Les chevaliers de la table ronde
l’épée au fourreau, il la dirigea contre
lui et lui fit voler la tête de dessus les épaules. Ils dévastèrent alors la
forteresse, enlevèrent ce qui leur convenait des richesses et des bijoux, puis
retournèrent à la cour d’Arthur, munis de l’épée de Gwrnach le Géant.
Ils racontèrent leurs aventures à Arthur. Le roi leur
demanda alors ce qu’il valait mieux chercher d’abord des merveilles qu’avait
demandées Yspaddaden Penkawr. « Il vaudrait mieux commencer par rechercher
Mabon, fils de Modron, dit Merlin. – C’est juste, répondit Arthur. D’ailleurs, je
n’oublie pas que j’ai donné ma parole à Modron de lui retrouver son fils. »
Il réfléchit un instant, puis il dit encore : « Merlin, toi qui
connais toutes les langues et tous les secrets de la nature, c’est à toi de t’engager
dans cette mission. Tu iras avec Kaï et Bedwyr. Avec eux, une entreprise ne
peut que réussir. Et que Dieu vous aide ! »
Kaï, Bedwyr et Merlin cheminèrent jusqu’à ce qu’ils rencontrassent
le merle de Kilgwri. Merlin s’approcha de lui et lui demanda : « Au
nom de Dieu, sais-tu quelque chose de Mabon, fils de Modron, qui a été enlevé
le troisième jour de sa naissance d’entre sa mère et le mur ? – Lorsque je
vins ici pour la première fois, dit le merle, il y avait une enclume de
forgeron, et je n’étais alors qu’un jeune oiseau. Il n’y a eu dessus d’autre
travail que celui de mon bec chaque soir, et aujourd’hui elle est usée au point
qu’il n’en reste pas même la grosseur d’une noix. Mais que Dieu me punisse si j’ai
jamais rien entendu au sujet de l’homme que vous demandez. Cependant, ce que la
justice commande et ce que je dois à des messagers du roi Arthur, je le ferai. Il
y a une race d’animaux que Dieu a formés bien avant moi, et c’est vers eux que
je vous conduirai. »
Ils gagnèrent l’endroit où se trouvait le cerf de Redynvre
(« colline des fougères »). « Cerf de Redynvre, demanda Merlin, nous
voici venus vers toi, nous, messagers d’Arthur, parce que nous ne connaissons
pas d’animal plus vieux que toi. Sais-tu quelque chose au sujet de Mabon, fils
de Modron, qui a été enlevé à sa mère, la troisième nuit de sa naissance ?
– Lorsque je vins ici pour la première fois, répondit le cerf, je n’avais qu’une
dague de chaque côté de la tête et il n’y avait ici d’autre arbre qu’un jeune
plant de chêne. Il est devenu un chêne à cent branches, et il est maintenant
tombé, réduit en une souche rougeâtre et pourrie. Bien que je sois resté ici
pendant tout ce temps, je n’ai jamais rien entendu au sujet de l’homme que vous
recherchez. Cependant, puisque vous êtes des messagers d’Arthur, je serai votre
guide auprès des animaux que Dieu a formés bien avant moi. »
Ils arrivèrent à l’endroit où était le hibou de Kwm Kawlwyt
(« vallon du creux gris »). « Hibou de Kwm Kawlwyt, demanda
Merlin, nous sommes des envoyés d’Arthur. Sais-tu quelque chose au sujet de
Mabon, fils de Modron, qui a été enlevé à sa mère la troisième nuit de sa
naissance ? – Si je le savais, je vous le dirais, répondit le hibou. Quand
je vins ici pour la première fois, la grande vallée que vous voyez était
couverte de bois. Vint une race d’hommes qui détruisirent les arbres. Un second
bois y poussa. Celui-ci est le troisième. Voyez-vous mes ailes ? Ce ne
sont plus que des moignons racornis : eh bien ! depuis ce temps jusqu’à
aujourd’hui, je n’ai jamais entendu parler de l’homme que vous demandez. Je
serai cependant votre guide, à vous, messagers d’Arthur, jusqu’auprès de l’animal
le plus vieux du monde et celui qui circule le plus, l’aigle de Gwernabwy. »
Ils y allèrent. « Aigle de Gwernabwy, dit Merlin, nous
sommes des messagers d’Arthur. Nous sommes venus vers toi pour te demander si
tu sais quelque chose au sujet de Mabon, fils de Modron, qui a été enlevé à sa
mère la troisième nuit de sa naissance. – Il y a longtemps que je suis arrivé
ici, dit l’aigle. Il y avait alors une roche au sommet de laquelle je
becquetais les astres chaque soir ; maintenant, cette roche n’a plus une
palme de haut. Je suis ici depuis, mais néanmoins, je n’ai rien entendu au
sujet de l’homme que vous demandez. Cependant, une fois, j’allai chercher ma
nourriture au lac Lliw : parvenu à l’étang, j’enfonçai mes serres dans un
saumon, pensant qu’en lui ma nourriture
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