Les chasseurs de mammouths
déconcertée. De dos, je t’avais
pris pour Darnev !
Souriante, elle tourna autour de lui pour l’examiner sur toutes
les coutures. Ce qu’elle vit lui plut.
— Et tu t’es rasé, dit-elle.
— Le printemps est là. J’ai pensé qu’il était temps, fit-il
en lui rendant son sourire.
Son regard disait à Deegie que, de son côté, il la trouvait séduisante.
Elle se sentit attirée par ses yeux bleus, sa séduction, mais elle se contenta
de rire. Il était temps, en effet, se disait-elle, qu’il se retrouvât propre et
convenablement vêtu. Il avait si piètre allure, avec sa barbe hirsute et les
vieux vêtements de Talut, qu’elle avait oublié à quel point il était beau.
— Tu portes bien cette tenue, Jondalar. Elle te va. Attends
seulement de te trouver à la Réunion d’Été. Un étranger attire toujours
beaucoup l’attention et, à mon avis, les femmes mamutoï auront à cœur de t’accueillir
selon tes mérites, dit-elle, avec un sourire taquin.
— Mais...
Jondalar renonça à expliquer qu’il n’avait pas l’intention de se
rendre à la Réunion d’Été. Il pourrait toujours leur dire plus tard, au moment
où il partirait.
Après le départ de Talut et de Deegie, il essaya une autre
tenue, plus appropriée au Voyage ou aux nécessités de chaque jour. Il sortit
ensuite, dans l’espoir de rencontrer la Femme Qui Ordonne et de lui montrer que
les vêtements étaient parfaitement à sa taille. Dans le foyer d’entrée, il
trouva Danug, Rydag et Loup, qui rentraient tout juste. Le jeune homme portait
Rydag d’un bras et Loup de l’autre. Ils étaient enveloppés d’une fourrure,
leurs cheveux et les poils du louveteau étaient encore humides. Danug avait
remonté l’enfant depuis la rivière, après le bain de vapeur. Il posa sur le sol
Rydag et le petit loup.
— Jondalar, tu es très beau, dit Rydag par signes. Prêt
pour la Fête du Printemps ?
— Oui. Et toi ? demanda Jondalar dans le même langage.
— J’ai une tenue neuve, moi aussi. C’est Nezzie qui me l’a
faite, pour la Fête du Printemps, répondit Rydag en souriant.
— Et pour la Réunion d’Été aussi, ajouta Danug. Elle a fait
de nouveaux vêtements pour moi, pour Latie et Rugie.
Jondalar remarqua que Rydag perdait son sourire en entendant
Danug faire allusion à la Réunion d’Été. Apparemment, il n’attendait pas l’événement
avec la même impatience que les autres.
Quand Jondalar repoussa le lourd rabat pour sortir, Danug, qui
ne voulait pas être entendu, murmura à l’oreille de Rydag :
— Aurions-nous dû lui dire qu’Ayla est dehors, tout
près ? Toutes les fois qu’il la voit, il se sauve.
— Non. Il veut la voir. Elle veut le voir. Font bons
signaux, disent mots faux, répondit l’enfant, par signes.
— Tu as raison, mais pourquoi ne s’en rendent-ils pas
compte ? Comment pourront-ils se faire comprendre l’un de l’autre ?
— Oublier les mots. Faire les signaux, riposta Rydag, avec
ce sourire qui n’était pas celui du Clan.
Il prit le louveteau dans ses bras, l’emporta à l’intérieur.
Dès le premier pas qu’il fit dehors, Jondalar découvrit ce que
les garçons avaient omis de lui dire. Ayla était devant l’arche d’entrée avec
les deux chevaux. Elle venait de confier Loup à Rydag et elle envisageait avec
joie la perspective d’une longue chevauchée pour se libérer de la tension qu’elle
ressentait. Ranec désirait obtenir son accord avant la Fête du Printemps, et
elle ne parvenait pas à prendre sa décision. La randonnée, elle l’espérait, l’aiderait
à réfléchir. Lorsqu’elle vit Jondalar, son premier mouvement fut pour lui
offrir de monter Whinney, comme elle l’avait déjà fait : elle était sûre
de lui faire plaisir et elle espérait que son amour des chevaux le
rapprocherait d’elle. Mais elle avait vraiment envie de cette chevauchée. Elle
l’avait attendue avec impatience et elle se disposait tout juste à partir.
Elle le regarda de nouveau, le souffle suspendu. Il s’était rasé
à l’aide d’une de ses laines de silex bien affilées. Il était redevenu l’homme
avec lequel elle avait vécu dans sa vallée, l’été précédent. Son cœur se mit à
battre la chamade, son visage s’empourpra. Il réagit à ces signaux physiques
par d’autres signaux inconscients, et le magnétisme de son regard attira Ayla
vers lui.
— Tu as rasé ta barbe, dit-elle.
Sans en prendre conscience, elle s’était
Weitere Kostenlose Bücher