Les chasseurs de mammouths
à partir pour notre Réunion
d’Été, mais Ayla, notre Femme Qui Guérit, a tenu à passer d’abord par ici pour
vous offrir ses talents. L’un de nous était parent de l’un d’entre vous. Nous
sommes venus.
L’homme se tourna vers la femme qui se tenait près de lui. Elle
était visiblement la proie d’un profond chagrin et elle dut faire effort pour
se reprendre quelque peu.
— Il est trop tard, dit-elle. Ils sont morts.
Sa voix se perdit dans un gémissement, et elle reprit, dans un
cri d’angoisse :
— Ils sont morts. Mes enfants, mes petits, ma vie. Ils sont
morts. Deux autres personnes, lui prenant chacune un bras, l’entraînèrent.
— Ma sœur vient de connaître une triste épreuve, reprit l’homme.
Elle a perdu en même temps une fille et un fils. La fille était
presque une femme, le garçon avait quelques années de moins... Nous sommes tous
plongés dans la tristesse.
Talut secoua la tête en un geste de sympathie.
— C’est une bien grande épreuve, en vérité. Nous partageons
votre chagrin et vous offrons toutes les consolations possibles. Si vos
coutumes s’y prêtent, nous aimerions rester pour joindre nos larmes aux vôtres
quand ils seront rendus au sein de la Mère.
— Nous apprécions ta bonté et nous ne l’oublierons jamais,
mais il en est parmi nous qui sont encore malades. Il pourrait être dangereux
pour vous de rester. Il est peut-être même dangereux pour vous d’être venus
jusqu’ici.
— Talut, demande-leur si je peux voir ceux qui sont encore
malades. Peut-être pourrai-je les aider, dit doucement Ayla.
— Oui, Talut. Demande si Ayla peut examiner les malades,
appuya Mamut. Elle pourra nous dire si nous pouvons rester ici sans danger.
L’homme au visage couvert de rouge dévisagea longuement le vieil
homme assis sur le cheval. La vue des chevaux l’avait stupéfait mais il ne
voulait pas paraître trop impressionné, et il était si assommé de chagrin qu’il
avait oublié sa curiosité, le temps de servir de porte-parole à sa sœur et à
son Camp. Mais, à la voix de Mamut, il reprit soudain pleine conscience de l’étrange
spectacle : un homme assis sur le dos d’un cheval.
— Comment se fait-il que cet homme soit monté sur le dos d’un
cheval ? se décida-t-il à demander brutalement. Pourquoi le cheval le
supporte-t-il ? Et cet autre, là-bas ?
— C’est une longue histoire, répondit Talut, L’homme est
notre Mamut, et les chevaux obéissent à notre Femme Qui Guérit. Quand nous en
aurons le temps, nous serons heureux de tout vous raconter, mais, avant tout,
Ayla voudrait examiner vos malades. Peut-être sera-t-elle en mesure de les
secourir. Elle nous dira si les mauvais esprits s’attardent encore parmi vous,
et si elle peut les maîtriser, les rendre inoffensifs, ce qui nous permettrait
de rester.
— Tu dis qu’elle est habile. Je dois te croire. Si elle
peut commander à l’esprit du cheval, elle doit posséder une puissante magie.
Laisse-moi aller parler aux autres.
— Il y a un autre animal dont tu dois connaître la présence,
dit Talut, qui se tourna vers la jeune femme :
— Appelle-le, Ayla.
Elle siffla. Sans laisser à Rydag le temps de le lâcher, Loup s’était
déjà libéré de force. L’homme sungaea et quelques autres spectateurs,
abasourdis, virent le jeune loup arriver vers eux à toute vitesse, mais ils
furent encore plus surpris quand l’animal s’arrêta aux pieds d’Ayla et leva
vers elle un regard qui la questionnait. A son signal, il s’allongea sur le
sol, mais son regard attentif, fixé sur les étrangers, mettait ceux-ci mal à l’aise.
Tulie n’avait cessé d’observer avec soin les réactions des
Sungaea et elle eut tôt fait de constater que les animaux apprivoisés avaient
fait sur eux grande impression. Ils avaient grandi le prestige de ceux qui les
accompagnaient et du Camp du Lion dans son ensemble. Par le simple fait d’être
assis sur un cheval, Mamut avait gagné en ascendant. On le considérait d’un œil
circonspect, et ses paroles avaient porté avec une grande autorité, mais la
réaction envers Ayla était plus significative encore : on la regardait
avec une sorte de respect craintif, presque révérencieux.
Celle Qui Ordonne se rendit compte qu’elle-même s’était
accoutumée à la présence des chevaux mais elle se rappelait encore son
appréhension, la première fois qu’elle avait vu Ayla avec eux. Il ne lui était
pas difficile de se
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