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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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ciel.
    — Vraisemblablement, un descendant des trois corbeaux apprivoisés par saint Benoît, remarqua le moine tandis qu’Afra relançait sa bête.
    Lorsqu’il aperçut le visage incrédule d’Afra, il reprit :
    — Vous semblez ne pas connaître la légende de saint Benoît.
    — Vous pouvez me traiter d’ignare, mais c’est vrai, je n’en sais absolument rien. Quelle est cette histoire de corbeau ?
    — Aux alentours du cinquième siècle, après la venue sur terre de notre Seigneur, vivait non loin d’ici Benoît de Nursia, seul dans une grotte en pleine montagne où il s’était retiré pour échapper à l’agitation bruyante des hommes. Il avait pour seul compagnon un corbeau. La solitude lui coûtait. Il lui arrivait d’être hanté par des visions de femmes débauchées. Pour se mortifier, il se roulait dans les chardons et les ronces. Plus tard, il fonda de nombreuses abbayes, une douzaine au total, accueillant tous ses frères dans la foi pour se consacrer à la vie contemplative mais aussi à la vie active.
    — Le lien avec le corbeau ? intervint Afra.
    —  ç a vient : dans un village voisin, vivait un curé, un certain Florent. On le disait possédé par le diable. La suite de l’histoire tendrait à le prouver. Un jour, il fit porter à Benoît du pain empoisonné. Par miracle, Benoît ayant deviné les intentions malveillantes du curé, dit au corbeau qui se tenait toujours à ses côtés : «  m ange de ce pain et dis-moi s’il est bon. » Comme l’oiseau apprivoisé se refusait à en manger, Benoît lui dit : « Porte ce pain sur la plus haute montagne, là où nul homme ne se risque afin qu’il ne nuise à personne. » Un jour, le curé prit l’apparence du diable et voulut faire succomber Benoît et ses frères à la tentation. Il envoya dans le jardin du couvent sept filles impudiques qui exhibèrent leurs charmes. Benoît et ses disciples rassemblèrent leurs biens et s’en furent fonder une autre abbaye. Le corbeau apprivoisé les accompagna, un deuxième corbeau vint se joindre à eux. Lorsque celui-ci se posa au sommet du Mont-Cassin, Benoît décida de fonder sur cette hauteur un deuxième couvent.
    Afra gardait le silence et réfléchissait.
    — Et vous croyez à cette légende ?
    Le moine dodelina de la tête.
    — Peu importe que cette légende soit inventée ou non, puisqu’elle est édifiante. En tout cas, elle ne cause de tort à personne.
    — Effectivement, à personne. Vous avez raison. La tombe de Benoît attire beaucoup de pèlerins ici. Est-il vraiment enterré dans votre abbatiale ?
    — Oui, ça, ce n’est pas une légende, répliqua le moine alchimiste. Benoît et sa sœur Scholastique sont bien morts ici sur cette montagne. On dit que Benoît avait prédit le jour exact de sa mort. Il y a des choses qui laissent même un alchimiste comme moi perplexe. Mais je ne vous ai pas dit mon nom, je m’appelle frère Jean.
    Afra gardait le silence, cahotée par les violents soubresauts de la voiture. Puis elle se présenta à son tour sous un nom qu’elle avait entendu quelque part.
    — Elia, je m’appelle Elia.
    Le moine, songeur, regardait droit devant lui. Puis il dit avec un visage grave :
    — On pourrait vous prendre pour la réincarnation du prophète Élie. Il est dit dans le Livre des Rois qu’il s’est élevé dans le ciel sur un char de feu.
    — Moi ? fit Afra étonnée en tirant involontairement sur les rênes.
    La bête, qui avançait stoïquement au pas, se mit à trotter. Afra et frère Jean se cramponnaient pour ne pas tomber. Le cheval se refusait à ralentir ; il souffla et piaffa jusqu’au moment où ils arrivèrent sur un terrain dégagé au pied de l’abbaye. Une fois là, il s’immobilisa de lui-même et se secoua comme s’il voulait se débarrasser de son harnachement.
    Frère Jean sauta de la voiture, il était blanc comme un linge et pouvait à peine parler. Quant à Afra, elle était soulagée d’être enfin arrivée saine et sauve.
    Elle conduisit le cheval par la bride jusqu’à un bâtiment d’un étage adossé au mur d’enceinte, côté ouest.
    L’hostellerie pouvait accueillir plus d’une centaine de pèlerins, servait des repas et mettait à disposition des stalles pour les chevaux et une remise pour les voitures. En cette saison, le lieu était désert.
    Dans l’écurie, il y avait deux bœufs et quelques vieilles mules efflanquées attendant le fourrage.
    Et dans la remise, il n’y

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