étaient installés dans
leur coin, de l’autre côté de l’entrée. Ayla se sentait enfin chez elle.
Assise avec Jondalar sur une natte, devant le feu, elle
déclara :
— J’ai peine à croire que je suis de retour. J’ai l’impression
que mon absence a duré toute une vie, mais elle n’a pas été bien
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