Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
portiers qui gardaient les neuf portes
sans qu’un seul pût faire entendre une plainte, ainsi que les neuf dogues qui
étaient là sans qu’aucun poussât un cri, et ils entrèrent tout droit dans la
salle. « Salut ! dirent-ils, Yspaddaden Penkawr, au nom de Dieu et
des hommes ! – Qui êtes-vous et qu’êtes-vous venus faire ici ? répondit
Yspaddaden Penkawr. – Nous sommes venus chez toi afin de te demander ta fille
Olwen pour Kilourh, fils du prince Kelyddon. » Ainsi parla Merlin. « Où
sont mes serviteurs et mes vauriens de gens ? cria Yspaddaden Penkawr. Élevez
les fourches sous mes deux sourcils qui sont tombés sur mes yeux [105] afin que je puisse voir mon futur gendre ! » Cela fut aussitôt fait. Alors,
il dit : « Revenez demain matin et vous aurez une réponse. »
    Ils se levèrent pour sortir, mais Yspaddaden Penkawr saisit
un des trois javelots empoisonnés qui se trouvaient à portée de sa main et le
lança après eux. Bedwyr le saisit au passage et le lui renvoya instantanément. Le
javelot traversa le genou d’Yspaddaden Penkawr. « Maudit, gendre barbare !
cria-t-il. Je m’en ressentirai toute ma vie en marchant sur une pente. Ce fer
empoisonné m’a fait souffrir comme la morsure du taon. Maudits soient le
forgeron qui l’a fabriqué et l’enclume sur laquelle il a été forgé ! »
    Ils logèrent, cette nuit-là, chez Kustennin le berger. Le
jour suivant, en grand appareil, la chevelure soigneusement peignée, ils
retournèrent à la forteresse, entrèrent dans la salle. Ils parlèrent ainsi :
« Yspaddaden Penkawr, donne-nous ta fille et nous paierons tout ce qu’il
faut payer en pareil cas. Mais si tu refuses, il t’en coûtera la vie. »
Yspaddaden répondit : « Ma fille a encore des oncles et des tantes. Il
faut que je tienne conseil avec eux. – Qu’il en soit ainsi, dit Kaï. Nous
reviendrons demain. » Comme ils partaient, Yspaddaden Penkawr saisit un
des deux javelots qui étaient à portée de sa main et le lança sur eux. Merlin
saisit le javelot au passage et le renvoya : le javelot pénétra le haut de
la poitrine d’Yspaddaden et ressortit à la chute des reins. « Maudit, gendre
barbare ! cria-t-il. Cet acier est cuisant comme la morsure d’une grosse
sangsue. Maudits soient la fournaise où il a été fondu et le forgeron qui l’a
forgé ! Quand je voudrai gravir une colline, j’aurai désormais courte
haleine, maux d’estomac et fréquentes nausées ! »
    Ils allèrent se restaurer. Le lendemain, ils retournèrent à
la forteresse. « Ne nous lance plus de javelots, Yspaddaden Penkawr, dirent-ils,
si tu ne veux pas ta propre mort ! – Où sont mes serviteurs ? dit
Yspaddaden Penkawr. Élevez ces fourches sous mes sourcils qui sont tombés sur
les prunelles de mes yeux, afin que je puisse voir mon futur gendre ! »
Comprenant qu’ils n’obtiendraient aucune réponse, ils repartirent, mais Yspaddaden
Penkawr saisit le troisième javelot empoisonné et le lança sur eux. Kilourh le
saisit au passage et le lança de toutes ses forces, tant et si bien que le
trait lui traversa la prunelle de l’œil et sortit par-derrière la tête [106] .
« Maudit, gendre barbare ! cria Yspaddaden. Tant que je resterai en
vie, ma vue s’en ressentira. Quand j’irai contre le vent, mes yeux pleureront, j’aurai
des maux de tête et des étourdissements à chaque nouvelle lune. Maudite soit la
fournaise où il a été façonné ! La blessure de ce fer empoisonné a été
aussi douloureuse pour moi que la morsure d’un chien enragé. » Mais Kilourh
et ses compagnons s’en allèrent manger.
    Le lendemain, ils revinrent à la forteresse d’Yspaddaden
Penkawr et dirent : « Ne nous lance plus de traits désormais : il
n’en est résulté pour toi que blessures et fâcheuses souffrances. Il t’arrivera
bien pire si tu persistes dans ton attitude inamicale. Donne-nous ta fille, ou
sinon tu mourras à cause d’elle. – Où est-il, celui qui demande ma fille ?
Viens ici que je fasse ta connaissance. » On fit asseoir Kilourh sur un
siège en face de lui. « Donne-moi ta parole, dit Yspaddaden, que tu ne
feras rien qui ne soit légal. Quand j’aurai obtenu tout ce que je vais te demander,
tu auras ma fille. – Volontiers, répondit Kilourh, indique-moi donc ce que tu
désires et je m’engage à te satisfaire.
    — Vois-tu cette colline, là-bas ? dit Yspaddaden
Penkawr. Je veux que toutes les racines en soient arrachées et

Weitere Kostenlose Bücher