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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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la fille du sénateur – son bougre de mari avait eu la main heureuse en obtenant le divorce !
    — Je vois… À quoi ressemble-t-elle, votre chère Helena ?
    — Elle est vraiment merveilleuse ! s’exclama-t-elle. (Elle se reprit aussitôt.) Elle ne vous plairait pas beaucoup…
    — Et pourquoi cela ? fis-je, le sourire aux lèvres.
    Elle haussa les épaules. Je ne connaissais certes pas sa cousine, mais je l’avais prise en grippe dès le départ, dès l’instant où Sosia, peu confiante envers moi, avait emprunté son nom pour me tromper. Pour être franc, je lui reprochais avant tout la profonde franchise qu’elle avait su inspirer à sa jeune cousine. J’aurais aimé exercer une telle influence sur Sosia, d’autant qu’à mes yeux elle se fourvoyait. En général, je n’ai aucun mal à aimer les femmes… Mais cette Helena m’avait tout l’air de jouer les grandes sœurs protectrices : j’avais peu de chances de lui plaire…
    — Nous nous écrivons, expliqua Sosia, comme si elle avait lu dans mes pensées.
    Je restai silencieux. Mieux valait partir. Je n’avais rien à ajouter. Je demeurai immobile, parmi les douces senteurs de fleurs et la chaleur paresseuse que dégageaient les pierres.
    — Je lui dis tout.
    Je la regardai plus gentiment, quelque peu mal à l’aise. C’est étrange, mais on a souvent plus honte quand on n’a rien à se reprocher que lorsque l’on cherche à dissimuler une conduite peu honorable.
    Voyant que je me taisais, Sosia continua à parler. C’était son gros défaut, elle ne savait pas s’arrêter.
    — Vous partez pour de bon ? Je ne vous reverrai plus ? Marcus Didius Falco, j’ai quelque chose à vous dire… Depuis des jours je me demande comment…
    Elle avait décliné ma complète identité ; personne ne m’appelait jamais comme ça. Ce ton respectueux m’était insoutenable, la situation devenait délicate… Ma colère s’évanouit.
    — Non ! m’exclamai-je. Croyez-moi, Sosia, quand on passe des jours sur un dialogue, c’est qu’il vaut mieux supprimer la réplique…
    Elle hésita.
    — Vous ne savez pas ce que…
    J’étais poète à mes heures perdues ; de nombreuses choses me demeureraient à jamais inconnues, mais là je ne me trompais pas…
    — Oh, Sosia, je comprends trop bien !
    L’espace d’un instant, je fis le rêve fantastique de faire ma vie avec Sosia Camillina. Je revins très vite sur terre – seul un imbécile pourrait imaginer s’affranchir si facilement des barrières sociales. Un homme pouvait toujours acheter sa promotion à la deuxième classe, ou se voir accorder l’anneau d’or pour services rendus à l’empereur – les plus louches de préférence… – mais tant que son père et son oncle resteraient attachés à leur rang – et j’imaginais mal l’oncle millionnaire s’en départir un jour… – Sosia Camillina, toute dépourvue de mère qu’elle fut, serait casée en vue d’améliorer son sort, et celui des finances familiales. Nos destins ne pourraient jamais se croiser. Au fond d’elle-même, elle le comprenait bien. Malgré sa valeureuse tentative, elle gardait les yeux fixés sur ses orteils dans leurs sandales dorées, et se mordait la lèvre, acquise à mon point de vue.
    — Si j’ai besoin de vous voir… commença-t-elle par dire, d’une voix résignée.
    Je répondis vivement pour masquer mon propre désarroi.
    — Ça n’arrivera pas ! Dans votre existence bien protégée, il n’y a aucune place pour les types comme moi. Et franchement, je n’ai pas besoin de vous !
    Je partis rapidement, préférant ne pas voir son visage.
     
    Je marchai jusqu’à la maison. Rome, ma ville, avait toujours su me consoler… Elle s’étendait à mes pieds, secrète et belle, exigeante mais généreuse, plus séduisante que jamais… Pour la première fois de ma vie je repoussai ses avances.

17
    J’eus malgré tout l’occasion de revoir Sosia Camillina. Elle demanda à me rencontrer – naturellement j’accourus, aussi rapidement que possible…
     
    L’automne commençait à chatouiller délicatement l’été. Les journées semblaient toujours aussi longues et chaudes, mais l’air fraîchissait plus vite à la tombée de la nuit. J’avais passé quelques jours de vacances à faire les vendanges en Campanie, mais le cœur n’y était pas et j’avais préféré rentrer.
    Les cochons d’argent occupaient toujours autant mon esprit. Je n’arrivais pas à tirer un

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