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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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poursuivit maître Ulrich en regardant discrètement Afra. « Trois » est le chiffre sacré par excellence, symbole de la Sainte-Trinité et de la Rédemption. « Quatre » est le plus intéressant de tous, il figure toutes les dimensions de l’existence humaine : la longueur, la largeur, la hauteur et le temps, mais aussi les quatre éléments, les quatre points cardinaux ainsi que les quatre Évangiles. « Six » symbolise toutes les œuvres de Dieu, c’est le chiffre de la genèse symbolisant l’harmonie des éléments et donc de l’âme humaine. « Sept » est le chiffre sacré correspondant aux sept dons de l’esprit et aux sept gradins célestes. Et le « huit » ? Huit représente l’infini, l’éternité. Dessinez ce chiffre dans l’air, vous pouvez le faire sans jamais vous interrompre. Quant à « neuf », le plus grand nombre de tous, divisible par trois, le plus sacré entre tous, il incarne l’invulnérabilité que seule la s ainte- t rinité peut remettre en cause. Tous les architectes des grandes cathédrales ont utilisé ce chiffre pour leurs plans parce qu’il symbolise la force et la constance. Si vous multipliez neuf par n’importe quel autre nombre, vous obtiendrez un nombre dont la somme est toujours égale à neuf.
    — Donnez-nous un exemple ! lança un curé en soutane, ravi par le discours de maître Ulrich.
    — Bon, combien font neuf multiplié par six ?
    Le curé compta sur ses doigts.
    — Cinquante-quatre !
    — Additionnez les deux nombres !
    — Cela fait neuf.
    — C’est exact. Et maintenant, neuf fois sept !
    — Soixante-trois.
    — Et additionnez six et trois !
    — Neuf ! Maître Ulrich, vous êtes un magicien, s’écria, fasciné, le curé tout de noir vêtu.
    — Par tous les saints, certainement pas. Je sais juste combiner les chiffres, je connais leur signification et les symboles qu’ils représentent dans la construction d’une cathédrale comme celle-ci. 
    — Et le nombre cinq ? Vous n’en n’avez pas parlé ! dit le vieil homme qui l’avait auparavant provoqué.
    Ulrich von Ensingen prit son temps pour répondre. Tous les yeux étaient braqués sur lui.
    — Vous connaissez tous le pentagramme, le pentagone, aussi nommé décagone étoilé, cette étoile à cinq branches que l’on dessine sur les portes des possédés du diable.
    — Cinq est le symbole du prince des ténèbres et de ses cinq royaumes souterrains ! s’écria le curé tout excité.
    — C’est exact, cinq est le nombre de Satan. Et, à mon avis, ce n’est sûrement pas un hasard si on retrouve le chiffre cinq partout dans la cathédrale. Maître Parler avait prévu cinq hautes fenêtres sur chaque côté et cinq étages.
    Le curé poursuivit d’une voix étranglée :
    — Maître Ulrich, vous pensez qu’il aurait voulu, à l’insu de tous, consacrer l’église au diable ?
    Ulrich von Ensingen leva les mains, comme s’il voulait prévenir toute conclusion hâtive et dire qu’il pouvait être amené à le penser sans en avoir toutefois la preuve. Mais il s’abstint de répondre.
    Un grand silence s’abattit sur la place, un silence angoissant.
    Puis on entendit un bourdonnement sourd qui ne cessait d’amplifier et dégénéra bientôt en vociférations avant d’exploser en hurlements furieux. Les bourgeois d’Ulm enrageaient de colère.
    — Qu’il construise ses neuf étages ! s’écrièrent les uns en se rassemblant autour d’un riche marchand. Maître Parler avait pactisé avec le diable. Voilà pourquoi le diable l’a emporté.
    Quelques autres, du clan opposé, entouraient maintenant le vieil homme à la barbe qui prit à son tour la parole :
    — Admettons que le nombre cinq porte vraiment malheur, maître Ulrich pourrait néanmoins peut-être nous expliquer pourquoi il ne s’est pas contenté de sept ou de huit étages. À mon avis, maître Ulrich nous propose une interprétation des nombres qui sert ses intérêts. Il nous présente les choses comme cela l’arrange. 
    L’altercation s’envenima, les uns traitant les autres d’idiots que le Seigneur n’avait pas dotés d’une intelligence suffisante, les autres reprochant au clan adverse le commerce qu’il entretenait avec le diable plus qu’avec notre s ainte Mère l’ é glise. Les discussions dégénérèrent en bagarres.
    Afra alla se mettre à l’abri de la foule déchaînée. Elle se réfugia derrière un amas de pierres. Lorsqu’un peu plus

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