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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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rempart naturel contre les éventuels agresseurs. De loin, on avait l’impression qu’il s’agissait de bourgeois en armures guettant l’assaillant les bras croisés.
    L’accès à la ville était protégé par un fossé qu’enjambait un pont de bois. Alpert connaissait les sentinelles postées sur la barrière.
    Il descendit de la banquette pour payer l’octroi, puis dirigea la voiture sous l’étroite porte vers la place du marché.
    Alors qu’ils n’avaient rencontré personne en chemin, il régnait ici une vive animation. Cela sentait le terroir.
    Des cochons, des moutons et des poules se partageaient l’étroitesse de la place qui se réduisait à une rue en forme d’entonnoir où stationnaient des carrioles attelées à des bœufs. Les marchands s’affairaient à démonter leurs étals entre lesquels des enfants jouaient poursuivis par leur mère. De-ci de-là, des groupes de servantes en grande conversation échangeaient les derniers potins. Quelques mendiants se faufilaient en tendant la main. Les reliefs du jour jonchaient, épars, le pavé maculé de bouses de vache et de crottes de cochon ou de mouton. Afra se boucha le nez.
    Avant d’atteindre la partie la plus étroite de la place, qui se refermait sur une vieille église, ils virent sur la gauche la petite auberge Zur Sonne au fronton découpé, avec son enseigne en étain suspendue à une patère en fer forgé figurant un soleil.
    L’attelage se fraya prudemment un passage sous le porche en ogive surmonté d’une tête de sanglier, que l’aubergiste avait certainement abattu dans les forêts avoisinantes – trophée que l’on voyait assez fréquemment dans les parages.
    Ils arrivaient tard. Alpert rentra son attelage dans la cour intérieure, déjà fortement encombrée par de nombreux attelages stationnant entre la porcherie et le poulailler. Deux palefreniers donnaient à manger aux bêtes.
    Lorsqu’Alpert annonça quatre nouveaux clients pour la nuit, l’aubergiste aux piètres talents de comédien se frappa la tête avec les mains.
    À défaut de pouvoir les coucher, il pouvait les restaurer. À moins qu’ils se contentent d’une paillasse dans l’entrée…
    Ulrich s’approcha alors de l’aubergiste et lui glissa discrètement une pièce dans la main :
    — Je suis sûr que tu trouveras une petite chambre pour ma femme et moi.
    L’aubergiste jeta un œil sur la pièce et acquiesça en s’inclinant respectueusement :
    — Mais certainement, noble seigneur, certainement !
    Afra avait été heureuse d’entendre Ulrich parler d’elle comme de sa femme. Elle n’aurait jamais imaginé qu’il la considère un jour comme telle. « Une petite chambre pour ma femme et moi », venait-il de dire, comme si cela allait de soi. Elle eut envie de le serrer amoureusement dans ses bras.
    L’aubergiste leur trouva évidemment une belle chambre avec un lit si haut qu’il fallait un petit marchepied pour y monter.
    Il était surmonté d’un baldaquin en bois servant plus de décoration que de protection contre les insectes importuns qui tombaient la nuit du plafond. Le matelas n’était pas bourré de paille sèche mais de foin moelleux.
    — Sauf erreur de ma part, l’aubergiste nous a donné sa propre chambre, remarqua Ulrich en souriant.
    — C’est exactement ce que je me suis dit en entrant, renchérit Afra. q uoi qu’il en soit, je n’ai jamais été logée aussi agréablement.
    Dans la salle de l’auberge en bas, toutes les tables étaient occupées, mis à part une petite table en longueur coincée entre deux murs.
    Lorsqu’Afra et Ulrich pénétrèrent dans la salle, les conversations se turent et tous les regards se posèrent sur Afra, l’unique femme de cette assemblée. Elle ne s’en soucia guère, étant habituée à ce genre de réactions depuis qu’elle avait travaillé à la cantine d’Ulm.
    — Installez-vous ici ! leur lança un marchand d’objets liturgiques au regard pieux, en glissant sur le banc pour leur faire de la place. c ela vous évitera d’être sollicités par ces marchands de camelote.
    Un dominicain, à l’extrémité droite de la table, appelé pour exorciser une nonne en lévitation, fit une moue indignée. Un médecin itinérant originaire de Xanten, assis à l’autre bout de la table, lança sur un ton irrité sans regarder Afra :
    — Je ne vois pas quel commerce je pourrais faire avec cette femme !
    — Exact ! renchérit le dominicain, qui ne voulait divulguer ni

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