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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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place. Au nom du Père, du Fils et de la Vierge Marie.
    — Tu as oublié le Saint-Esprit ! lui dit le prévôt, en écrasant un peu plus sa main. Pourtant les lumières de l’esprit pourraient t’être fort utiles en ce moment.
    Il siffla entre ses doigts et deux sergents sortirent de l’obscurité du porche de l’église.
    — Regardez-moi cela ! dit Benedikt en riant, voilà une canaille d’un genre tout particulier. Elle vous livre directement à vos pieds la preuve de son crime. 
    Tandis que Benedikt soulevait son pied de la main de l’homme qui se tordait de douleur, un des sergents ramassa la scie qui s’était échappée du paquet de chiffons.
    — De grâce, noble Seigneur, supplia l’homme en joignant les mains, on m’a obligé à faire ça, j’avais encore perdu aux dés – ce n’est pas la première fois.
    — Ah ah ! fit Benedikt avec un sourire au coin des lèvres. a lors c’était donc toi qui avais scié les barreaux, provoquant ainsi la mort du messager de Strasbourg ?
    L’homme hocha la tête en signe d’aveu et tomba à genoux aux pieds du juge :
    — Pitié, noble seigneur. Ce n’est pas le messager étranger qui aurait dû tomber mais l’architecte. C’était un accident malencontreux qui a précipité la mort de l’autre. 
    — En effet, on peut le dire ! Comment t’appelles-tu ? D’où viens-tu ? Tu n’es pas d’ici en tout cas. 
    — Je m’appelle Leonhard Dümpel, pour vous servir. Je n’ai pas de domicile, je vais de place en place, mandant la charité ou effectuant quelques basses besognes. Je suis un serf en fuite. Je l’avoue.
    — Et que faisais-tu avec Gero Guldenmundt, ce bellâtre abject ?
    — Il s’entoure d’une bande de vagabonds comme moi et se divertit à nos dépens. En échange d’un morceau de pain ou d’une gorgée de bière, il nous oblige à lui lécher plusieurs fois par jour les bottes à genoux devant lui. Quand il mange des cerises, il crache les noyaux le plus loin possible et prend plaisir à nous voir les ramasser. Il préfère atteler une douzaine de manants à sa voiture plutôt que d’utiliser des chevaux. En contrepartie, il nous fait servir un repas chaud. Mais ce qu’il apprécie surtout ce sont les dés. Il ne joue pas pour l’argent, comme la plupart des gens de son milieu. La règle veut que le perdant lui rende des services. 
    — Tout le monde sait que Guldenmundt est un tricheur et qu’il ne peut supporter l’architecte, ajouta le prévôt. Il doit vouer une haine féroce à maître Ulrich pour avoir voulu le faire passer à deux reprises de vie à trépas. 
    — Je n’ai pas tué le messager, noble seigneur ! gémit l’homme. v ous devez me croire. 
    — Mais tu as indirectement causé sa mort, l’interrompit brutalement le prévôt. Et tu sais très bien ce que cela signifie pour quelqu’un comme toi.
    Le prévôt fit semblant de lui passer la corde au cou.
    Alors le jeune homme se redressa et se débattit comme un forcené. Il se mit à cracher, à griffer et à hurler dans la nuit. Les sergents parvinrent difficilement à contenir le criminel.
    — Jetez-le au cachot ! ordonna le juge calmement, en essuyant du revers de la manche son visage ruisselant de sueur. Demain, aux premières lueurs de l’aube, nous nous occuperons de Gero. Il ne va pas s’en tirer comme cela. 
    Six sergents armés de dagues et de lances, portant des chaînes suspendues à leurs épaules, investirent au matin l’élégante demeure de Guldenmundt sur la place du marché et sortirent Gero de son lit.
    Surpris par cette arrestation, Gero n’opposa pas la moindre résistance. Il s’enquit de savoir le sort qu’on lui réservait, et le capitaine, un gaillard bien bâti, à la barbe noire et au regard sombre, lui répondit qu’il l’apprendrait suffisamment tôt.
    Puis ils lui passèrent les chaînes et l’emmenèrent sous haute protection à l’hôtel de ville tout proche.
    Le soleil illuminait de ses premiers rayons encore pâles les frontons découpés des maisons quand le cortège arriva sur la place.
    Les bourgeois le regardèrent passer avec intérêt, la journée promettait d’être distrayante.
    Devant l’hôtel de ville, une estrade de bois avait été dressée avec le pilori au centre. Des femmes se rendant au marché se grandissaient pour mieux voir. Des enfants cessèrent leurs jeux, abandonnant sur place leurs cerceaux et leurs toupies et s’avançaient en sautillant.
    Il fallut très

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