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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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dans la main.
    — Je l’ai trouvée sur la table dans son laboratoire. Peut-être cela a-t-il un intérêt pour toi. Sais-tu lire ? Mais jure-moi auparavant de ne pas me trahir !
    — Je te le jure ! répliqua Afra, émue en regardant le papier. L’écriture de l’alchimiste faisait des boucles, des nœuds et des guirlandes, les lettres étaient si belles qu’elles ressemblaient plus à un dessin qu’à un texte écrit. Mais elle était aussi quasiment illisible. Afra mit un certain temps à déchiffrer les deux lignes.
    Elle lut la première : «  Mont-Cassin – Johannes Andreas Xenophilos . » Et la deuxième : «  Constitutum Constantini .  » Et c’est tout.
    Clara regarda Afra d’un air interrogateur :
    — Est-ce que cela t’éclaire un peu ?
    Afra, déçue, secoua la tête.
    Sur le trajet du retour vers le quartier des pêcheurs, Afra ruminait ses idées noires. Elle n’avait pas le courage de se battre, elle était découragée.
    En arrivant à la hauteur du petit pont de bois à la jolie rambarde qui enjambe la Blau, un jeune homme lui barra le chemin. Alors qu’elle ne l’avait jamais rencontré, Afra sut immédiatement qu’il s’agissait de Mattheus, le fils d’Ulrich. Il portait une énorme faluche de velours ornée d’une plume de paon et arborait une tenue raffinée, comme la plupart des jeunes gens issus de familles aisées.
    Ses yeux noirs étincelaient de colère :
    — Tu es parvenue à tes fins, misérable putain, sorcière !
    Afra tressaillit. L’instant d’après, elle avait recouvré ses esprits :
    — Je ne sais pas de quoi tu parles. Et maintenant laisse-moi passer !
    — Je vais t’expliquer. C’est toi qui as poussé mon père à empoisonner ma mère. Elle est morte, tu entends, morte ! hurla-t-il.
    Puis les mots lui manquèrent ; il la saisit par les bras et la secoua violemment.
    — Morte ? répéta-t-elle dans un effroi mêlé de stupeur. Que s’est-il passé ?
    — Hier encore, elle allait parfaitement bien, elle ne montrait pas le moindre signe de maladie et, ce matin, on l’a retrouvée sans vie dans son lit, avec les lèvres et les ongles bleus. Le médecin que j’avais fait venir, a juste dit qu’elle avait été empoisonnée, puis il a ajouté que Dieu aurait pitié de son âme. 
    — Mais ce n’est pas ton père qui a commis ce crime !
    — Qui d’autre alors ? Ma mère ne sortait plus de chez elle depuis des jours. Non, tu as ensorcelé mon père et tu l’as incité à empoisonner ma mère.
    — C’est absurde. Jamais Ulrich n’aurait fait une chose pareille !
    — Le passeur vous a vus, toi et mon père, quand vous alliez chercher du poison chez l’alchimiste. Tu ne vas quand même pas le nier !
    — Nous sommes en effet allés chez l’alchimiste, mais certainement pas pour nous fournir en poison ! Je le jure sur tout ce que j’ai de plus cher au monde.
    Mattheus lui répondit sur un ton rogue :
    — Une fille comme toi ferait mieux de ne pas jurer. Mais si tu veux écouter mes conseils, tu ferais mieux de quitter Ulm dès ce soir. File aussi vite que tu le peux, si tu tiens encore à la vie. Je te jure que tu ne reverras pas mon père.
    Il cracha par terre devant elle, se tourna et partit en direction de la place de la cathédrale.
    Le soir, Bernward le pêcheur parla à Afra :
    — Les gens racontent que l’architecte aurait empoisonné sa femme, est-ce vrai ?
    La question affecta Afra d’autant plus qu’elle les considérait, lui et sa femme, comme d’honnêtes gens qui lui avaient toujours apporté leur soutien.
    — Dites franchement ce que les gens racontent encore ! s’emporta Afra. d ites que j’ai ensorcelé maître Ulrich et que je l’ai poussé à assassiner sa femme. Pourquoi ne le dites-vous pas maître Bernward !
    — C’est effectivement ce qu’on dit, reprit-il ébranlé, puis sa femme surenchérit :
    — C’est exactement ce que tout le monde raconte. Mais ne crois pas que nous prenons ces ragots pour argent comptant. Nous voulons juste entendre ta version des faits.
    Afra eut du mal à contenir son émotion :
    — Mon Dieu, je n’ai pas ensorcelé Ulrich. J’en serais bien incapable. Et je peux affirmer qu’Ulrich n’a pas assassiné sa femme. Elle était malade depuis des années. C’est lui-même qui me l’a dit.
    — Et ce poison de l’alchimiste ?
    — C’est une invention. Nous avons bien rendu visite à maître Rubaldus mais pour une tout autre

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