Les chevaliers du royaume
lança :
— Beau doux sire, cette ordure cherche à vous amadouer, ne l’écoutez pas…
— Je sais ce que je fais, rétorqua Simon.
Le turcopole eut l’air vexé. Morgennes en profita :
— Depuis quand les sous-fifres donnent-ils des ordres aux chevaliers ?
Piqué au vif, le turcopole lui envoya un tel coup de pied dans le bas du dos que Morgennes partit, tête la première, s’écraser contre l’établi du bourreau.
— Remonte immédiatement ! ordonna Simon au turcopole. Je te rappelle qu’un soldat ne doit en aucun cas perdre son calme. Je parlerai de toi au prochain chapitre !
Le turcopole repartit vers l’escalier en bougonnant, les laissant dans l’obscurité.
— L’imbécile ! s’exclama Simon en courant après lui pour récupérer la torche.
Dès qu’il fut seul dans le noir, Morgennes chercha à tâtons un instrument susceptible de l’aider à se débarrasser de ses chaînes, ou de lui servir d’arme. Ici, il n’avait que l’embarras du choix, et mit la main sur une grosse paire de tenailles. Il s’apprêtait à l’utiliser, lorsque Simon revint avec la torche. Morgennes serra la lourde paire de pinces, se préparant à l’abattre de toutes ses forces sur la tête du jeune homme.
C’est alors qu’une voix retentit dans le souterrain :
— Simon ?
C’était Cassiopée.
— Oui ? répondit aussitôt Simon. Qu’y a-t-il ?
Entre les deux jeunes gens s’engagea bientôt un dialogue que Morgennes mit à profit pour tenter de se libérer. Ce n’était pas facile. Il s’aida de la table pour caler les tenailles, mais celles-ci glissaient toujours. Il n’arrivait pas à entamer ses fers. Se rappelant avoir vu un étau et une grande lime, il les chercha à l’aveuglette parmi les différents outils de l’établi, trouva enfin la lime, la fit tomber par terre ! Le bruit attira l’attention de Simon. Cassiopée, profitant de ce qu’il ne la regardait plus, passa rapidement ses bras à l’extérieur de sa cellule, l’agrippa par les épaules, le fit tomber d’un coup de pied au tibia et lui cogna violemment la tête contre les barreaux de sa prison.
Simon s’effondra, et la torche roula par terre en grésillant, menaçant de s’éteindre.
— Par ici ! souffla Cassiopée à Morgennes.
Abandonnant ses instruments, Morgennes se dirigea vers la torche que Cassiopée cherchait à attraper avant qu’elle ne s’éteigne complètement.
— Les clés ! Prenez les clés, vite ! dit-elle.
Morgennes s’agenouilla, prit le flambeau et le lui donna.
— Tenez-moi ça, on y verra mieux.
À la lumière de la torche, Morgennes retourna le corps inerte de Simon pour s’emparer du trousseau de clés qui pendait à sa ceinture, puis ouvrit la grille du cachot.
Une fois dehors, Cassiopée s’exclama :
— Grâce à Dieu, vous êtes en vie !
— Grâce à vous, dit Morgennes en lui prenant la main. Et vous, comment vous sentez-vous ?
— Comme vous… Je suis contente de vous revoir, j’ai l’impression que… Je parle trop, préoccupons-nous plutôt de sortir d’ici !
Morgennes leva ses poignets enchaînés.
— Je m’en charge, fit Cassiopée.
Ils prirent les armes et le ceinturon de Simon, l’enfermèrent dans la cellule et repartirent précipitamment vers l’antre du bourreau. Là, Cassiopée s’empara de l’énorme paire de tenailles qui servait à broyer les os, et brisa les chaînes de Morgennes.
— Donnez-moi ça, dit Morgennes en prenant à Cassiopée la grosse paire de pinces. Ça me servira d’arme.
De retour dans le corridor principal, Morgennes montra le cachot où gisait le corps de l’adolescent :
— Savez-vous qui c’est ?
— Un jeune homme qu’ils ont torturé à mort. Il s’appelait Olivier.
Morgennes s’approcha de la geôle, et demanda à Cassiopée de la lui ouvrir :
— Je voudrais voir son visage…
Cassiopée ouvrit la cellule d’Olivier, dont le corps était couvert d’ecchymoses et de brûlures.
— Comment ont-ils pu faire une chose pareille à un enfant ? demanda Cassiopée.
— On devrait peut-être lui poser la question ? répondit Morgennes en indiquant Simon.
Ils firent demi-tour et repartirent vivement vers la cellule de Simon, qui peu à peu revenait à lui. Cassiopée ouvrit la grille, sortit son couteau d’arme du fourreau et lui lança d’un ton acerbe :
— Je crains que tu n’aies pas assez de valeur pour nous servir d’otage !
Simon recula vers le mur
Weitere Kostenlose Bücher