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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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ton épée.
    — Crucifère, Crucifère. J’ai l’impression d’avoir passé ma vie à la chercher…
    Le corps du sergent avait été posé sur une table, dans la chapelle du krak. Des frères priaient à genoux pour la paix de son âme. Il serait enterré tout à l’heure dans le petit cimetière du château, ensuite seulement une messe serait dite – conformément aux coutumes orientales qui voulaient qu’on enfouisse au plus vite les morts, dont les chairs se décomposaient rapidement. De chaque côté du corps, dans la lumière des cierges, de l’encens brûlait dans des pots. Une fumée compacte montait dans l’air saturé de chaleur. Des mouches bourdonnaient sans que les prêtres se soucient de les chasser.
    Beaujeu et Morgennes entrèrent, et le frère chapelain courut à leur rencontre. Il semblait à la fois heureux de voir le frère commandeur et furieux de voir Morgennes, qui était à ses yeux pire qu’un infidèle : un lâche et un laps.
    — Il est ici parce que je le veux, dit Beaujeu sans laisser au frère chapelain le temps d’ouvrir la bouche. Mène-nous près du corps.
    — Le voici, dit le frère chapelain, tête basse, en indiquant le malheureux sergent.
    Deux clercs s’affairaient autour de lui, l’asseyant sur la table de bois pour défaire les lanières de son haubergeon, lui ôter sa chemise et ses braies ensanglantées ; après quoi ils le laveraient et lui passeraient la tunique de lin blanc dans laquelle il serait inhumé.
    — Sait-on ce qui l’a tué ? demanda le frère commandeur.
    — Il a perdu trop de sang, beau doux seigneur, répondit le frère chapelain.
    Morgennes et Beaujeu s’approchèrent pour mieux l’examiner.
    — Attention ! dit soudain Morgennes aux clercs qui retiraient l’armure du défunt sans prendre garde aux flèches qui l’avaient transpercé.
    Apeurés, ils interrompirent leurs mouvements, et Morgennes extirpa délicatement du frère sergent deux pointes de la longueur d’une main.
    — Voici ce qui l’a tué, dit-il en présentant l’une d’elles à Beaujeu. Ces flèches sont particulières. Elles sont trempées dans du poison et sont uniques en leur genre. À ma connaissance, seuls les Maraykhât sont capables de les fabriquer.
    — Les Maraykhât ! Mais que feraient-ils par ici ? demanda le frère commandeur.
    — Ils auront flairé l’or, poursuivit placidement Morgennes.
    Puis il considéra le corps avec attention, promenant sa main sur ses blessures, les scrutant avec soin.
    — Elles ont traversé son haubergeon si facilement, et… regardez.
    Il enfonça l’index dans l’une des plaies, à la hauteur du sein droit.
    — Je n’avais jamais vu ça…
    Comme il retirait son doigt, un peu de sang et du liquide qui ressemblait à de l’eau coulèrent sur la poitrine du mort. Beaujeu constata :
    — Il saigne encore…
    — Ce qui signifie ? demanda le frère chapelain, pour qui ce phénomène tenait du miracle.
    — D’ordinaire, passé un certain temps, le sang s’arrête de couler. Soit ce frère sergent a rendu l’âme il y a peu, soit son métabolisme a été modifié, dit Morgennes.
    — Modifié ? C’est-à-dire ? insista le frère chapelain.
    — Les Maraykhât utilisent souvent un poison pour fluidifier le sang, expliqua Morgennes. Cela cause des hémorragies terribles dont on ne se rend pas toujours compte sur le moment. C’est d’ailleurs un miracle qu’il soit resté suffisamment de sang dans le corps de cet homme, après toutes ses blessures, pour couler au moment où j’ai retiré mon doigt…
    Alexis de Beaujeu avait un air soucieux, tout à la fois déconcerté et embarrassé.
    — La flèche n’est pas l’homme, dit-il enfin. Que ces flèches aient été fabriquées par les Maraykhât, je le veux bien, mais qu’elles aient été tirées par eux, cela reste à prouver.
    — Peut-être par leurs alliés, alors ? demanda le frère chapelain.
    — Les Maraykhât n’ont que l’or pour allié, répondit Morgennes.
    — Justement, dit Beaujeu. N’importe qui a pu utiliser leurs services, leurs armes, ou leur savoir-faire en matière de poison. Pourtant, c’est bien la première fois que ce type d’arme est employé dans le comté de Tripoli.
    — C’est que les Assassins, les Templiers, ou les deux, les auront recrutés, dit simplement Morgennes.
    Cette remarque les plongea dans le silence.
    Templiers, Assassins, Maraykhât, tout cela se mélangeait pour ne former qu’un seul

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