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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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se tenait légèrement voûté, prêt au combat, le visage dissimulé derrière la grille de son casque. J’ai dû m’exclamer :
    — Oh non… Pas maintenant ! Grands dieux, pas maintenant !
    — Tout de suite, Falco !
    — Vous n’avez pas le droit !
    — Et comment ! Montrons-lui !
    Alors, les deux pêcheurs balancèrent leurs filets sur ma tête.
    Je savais bien, tout en me débattant en vain dans ces nasses de corde, que l’arrestation par les gros-bras de l’édile me paraîtrait, en comparaison, une partie de plaisir. Si Smaractus souhaitait seulement mettre les points sur les i, je serais attendri à la manière des poulpes que l’on cogne contre les rochers du rivage. Mais, s’il avait trouvé un nouveau locataire pour le sixième, c’en était fini de moi. Cela promettait d’être épouvantable – mon unique réconfort étant la certitude de ne plus sentir grand-chose une fois évanoui et, qui sait, peut-être de ne jamais me réveiller. Morituri te salutant…
    Ils devaient être cinq, même s’ils semblaient plus nombreux. Les pêcheurs ne pouvaient sortir dans la rue avec leurs tridents pointus, mais les mirmillons avaient apporté leurs sabres en bois d’entraînement. Ils assenèrent leurs coups tant que je me débattis… Les sons incohérents que j’émettais finirent par s’atténuer.
     
    Au bout d’un moment je revins à moi. Apparemment, les locataires potentiels ne couraient pas les rues ; on leur avait peut-être décrit les conditions de vie dans les appartements de Smaractus. Mon bureau était toujours à moi. Il fallait se réveiller.
    Je n’étais pas dans ma chambre… Ailleurs…
    Je me sentais épouvantablement fatigué. Je nageais dans la douleur comme dans un nectar sirupeux. Puis, je fus pris dans un torrent de sensations et un vacarme tourbillonnant.
    — Il reprend conscience ! Dis quelque chose, Falco ! ordonna Lenia avec empressement.
    Mon cerveau balbutia quelques mots, mais je n’entendis aucun son ; ma bouche cotonneuse n’avait pas bougé.
    Je plaignais ce pauvre Falco à qui on s’adressait, s’il souffrait autant que moi… J’avais quitté le monde pendant trente secondes, peut-être cent ans… Pour aller où ? Peu m’importait, ça valait mieux qu’ici et je n’avais qu’une envie, y retourner au plus vite.
    — Marcus !
    Ce n’était plus Lenia.
    — N’essaye pas de parler, mon garçon.
    Lenia avait envoyé chercher ma mère. Grands dieux…
    Peu à peu, le flou rougeâtre derrière mes paupières prit forme. Lentement, ce pauvre type qu’ils appelaient Falco et moi, nous ne fîmes plus qu’un.
    — C’est…
    Qui avait dit cela : Falco ou moi ? Lui, je crois.
    Soulagée mais hargneuse, la voix de ma mère se fit entendre.
    — Voilà pourquoi les gens payent leur loyer !
    La figure imposante de Lenia planait au-dessus de moi, son cou me faisant l’impression d’un lézard géant.
    — Ne bouge pas, dit-elle.
    Je parvins à m’asseoir, aidé par ma mère. J’aurais tout donné pour m’allonger à nouveau, mais son bras me maintint en place avec la fermeté du marionnettiste tenant ses baguettes en bois.
    Elle me redressa la tête, soutenant mon menton avec la poigne neutre mais ferme d’une infirmière chevronnée. Elle me traite toujours comme un cas sans espoir, et me parle comme à un jeune délinquant. La disparition de mon noble frère demeure entre nous un grief éternel, comme une absinthe qui nous serait restée en travers de la gorge. Je ne sais même pas ce qu’elle me reproche ; elle l’ignore sans doute elle-même.
    Pour l’heure, elle semblait avoir confiance en moi. Elle me parla d’une voix suffisamment forte pour que le sens pénètre au fond de la mélasse qui me tenait lieu de cerveau.
    — Marcus, je me fais du souci pour la jeune fille. Nous avons lu son mot, et j’ai envoyé Petronius la chercher. Mais tu devrais y aller…
     
    Je gagnai le Forum en litière, porté à travers la foule tel un eunuque gras, riche mais dépourvu de bon goût. Nous nous frayâmes un chemin jusqu’à la Borne Dorée, celle qui indique la distance de toutes les routes de l’Empire. J’imaginais Sosia en train de m’attendre, en ce lieu qui figurait le centre du monde. Pas la moindre trace d’elle. Un des brigadiers de Petro me transmit la commission de retrouver son capitaine passage de la Louve. Il demeura en arrière, attendant visiblement quelqu’un d’autre. Je partis à pied.
    En cherchant

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