Les chasseurs de mammouths
invraisemblable
recherche des traces de la louve. Et elles étaient adultes, parfaitement
capables de se tirer d’affaire seules. Pourtant, de toute sa vie, Tulie n’avait
jamais été aussi inquiète pour sa fille.
Nezzie poussa Tronie du coude. Elles préparèrent des assiettes d’aliments
réchauffés et les apportèrent au Foyer du Mammouth, pour Ayla et Deegie.
Peut-être tout s’arrangerait-il quand elles auraient mangé et qu’elles auraient
eu l’occasion de raconter leur histoire.
Tout le monde attendait pour poser des questions sur le
louveteau, que les deux jeunes femmes et le petit loup se soient nourris et
réchauffées. Ayla d’abord affamée, avait maintenant du mal à avaler quelques
bouchées. Son regard se tournait sans cesse vers la direction qu’avait prise
Jondalar. Les autres, apparemment, semblaient converger vers le Foyer du
Mammouth, dans leur hâte d’entendre le récit d’une aventure exceptionnelle et
passionnante que l’on pourrait se répéter indéfiniment. Que la jeune femme fût
ou non d’humeur à conter l’histoire, tous voulaient savoir comment elle était
revenue parmi eux avec un petit loup.
Deegie commença par la capture des renards blancs dans ses
pièges. C’était la louve noire, elle en était maintenant certaine, qui
affaiblie, affamée, avait été conduite à s’emparer des renards pour se nourrir.
La bête, suggéra Ayla, avait peut-être suivi Deegie à la trace, lorsqu’elle
avait posé ses pièges. Deegie relata ensuite comment Ayla, désireuse de se
procurer de la fourrure blanche pour orner le vêtement qu’elle confectionnait
pour quelqu’un, mais autre que du renard, avait retrouvé la piste des hermines.
Jondalar, arrivé après le début de l’histoire, s’était assis au
pied du mur le plus éloigné et s’efforçait de passer inaperçu. Il regrettait
déjà d’être parti précipitamment et s’en voulait de sa hâte mais, en entendant
la remarque de Deegie, il sentit le sang se retirer de son visage. Si Ayla
confectionnait pour quelqu’un un vêtement orné de fourrure blanche et qu’elle
ne voulût pas de renard, ce devait être parce qu’elle avait déjà offert à ce « quelqu’un »
des fourrures de renards arctiques. Et il savait à qui elle les avait offertes,
lors de la cérémonie de son adoption. Il ferma les yeux, serra les poings. Il
ne voulait même pas y penser mais il était incapable d’éloigner cette idée de
son esprit. Ayla devait préparer quelque chose pour l’homme à la peau noire,
qui avait si grande allure, vêtu de fourrures blanches. Pour Ranec.
Ranec lui-même se demandait de qui il s’agissait. Sans doute
était-ce de Jondalar, mais il espérait qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre,
peut-être même de lui. Une inspiration lui vint. Qu’elle confectionnât quelque
chose pour lui ou non, il pouvait de toute façon faire quelque chose pour elle.
Il revoyait sa joie, son plaisir quand il lui avait offert le petit cheval sculpté.
Une chaleur l’envahissait à l’idée de créer pour elle autre chose. Quelque
chose qui la ravirait de nouveau, qui l’enthousiasmerait, surtout maintenant
que le grand homme blond l’avait quittée. La présence de Jondalar lui avait
toujours imposé une certaine réserve. Mais s’il renonçait de son propre chef à
sa position dominante, s’il abandonnait le lit et le foyer d’Ayla, lui, Ranec,
se sentait libre de lui faire une cour plus pressante.
Le petit loup gémit dans son sommeil. Ayla, assise au bord de sa
plate-forme de couchage, se pencha sur lui, le caressa pour l’apaiser. Les
seuls moments de sa jeune vie où il avait trouvé un tel sentiment de chaleur et
de sécurité, c’était quand il était blotti auprès de sa mère, et elle l’avait
bien souvent laissé seul dans la froide obscurité de la tanière. Mais la main d’Ayla
l’avait arraché à ce lieu de morne et effrayante solitude, elle lui avait
apporté chaleur, nourriture et sécurité. Sous le contact rassurant, il se calma
sans même s’être réveillé.
Ayla laissait Deegie poursuivre le récit, se contentait d’y
ajouter quelques commentaires, quelques explications. Elle n’avait pas grande
envie de parler, et il était intéressant de constater que l’histoire contée par
son amie n’était pas tout à fait semblable à celle qu’elle aurait relatée. Elle
n’était pas moins véridique mais elle était vue sous un angle différent, et
Ayla s’étonnait un peu
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