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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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tranquille.
    — Marcus…
    Flavius Hilaris. Il voulait entendre à nouveau tout ce que Rufrius Vitalis lui avait déjà rapporté au sujet de la mine. Il était trop gentil pour m’avouer qu’il prenait ma déposition officielle, au cas où je mourrais sur le billard. Mais j’avais bien compris.
    Je lui dis tout ce que je savais. Tous les moyens étaient bons pour qu’il parte.
    Le concessionnaire Triferus n’avait toujours pas parlé. Nous étions en plein hiver. Les collines étaient sous la neige, et on ne pouvait filer les carrioles qui s’égaraient vers le sud – les convois étaient suspendus, sans doute pour plusieurs semaines. Gaïus allait abandonner Triferus au fond d’une cellule. Il ferait une nouvelle tentative en ma présence. On avait prévu de m’envoyer aux Sources Sacrées pour ma convalescence – si je n’y passais pas…
    Il demeura longtemps assis à mon chevet, me tenant le poignet. Il semblait embêté. Il affirma avoir suggéré à Rome de doubler mes honoraires. Je souris. Après trente années d’administration il n’avait toujours pas compris. Je me rappelais m’être dit, des lustres auparavant : et si c’était lui… Je souris une nouvelle fois et m’enfonçai dans le sommeil.
    Le chirurgien s’appelait Simplex. Quand ils se présentent par leur nom, vous savez que le traitement envisagé est au mieux un pari fou, au pire incroyablement douloureux.
    Simplex avait passé quatorze ans dans l’armée. Il aurait su calmer un soldat de 16 ans ayant reçu une flèche en plein crâne. Il crevait les ampoules, calmait la dysenterie, mettait des gouttes dans les yeux, et accouchait même les femmes que les légionnaires étaient censés ne pas avoir. Tout cela l’ennuyait. J’étais devenu son malade préféré. Outre ses spatules, scalpels, sondes et forceps, il possédait un maillet tout brillant assez puissant pour enfoncer les piquets d’une clôture. Il servait en chirurgie, pour enfoncer le couteau dans les articulations au cours des amputations. En plus du couteau, il avait aussi une scie : une vraie boîte à outils, posée à côté de mon lit.
    On me mit sous calmants, mais pas assez. Flavius Hilaris me souhaita bonne chance avant de s’éclipser hors de la pièce. Je ne lui en veux pas. Si je n’avais pas été attaché au lit, les quatre membres cloués au matelas par des cavaliers imposants au visage décidé, je l’aurais suivi au plus vite.
    Dans un nuage médicamenteux, j’aperçus Simplex qui s’approchait. J’avais changé d’avis sur son compte, je savais qu’il était dingue, un vrai maniaque du couteau. J’essayai de parler, sans pouvoir produire le moindre son. Je voulus crier.
    Quelqu’un d’autre le fit pour moi. Une voix de femme.
    — Arrêtez tout de suite !
    Helena Justina. Je ne l’avais pas entendue entrer. Je ne savais même pas qu’elle était arrivée.
    — Il n’y a pas de gangrène ! s’exclama la fille du sénateur. (En voilà une qui s’emportait souvent.) Un chirurgien militaire devrait savoir ça : la gangrène a une odeur bien particulière. Les pieds de Didius Falco sentent un peu, mais il y a pire. (Quelle femme ! Tous les enquêteurs devraient en avoir une comme ça.) Il a des engelures, mais en Bretagne cela n’a rien d’étonnant. Un bon navet guérira ça. Mettez-lui la jambe à plat et laissez-le donc tranquille ! Ce pauvre homme a déjà assez souffert comme ça.
    Je m’évanouis avec soulagement.
     
    Ils essayèrent à deux reprises de redresser ma jambe. La première fois, muet sous le choc, je plongeai les dents dans une quadruple épaisseur de tissu tandis que de chaudes larmes coulaient le long de mon cou. La seconde fois, je m’y attendais ; je lâchai un hurlement.
    Quelqu’un sanglotait.
    J’émis quelques borborygmes. Une main – sans doute un des gros bras qui me tenaient immobile – ôta les linges avant que je m’étouffe. J’étais en nage. Quelqu’un songea à m’essuyer le visage.
    Un parfum capiteux vint me chatouiller les sens. Aussi merveilleux que le baume royal concocté pour les rois parthes à partir des essences de vingt-cinq huiles différentes – je n’y ai jamais mis les pieds, mais tout poète du dimanche a entendu parler des rois parthes aux longs cheveux ; ils sont très utiles pour donner du tonus à une ode un peu molle.
    Ce n’était pas du baume royal, mais l’odeur était malgré tout délicieuse. Je me dis que certains de ces solides cavaliers

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